Partie 1

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Nicolas ne savait vraiment pas laquelle choisir. Il était planté là, comme un piquet devant le bijoutier, depuis pratiquement dix minutes. Il réfléchit un instant. En fin de compte, pourquoi voulait-il offrir une bague à Rose ? Il savait que c'était au-dessus de ses moyens et qu'il ne pouvait pas la payer. Il avait trente euros tout au plus dans son porte-monnaie et la bague en valait dix fois plus. C'était une bague en argent, ornée d'un rubis éclatant. Ne serait-elle pas aussi contente s'il lui rapportait une boîte de chocolats ? Mais il hésita de nouveau : quand même, ce n'est pas tous les jours qu'une femme a vingt-cinq ans...

« Avez-vous fait votre choix Monsieur ? ». La voix du bijoutier sortit Nicolas de ses pensées. Ce dernier commençait sérieusement à s'impatienter.

« Et bien... je pense que... j'ai encore besoin de réfléchir », répondit-il d'une voix mal assurée.

Il remercia le bijoutier et sortit de la boutique, les mains vides et les bras ballants. Evidemment, il pleuvait et évidemment, Nicolas n'avait pas pris son parapluie. Il courut jusqu'à sa voiture. Une fois à l'intérieur, il secoua ses cheveux mouillés avant de démarrer. Sur la route, il se mit à penser à Rose et ne put s'empêcher de sourire. S'il y a bien une chose que Nicolas aimait dans la vie, c'était sa Rose. Elle était son rayon de soleil. Il la trouvait parfaite avec ses vêtements extravagants et ses cheveux roux flamboyants ; on aurait dit qu'elle venait d'une autre planète et c'est ça qui l'avait séduit la première fois qu'il l'avait vue. D'ailleurs, Nicolas s'était toujours demandé ce qu'elle faisait avec un homme comme lui, un homme aussi banal. Il n'avait rien de particulier. Il était grand, brun, travaillait comme vendeur dans une librairie et était loin d'être riche.

Quand il fut arrivé devant l'immeuble, il se hâta de sortir de la voiture, de monter les escaliers mais une fois devant la porte de l'appartement, il fut surpris d'entendre de la musique classique derrière la porte. Il fronça les sourcils pendant une seconde puis ouvrit la porte. Il n'eut même pas le temps de franchir le seuil que Rose lui sautait déjà au cou. Il la serra contre lui. Son visage et ses mains étaient couverts de peinture.

« Toi, tu as encore fait de la peinture toute la journée, je me trompe ? demanda-il avec un grand sourire. Elle acquiesça puis sautilla d'un air enjoué jusqu'au salon. Elle attrapa une toile qui était posée au sol et la montra fièrement à Nicolas. C'était sa dernière œuvre. Nicolas pencha la tête à droite puis à gauche, essayant de comprendre ce que cette multitude de couleurs vives pouvait bien représenter. Les tableaux de Rose étaient souvent abstraits et très colorés. Son travail était original, à son image et Rose s'investissait beaucoup. Nicolas était désolé pourtant, de voir qu'aucune des galeries, des centres culturels ou des musées d'art contemporain qu'elle avait contactés n'avait accepté de l'exposer.

« C'est très joli ma chérie, dit-il gentiment.

- Vraiment ? Ça te plait ? Dans ce cas, nous pourrions l'accrocher ici. Qu'en dis-tu ? » S'écria-t-elle en pointant du doigt un des seuls murs où il restait encore un peu de place. Les autres murs étaient déjà couverts d'anciennes toiles peintes par la jeune femme.

Une fois que le tableau fut accroché, Rose se mit à danser au son mélodieux de la musique qui résonnait dans tout l'appartement. Nicolas la voyait tournoyer avec sa robe vintage rouge à pois blancs, ses collants jaunes et noirs rayés et son foulard vert pastel. Avec ses cheveux d'un roux vif qui tournoyaient autour d'elle, on aurait dit un arc-en-ciel à elle toute seule. Nicolas l'admirait et ne pouvait s'empêcher de rire amoureusement quand il la voyait virevolter ainsi. Il se demandait souvent où elle trouvait une telle joie de vivre avec le passé qu'elle avait. Rose, en effet, avait eu une enfance assez triste. Son père s'était suicidé alors qu'elle n'avait que deux ans et sa mère qui la frappait de temps à autre, avait été internée dans un hôpital psychiatrique quelques années après le décès de son mari. On avait alors mis Rose dans un foyer où elle passa le reste de son enfance. Malgré cela, Rose était tout le temps heureuse, du moins elle le semblait, et l'amour que Nicolas lui portait grandissait de jour en jour.

Quand le réveil sonna le lendemain matin, Nicolas mit du temps à se lever. La perspective d'aller travailler ne l'enchantait guère. Il s'ennuyait au travail et il aurait préféré passer toute la journée avec Rose car ce n'était pas n'importe quelle journée aujourd'hui, c'était son anniversaire.

La journée lui parut interminable. Quand à dix-sept heures, il sortit enfin de la librairie, il marcha en direction de la bijouterie où il avait passé plus d'une heure la dernière fois. Il s'était enfin décidé : il lui offrirait une bague plus simple et moins chère, quoique très jolie, qu'il avait repérée. Il rentra à l'appartement en toute hâte, la bague dans la poche. Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la porte, il baissa la tête et vit une mystérieuse enveloppe sur le paillasson. Il fronça les sourcils et la ramassa. Pris d'un étrange malaise, il hésita quelques secondes avant de l'ouvrir.

Voici la partie 1 de ma première publication, j'ai écris cette fiction il y a déjà un petit bout de temps déjà, je la publie enfin. Bonne lecture pour la suite 😉

🎵 Sunnyland - Mayday Parade

Rose.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant