« Guillaume ! »
Guillaume se retourna vers Aurélien qui avait crié en sa direction. Il vit son visage paniqué avant de sentir des mains le pousser violemment et il tomba par terre, après avoir entendu un cri et des bruits de roues dérapant sur le goudron. Son crâne le lançait, il passa une main dans ses cheveux essayant de reprendre ses esprits. Sa tête avait cogné violemment le sol lorsqu'il était tombé. Il était en train de s'engueuler avec un mec rencontré dans la boîte. Il lui avait crié de venir se battre avec lui s'il en avait les couilles sur le parking de la boîte et le mec l'avait suivi sans problème. Il était déjà bien bourré et le monde tournait autour de lui. Il n'avait qu'une envie : se battre. Sentir ses poings s'abattre sur quelqu'un, évacuer la rage qu'il avait en lui et que l'alcool n'arrivait pas à apaiser. Il avait entendu Aurélien le suivre en le suppliant d'arrêter, de se calmer, mais ça n'avait rien changé. Il ne savait même plus pourquoi il voulait se battre contre ce type.
Il se redressa difficilement alors qu'il sentait son cerveau vriller dans sa boîte crânienne et le sang battre dans ses tempes. Il regarda d'un air hagard autour de lui pour voir où était Aurélien et son coeur s'arrêta dans sa poitrine lorsqu'il l'aperçut. Ce dernier était allongé sur le ventre sur le goudron, là où il avait été seulement quelques secondes auparavant, le visage ensanglanté et immobile sur les graviers. Le type avec qui il s'était engueulé le regarda d'un air terrifié, les yeux écarquillés, et une voiture dérapa sur le parking, partant sans demander son reste.
Le type le regarda, la gorge sèche, et balbutia :
« J'y suis pour rien, moi... »
Puis il s'enfuit en courant, en direction de la route.
Il se releva difficilement et se précipita vers son ami :
« Orel ! »
Il n'osait pas le toucher et soudain il sentit ses larmes couler librement sur ses joues en le voyant rester inconscient.
« Orel, réveille-toi ! Réponds-moi ! »
Il agrippa ses épaules et commença à le secouer, cette fois complètement paniqué. Il entendit soudain la voix d'Ablaye dans son dos et des bruits de course :
« Gringe ! »
Il ne prit même pas la peine de se retourner et prit le corps sans vie de son ami dans ses bras. Il plongea son visage dans ses cheveux ensanglantés et il entendit Skread pousser un cri de stupeur et s'agenouiller précipitamment à ses côtés.
« Gringe ! Qu'est-ce qui s'est passé !? »
Skread approcha une main pour toucher le visage d'Aurélien, mais il l'en empêcha en se reculant brusquement.
« Ne le touche pas, Skread ! cria-t-il à son ami en le regardant avec des yeux exorbités. Ne le touche pas... »
Son ami rétracta sa main et le regarda d'un air confus. Le visage baigné de larmes, il se tourna de nouveau vers Aurélien et replongea sa tête dans ses cheveux. Il sentait son odeur de citron mélangé à l'odeur du sang frais et, soudain, il sentit la main de Skread sur son épaule avant que celui-ci ne se relève. Il l'entendit échanger quelques mots avec Ablaye et bientôt ce fut ce dernier qui posa sa main sur son dos pour le calmer.
« Tout va bien se passer, Gringe. Skread appelle les urgences là. Les ambulanciers vont bientôt arriver et vont s'occuper d'Orel. Tout ira bien, tu verras. »
Il eut l'impression au son de sa voix qu'il essayait autant de se rassurer lui-même que de le rassurer lui, essayant de se convaincre que tout irait bien une fois Aurélien dans les mains des professionnels. Il serra plus fort le corps du plus jeune contre lui à ça et lâcha un râle de douleur. Tout était de sa faute.