Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis et Guillaume sentait sa tête commencer à lui tourner. Il avait beaucoup bu et depuis que Claude était arrivé, les choses n'avaient fait qu'empirer. Claude était arrivé déjà bien éméché comme à son habitude et il avait accepté le shot qu'il lui avait mis dans les mains. Claude lui prit soudain le bras pour attirer son attention :
« Gringe, mate la paire de eins. »
Il se tourna dans la direction montrée par Claude et se mit à rire.
« Putain, les obus. Elle est bonne, ouais.
— Je te parie deux shots que t'arrives pas à chopper son numéro, dit Claude en haussant les sourcils, d'un regard conspirateur.
— Tu vas voir ça mon pote, dit-il en se levant. Personne ne peut me résister. Et encore moins les bonnes meufs. »
Claude rit bruyamment à ça et il s'éloigna en direction de la jeune femme blonde. Il s'assit à ses côtés au bar et commença à lui parler. La jeune femme, d'abord réticente à lui parler, lui répondit bientôt de plus en plus librement, tombant lentement sous son charme. Guillaume sourit. Il avait toujours su y faire avec les femmes. Il avait du charisme et du bagout. Il savait leur retourner le cerveau en trois phrases bien choisies.
À un moment donné, la jeune femme posa la main sur son avant-bras et il haussa les sourcils de surprise. Ça ne lui faisait absolument aucun effet. Ce geste, pas si innocent, lui indiquait qu'elle était ouverte à plus de choses à présent. Son coeur battit plus fort dans sa poitrine au contact et il pensa à Aurélien. Il se retourna vers la table où ses amis étaient en train de discuter et il croisa son regard. Le plus jeune avait un air triste et il lui sembla qu'il était un peu énervé de même. Claude se pencha vers Aurélien pour lui glisser un mot à l'oreille et celui-ci lui répondit d'une façon qui lui semblait, en tout cas de là où il était, assez sèche. Il sentit la femme à ses côtés poser sa main sur sa cuisse et il sursauta en sentant le contact. C'était beaucoup trop intime et il en avait pas envie en fin de compte. Ça ne servait à rien de faire semblant d'aimer ça. Elle remonta lentement sa main vers son entrejambe et il attrapa sa main brusquement:
« Arrête ça de suite !
— C'est pas de ça que t'as envie ? demanda-t-elle innocemment en essayant de se dégager de son emprise pour le toucher de nouveau.
— Non, j'en ai rien à foutre. » dit-il sèchement en se levant pour retourner à la table avec ses amis, près d'Aurélien.
En se retournant, il s'aperçut que celui-ci avait disparu et il fronça les sourcils en s'approchant de Claude.
« Il est où Orel ?
— J'sais pas, il s'est énervé quand je lui ai demandé pourquoi il te regardait bizarrement et il m'a traité de con avant de se casser.
— Il est parti !?
— Ouais, il est rentré chez vous je suppose...
— Putain... jura-t-il en tapant du poing sur la table.
— C'est quoi son problème à notre p'tit gars ? Pourquoi il est autant vénère ? J'l'avais jamais vu comme ça, avant.
— J'en sais rien Claude, j'en sais rien, soupira-t-il. J'ai l'impression qu'il se renferme sur lui-même.
— Comment ça ? demanda Claude, soudain sérieux.
— Ben tu sais, à l'hôpital... On s'est vachement rapprochés. J'ai comme qui dirait... arrêté de me voiler la face et de construire cette barrière entre nous deux. Je l'ai laissé m'approcher, il en avait besoin et j'aimais ça, être aussi proche de quelqu'un... arrêter de me prendre la tête sur le fait de si j'avais le droit ou pas de ressentir certaines choses... Mais dernièrement, je me suis dit que c'était... pas normal... malsain... cette relation qu'on avait instauré entre nous. Et j'ai essayé de remettre de la distance entre nous... mais je sais pas, j'ai l'impression qu'il y a un truc qu'il me dit pas, qu'il m'en veut pour quelque chose... Des fois, c'est... plus fort que moi et je le touche... enfin j'arrête de me retenir de tout pour lui montrer mon affection et... je sais pas... il s'éloigne comme s'il m'en voulait de quelque chose. Je suis perdu... avoua-t-il.
— Ah ouais... ben faut que tu lui parles mon pote, répondit seulement Claude, un petit sourire au coin des lèvres. Y a pas d'autre moyen de savoir son problème.
— Je sais... soupira-t-il. Mais j'ai peur qu'il me rejette ou me dise qu'il n'en peut plus de moi et de mes réactions cheloues...
— Mais non. Vas-y, va le voir.
— Maintenant ?
— Ouais, bouge. J'veux plus t'voir ici, allez. »
Il regarda Claude d'un air hésitant avant de soupirer et de faire un signe de la main à ses amis qui s'étaient retournés vers eux pendant leur conversation. Il sortit du bar en se demandant comment il allait pouvoir démarrer cette discussion avec Aurélien sans se faire cramer.