Depuis un campement reculé des Terres sauvages, se terraient une tribu d'Orks au nom qui faisait trembler les plus grands guerriers de la région. Ils se faisaient appeler « Lé Krazors », et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne font jamais rien dans la dentelle.Un Gobelin chétif du nom de Spllyf avança depuis le chemin boueux de la forêt, avec sur lui le strict nécessaire pour tuer et avoir l'air d'un combattant à peu près valable, c'est-à-dire une vieille cuirasse, des bottes en cuir mouillées et une lance qui servait surtout à tuer des scarabées.
Enfin bon il avança derechef jusqu'à un campement orné de pics en bois hauts comme une chaumière et peins de toutes sortes de rouge, mais il savait pertinemment que c'était du sang qui coagulait depuis des semaines.
Car avant de s'implanter ici, la tribu des Krazors c'était déjà fait connaître dans les montagnes de l'Elywink, à l'Ouest, mais ils se lassèrent très vite de tuer des Nains et des Trolls des cavernes, alors ils décidèrent d'attaquer les pauvres hameaux des humains, dans le simple but de tuer le plus possible.
L'entrée de ce camp était gardée par deux Orks plus ou moins endormies et Spllyf garda son sang-froid, malgré les mauvaises nouvelles qu'il devait apporter au patron.
- Lut lé Gars ! Lança Spllyf à ses camarades de plus haute et effrayante stature. Mais il n'eut comme unique réponse qu'un grognement bestial qui lui indiquait habilement « d'aller s'faire foutre ». Alors il continua sa route, cette fois-ci la goutte de sueur au font.
Sur le chemin tracé du camp, il pouvait voir les huttes primitives construites par son peuple qui tenaient par un procédé miraculeux, malgré la mocheté des lieux, et surtout l'odeur d'excrément qui flottait partout, mais cela n'affectait nullement notre Gobelin. Car voyez-vous, les peaux-vertes ont cela de spécial qu'ils ne creusent jamais de latrines et n'érigent aucune forteresse, à moins d'en occuper une par la force des armes et de la transformer en un repère aussi sale que remuant. Mais ici, il s'agissait d'un campement de fortune qui servait de relai pour tous les autres Orks ou Gobelins voulants grossir les rangs de la tribu des Krazors, qui commençait à former une bonne troupe de guerre.
On pouvait également entendre les rugissements des Orks à même le camp, car ces derniers, n'ayant pas un esprit développé, se contentent, en dehors des batailles, de se taper entre eux afin de prouver leur force auprès des autres guerriers de la tribu, c'est pour cela que de nombreux rings ont été érigés à l'aide de barrières et d'os.
Mais l'on ne s'attarde pas sur les congénères de notre chère Spllyf. Car les Gobelins, malgré leur taille aussi élevée qu'un Semi-Homme, arrivent tant bien que mal à se forger une place au sein de cette société brutale, qui n'accepte que les plus forts. Car les Gobelins ont un esprit vif, et leur ingéniosité prime sur le côté bestial de leurs cousins les Orks, mais ils sont néanmoins les laquais des plus grands et les haïssent autant qu'ils haïssent les autres peuples.
Pour le moment, Spllyf resta dans ses pensées jusqu'à se cogner accidentellement la tête contre le genou d'un Ork massif qui gardait la tente du patron.
Ce fut embarrassant car le Gobelin titubait et venait d'avoir une bosse en plein milieu du crâne, et l'Ork resta stoïque comme un chêne, tant sa stature était imposante, il avait également un regard qui se perdait dans le vide, ses dents pointues sortaient de sa mâchoire lui donnant un air débile, mais plus encore que tous les Orks du camp, tant son visage était vage.
- Tu veu koua l'Gob ? Lui demanda lentement l'Ork, qui remettait sa hache correctement sur l'épaule, en la remuant et en faisant craquer ses muscles, aussi épais et dur qu'une armure d'acier.
- J'veu rentré voir l'patron ! J'doi lui kauzé !
L'ork laissa passer le Gobelin en s'écartant de l'entrée de la tente, qui laissait exposer au soleil trois cadavres humains encore en décomposition, avec leurs propres épées dans l'estomac.
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Chroniques d'Ogerland-La Compagnie Solitaire-
FantezieDurant des années, le chevalier solitaire a mené une vie combative et honorable, mais ce n'est pas pour cela qu'il doit rendre les armes... Le Royaume d'Ogerland est dans un âge d'obscurantisme, condamnant les faibles aux sentences des plus forts...