Chapitre 5

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Je sentis Bane se redresser derrière moi avant qu'il ne quitte ma baignoire avec un doux bruit d'eau glissant sur la chair

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Je sentis Bane se redresser derrière moi avant qu'il ne quitte ma baignoire avec un doux bruit d'eau glissant sur la chair. La main de Makan s'attarda encore un instant sur mes écailles avant qu'il ne se lève lui aussi et quitte la pièce.

Le silence me parut assourdissant, bien plus qu'un cri. Je n'aimais pas prendre des bains. L'eau avait beau être mon élément, je ne supportais pas les espaces confinés qui m'empêchaient de m'immerger complètement.

Rien ne parvenait à surpasser ce mal-être, pas même les meilleurs sels de bains du monde. Ce n'était juste pas confortable, pas adapté à une sirène dont l'envergure dépassait largement celle du plus grand des humains.

C'était sans parler de mes nageoires à proprement parler. Elles s'affinaient tant que la dureté de la baignoire sous moi pourrait suffire pour qu'elle se déchirent. La précaution que le moindre mouvement me demandait m'empêchait de pouvoir profiter d'un bain.

Avec un soupir, je pris appui sur les rebords de pierre pour m'extraire à regret des bienfaits du sel. Inconfortable ou non, ça restait bien mieux que de l'eau claire ou, pire, calcaire. Mes mouvements maladroits ne m'aidèrent pas.

J'étais gauche une fois sortie de l'eau ; la gravité n'était absolument pas comparable sous la surface. Là, je sentais nettement le poids de ma queue, les muscles puissants et épais qui la composaient bien trop lourds pour que je parvienne à maneoeuvrer aisément.

Tant bien que mal, je parvins à m'asseoir sur un coin de la baignoire. Toutes mes forces et un juron étranglé plus tard, mes écailles claquèrent sur le sol, envoyant des gouttelettes voler dans tous les sens.

Je dus serrer les dents à l'impact pour ne pas hurler tant ça faisait mal. L'air de la salle de bain n'était pas totalement sec, mais c'était suffisant pour que j'ai l'impression de me dessécher à chaque inspiration.

Les épaules voutées, la peau couverte de sueurs froides et les doigts crispés sur le quartz, je fixai ma queue, une moue boudeuse aux lèvres. Mes écailles avaient encore perdu de leurs couleurs. Elles étaient désormais ternes, beaucoup plus claires et presque sans vie.

Elles semblaient aussi mortes que je l'étais de l'intérieur.

— Merde ! murmurai-je.

Si je continuais comme ça, je risquais d'y passer !

Avec une brusque inspiration, je forçai mon corps à reprendre une apparence humaine. La transformation me coûta beaucoup, beaucoup plus qu'elle ne l'aurait dû. Chaque surnaturel était capable de changer aisément de nature à volonté, sans effort ni contrainte.

Ce n'était plus mon cas, plus depuis que j'avais forcé l'être que j'étais au silence pendant des mois. Plus le temps passait, et plus mes pouvoirs s'amenuisaient. Je tendais de plus en plus vers l'humain véritable et cela me faisait peur. Je ne voulais pas tout ça, mon séjour en Amérique n'était pas censé me causer de telles lésions.

[1] The Mermaid SinksOù les histoires vivent. Découvrez maintenant