Il sentit leurs corps s'envoler

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« Réveille-toi »

À une heure matinale, dans les bas quartiers d'une ville peuplée d'habitants encore assoupis, titubaient deux adolescents ivres. L'une chancelante et l'autre identique s'il ne mit pas tous les efforts du monde pour marcher droit. Les lampadaires grésillaient juste au-dessus de leurs têtes tout comme s'ils s'étaient mis sur cette même longueur d'onde instable que la leur. Ils passaient d'une expression à une autre, des pleurs aux rires, du rire à la colère, d'un état d'euphorie totale à un état maladif critique,...

Et, après quelques pas en avant, la fille tomba au sol pour vomir le trop plein d'alcool. Le trop plein de sensations. Dieu qu'ils aimaient ça. Sentir leurs esprits confus afin d'oublier leurs emmerdes quotidiennes, de sortir de l'accoutumé toujours plus morne. C'était presque aussi exaltant que sauter du haut d'un pont. Le cœur tambourinant s'accompagnait d'une fièvre due à l'excitation, la vue floutée et la respiration saccadée renforçaient d'une part leurs tremblements mais d'autre part la sensation d'assèchement dans leurs gorges. Tout y était en ignorant le goût acide qui leur restait au fond de la bouche... Pourtant peut-être dans l'ignorance, ils ne semblaient pas savoir que leurs êtres n'étaient plus que deux silhouettes bancales. Le jeune homme anormalement joviale s'approcha avec légèreté de son acolyte dont le visage était rosi on ne sait plus par l'alcool que par l'air frais du matin puis il la soutint par l'épaule pour la relever.

-Dis, ça t'réussit pas les cuites, t'es plus moche que d'habitude. se moqua-t-il en frottant d'un geste tendre le haut de sa tignasse blonde ondulée.

-Tu crois que ça réussit quelqu'un peut-être, patate ? Toi t'es juste pas humain...

-Je t'avais bien dit que j'tenais l'alcool !

-Tu m'as juste laissé boire seule,... Galant comme tu es.

Il riait doucement alors qu'elle levait la tête pour le sonder aussi bien que sa vue lui permettait dans ledit miroir de l'âme.

-...Je te déteste Lou... finit-elle par déclarer, la conscience dans le coton.

Lou eut un joli sourire qu'il dissimula bien entendu derrière sa main libre.

-Je sais...

Ils se remirent à marcher en silence, bras dessus, bras dessous.

-...Je crois que je sais pourquoi je t'ai toujours détesté... elle s'observa de haut en bas devant la vitrine d'un magasin. Tu sais pourquoi ?...

-Non et j'm'en tape sincèrement le coquillard.

-Tu m'as toujours regardé de haut,...

Elle posa une main sur sa poitrine, lorgnant sa poitrine de désespoir et soupira alors que le garçon la regardait faire, hilare.

-Tu sais très bien que ça m'vexe... C'est vraiment pas sympa...

Il rit aux éclats.

-Franchement, c'est impossible de te regarder autrement!

La jeune fille siffla de dédain du haut de son petit mètre cinquante-cinq tandis qu'il continuait de s'esclaffer. Subitement, un air malicieux naquit sur son visage... Les fossettes creusées dans les coins de ses lèvres lui donnaient un air innocent et attendrissant et dans le fond, il espérait que ce soit simplement sa présence qui lui allégeait le cœur aussi bien que l'esprit.

-J'vais te,... Confier un secret ! dit-elle en s'approchant avec difficultés de lui.

La blondinette entoura ses lèvres de ses mains pour former un tunnel à secret et le colla à l'oreille de son ami, se mettant sur la pointe des pieds...Il la laissa faire, intrigué.

Pour les beaux yeux de LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant