1 - Welcolme !

9.3K 588 52
                                    



Note à moi-même : « À poils ou à plumes, mais de marque, s'il vous plaît ! »

Sur un trottoir regorgeant de passants trop pressés, la tête renversée et les bras écartés, je tournoie. Avec un sourire béat, j'accélère pour que le sommet des buildings forme une ronde dans le ciel. Après quelques tours, la tête me tourne, j'en perds mon équilibre. Un fonctionnaire trop zélé va m'arrêter pour un contrôle d'alcoolémie. Pas grave, c'est magique.

Cette ville est incroyable ! C'est la première fois que je quitte l'Europe, alors que je ne me suis jamais beaucoup éloignée de ma ville natale, Paris. J'ai passé quelques courtes vacances dans des pays frontaliers, mais me qualifier de baroudeuse serait mensonger. Je me range plus dans la catégorie de ceux qui pensent que la sécurité et le confort priment sur l'excitation de la découverte. Une indécrottable citadine.

Pourtant, pour mon premier grand voyage sans surveillance parentale, j'ai opté pour les États-Unis. Oser partir si loin toute seule ne finit pas de m'impressionner. Moi, Fleur Massot, vingt-deux ans et fraîchement diplômée de l'École du Louvre, je suis à New York !

Cela étant dit, ces vacances ne se déroulent pas en mode « routard », puisqu'un vague et lointain cousin de mon père m'accueille. Si vague, que je ne l'avais jamais rencontré, j'en avais uniquement entendu parler lors de quelques réunions de famille sous le nom du « cousin américain ». Depuis toute petite, je l'ai toujours imaginé à cheval, coiffé d'un Stetson et des colts à la ceinture. Cliché grotesque confirmé par mon père, vu qu'il demeure à New York. Je doute qu'il y ait des troupeaux de vaches et des hommes équipés d'éperons dans cette ville. Ou bien, s'il y en a, des hommes avec éperons, je garderai mes distances. Ils doivent pratiquer d'étranges activités, pas du tout à mon goût.

Pour ce voyage, mon père a tout arrangé avec le cousin Denis pour qu'avec sa femme, Pamela, ils m'hébergent pendant mon séjour. De quoi rassurer tout le monde, moi comprise, pétocharde comme je suis.

Je suis arrivée il y a trois jours et n'ai malheureusement pas pu visiter avant aujourd'hui. Le début de mon séjour a été un peu chaotique, et cela dès le débarquement à l'aéroport. Pour le plaisir, faisons un bond en arrière afin que je vous narre mon périple jusqu'à ma venue sur ce trottoir, cela nous permettra de faire plus ample connaissance.

Donc, une fois mes bagages récupérés et la douane passée, j'attends mes cousins. Longtemps. Très longtemps. Sept heures pour être précise. Bien entendu, je ne reste pas comme une quiche au milieu du hall des arrivées sans réagir. Mon père m'a confié un papier préparé avec soin, mentionnant notamment leurs coordonnées téléphoniques. Le sésame en main, je compose les numéros un par un, à plusieurs reprises, avec un résultat identique à chaque fois : leur voix sur répondeur qui me salue joyeusement. Horripilant. À la troisième tournée d'appels, je laisse un message sur chaque boîte. Sans qu'aucun ne me rappelle.

Je le confesse, la panique pointe le bout de son nez au bout de quatre heures. En traînant mes bagages, je pars me renseigner sur les hôtels dans mon budget. Sachez qu'ils sont rares. Et complets, aussi. En somme, on dirait bien que je vais passer ma première nuit à même le sol du hall de l'aéroport, rutilant, mais quand même. Fort heureusement, je suis sauvée par le gong, ou plutôt la sonnerie de mon téléphone. Mon cousin m'avait oubliée et ce n'est qu'une fois son parcours de golf terminé qu'il a consulté ses messages. Après s'être platement excusé, il me demande de... l'attendre, car pas en mesure de venir dans l'instant. Tellement rassurée de le savoir en vie et n'étant plus à vingt minutes près, je lui confirme que je patiente sagement. Satisfait, il me donne rendez-vous pour dans trois heures. Ah oui, quand même !

Frissons d'Enfer (Disponible en édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant