Cette nuit, ils dormirent pour la première fois ensemble, serrés l'un contre l'autre, en cuillère, le dos d'Aurélien contre le torse de Guillaume. Aurélien se réveilla en sentant Guillaume s'agiter contre lui et se redressa sur le lit juste à temps pour le voir se réveiller soudainement. Sa respiration était laborieuse et il sentit soudain une main se voulant réconfortante se poser sur son épaule. Il se tourna alors vers Aurélien, le regardant d'un air inquiet, et se leva précipitamment, cherchant à s'enfuir, après avoir dit dans un sanglot :
« C'est de ma faute. »
Il ne put aller bien loin, car il sentit bientôt une pression sur son poignet et entendit Aurélien crier :
« Non ! »
Aurélien se colla à lui, entourant sa taille de ses bras, et enfouissant sa tête dans son dos, comme à l'hôpital lorsqu'il l'avait rejeté.
« Je ne peux pas te laisser t'enfuir de nouveau, Gringe... il l'entendit murmurer contre sa peau nue et il se retourna doucement pour le regarder.
— Orel...
— Qu'est-ce qui est de ta faute, Gringe ? lui demanda ce dernier en passant une main dans ses cheveux.
— Tout est de ma faute, Orel... murmura-t-il de nouveau.
— Et c'est quoi, tout ? Explique-moi, s'il-te-plaît.
— L'accident. Ton coma. Tout, j'te dit.
— En quoi ça pourrait être de ta faute ? demanda Aurélien en fronçant les sourcils.
— Si je n'avais pas voulu me battre avec ce mec... Je lui ai dit de me retrouver dehors pour le défoncer et je t'ai pas écouté quand tu m'as dit de me calmer, commença-t-il à expliquer. Tu nous as suivi dehors et puis je t'ai entendu crier mon prénom avant de me pousser violemment au sol. Y avait une voiture qui nous a foncé dessus et tu t'es mis à ma place pour me protéger. Orel, t'as pas pu l'éviter et elle t'a renversé. C'est donc de ma faute si tu t'es fait renversé par cette bagnole. »
Aurélien resta silencieux un instant, semblant réfléchir à ce qu'il venait de dire avant de sourire doucement.
« Mais t'es con ou quoi ?
— Pardon ? demanda-t-il, confus.
— C'est en aucun cas de ta faute si je t'ai sauté dessus pour te pousser du chemin de cet abruti. Faut que t'arrêtes de culpabiliser pour des conneries de ce genre. J'avais pas envie qu'un connard écrase mon meilleur ami, c'est normal. Et puis, tu m'en dois une maintenant, hein ? rit le plus jeune en lui faisant un clin d'œil.
— Mais...
— Plus sérieusement, Gringe... c'est pas de ta faute. Et ce qui est arrivé est arrivé. Ça appartient au passé, maintenant. De plus... sans cet accident... tu m'aurais jamais avoué que tu étais raide dingue de moi.
— T'es sérieux ? rit-il. C'est toi j'te rappelles qui me l'as avoué en premier.
— Ah, c'est vrai. Je porte plus mes couilles que toi alors finalement, rit Aurélien. Mais jamais j'aurais pu te le dire si je n'avais pas découvert cette partie de toi que tu m'as laissé découvrir à l'hôpital.
— Tu crois qu'on aurait été assez cons pour ne jamais s'en rendre compte sinon ?
— J'en suis presque certain. On est peut-être pas cons, mais aveugles oui.
— Orel, si tu savais à quel point je t'aime, soupira-t-il avant de le serrer contre lui en entourant sa taille de ses bras et de l'embrasser.
— Pareil Gringe, pareil. » chuchota le plus jeune contre ses lèvres.
Ils se rallongèrent dans le lit, dans leur position initiale, et Guillaume remercia secrètement les cieux d'avoir fait en sorte qu'Aurélien ne l'ait pas laissé s'enfuir. Il se dit qu'il essaierait toujours de privilégier le dialogue à la fuite à l'avenir. Il blottit son visage dans ses cheveux et s'endormit, apaisé, un énorme poids en moins sur ses épaules et sur sa conscience.