Chapitre 6

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Les yeux fermés, je me retournai une nouvelle fois dans mon lit

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Les yeux fermés, je me retournai une nouvelle fois dans mon lit. Qu'importe mes efforts, je n'étais pas parvenue à trouver le sommeil. Les rares moments où j'avais sombré s'étaient révélés bien trop courts pour être reposant.

Chacun de mes muscles me faisait souffrir. Mon corps, douloureux de la tête aux pieds, avait du mal à récupérer de ma transformation presque violente. Avoir perdu le contrôle m'avait rappelé un peu trop vivacement qui j'étais, et j'aurais préféré éviter que ça arrive.

Les dernières vacances que le manoir avait octroyées à ses élèves remontaient à près de huit mois. Depuis mon retour à Portland, je n'avais réussi à m'esquiver que deux fois en direction de la mer, et ça n'avait pas été sans risques.

Ces nuits solitaires avaient fait partie des meilleures de ma vie, notamment à cause du manque atroce qui me vrillait les entrailles à chaque instant. La douleur aigüe avait fini par devenir habituelle, comme si elle n'était qu'une part indissociable de mon être.

Elle ne disparaissait lorsque je m'immergeais totalement. Ça ressemblait à la maison sans réellement l'être, l'eau pas assez froide, le sable pas assez fin. Il y avait toujours quelque chose qui clochait

Pour la énième fois, je pliai et dépliai les jambes, tentant de trouver une position un peu plus confortable. Makan m'avait laissé une semaine entière de libre. C'était totalement inédit ; les sentinelles ne levaient jamais le pied en dehors des périodes où les élèves pouvaient rentrer chez eux.

C'était une opportunité incroyable, une chose inouïe dont j'aurais dû profiter. Dès l'instant où mes yeux s'étaient fermés après leurs départs, j'avais commencé à m'imaginer de retour à la maison, dans la colonie où j'avais grandi.

Cette faiblesse était une des raisons pour lesquelles je m'imposais un contrôle de fer. A chaque fois que je plongeais, le manque me reprenait, toujours plus agressif, toujours plus violent. Il effritait chaque jour un peu plus la maîtrise que j'avais sur mes capacités, grignotait mon humanité et me réduisait à l'état de bête sauvage.

Toute mon année reposait sur le contrôle que j'avais de moi-même, ce n'était pas le moment de craquer. D'ici deux mois, plus ou moins, je pourrais en avoir fini avec cet enfer, je pourrais quitter définitivement les États-Unis pour retourner nager en Australie.

Un gémissement déchira ma gorge lorsque mes hanches frottèrent contre le drap rêche. La poigne que Bane m'avait imposée pour me sortir du lac avait laissé des marques profondes et douloureuses sur mon épiderme. Chacune d'entre elles me rappelait la déception qui s'était peinte sur son visage juste avant qu'il s'en aille.

Oui, je l'avais blessé, mais il m'en demandait beaucoup trop.

Bane avait été mon instructeur depuis mon arrivée au manoir. On avait passé des années ensemble, suffisamment pour que j'apprenne à le connaître et que je flanche, mon cœur trop faible pour refuser de l'aimer.

[1] The Mermaid SinksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant