Note à moi-même : « L'honnêteté paie. Toujours.»
Après une randonnée d'au moins deux kilomètres dans les couloirs et escaliers sans croiser âme qui vive, nous arrivons sur un grand palier au deuxième étage, parcourons encore une vingtaine de mètres, puis pénétrons dans une pièce. Vous allez dire que j'exagère encore et je vous répondrais qu'à peine. Dans ma situation, même vingt mètres semblent interminables. Le pire est d'avoir Dante derrière moi, son hostilité me transperce par tous les pores. Je suis certaine qu'il le fait exprès de me coller à ce point.
Un regard à la pièce dont les murs sont recouverts d'étagères de livres. J'ose affirmer que c'est une bibliothèque. Oui, je fais preuve d'une perspicacité à toute épreuve, même les fesses à l'air. Aaron m'invite à m'asseoir sur le canapé au milieu de la pièce, et attrape un plaid posé sur un fauteuil pour me recouvrir les jambes.
Il se dirige ensuite vers un bureau devant les fenêtres pour décrocher le téléphone. Pendant ce temps, j'ai la désagréable impression d'être scrutée par-derrière. En tournant la tête, j'avise Dante, debout contre le mur, les bras croisés, qui me fixe avec une telle fureur, que je me détourne vivement avec l'impression de m'être brûlée les rétines.
Comment peuvent-ils être amis ? Outre la différence d'âge, ce type est le total opposé d'Aaron, si prévenant et qui se soucie vraiment de ma situation. Godzilla, lui, il s'en fiche royalement. Le plus incroyable, c'est qu'au moment où il m'a vue basculer, il n'a même pas bougé pour m'éviter la chute. Il est peut-être le chef de la sécurité, mais ce qui est certain, c'est qu'il ne se préoccupe pas de la mienne.
En attendant, je fais mine de m'intéresser aux livres face à moi, mais il ne doit pas me lâcher des yeux, sa colère me pique la nuque. Il a un problème ce type. Évidemment, il m'intimide bien trop pour que j'ose lui faire part de mes pensées, alors je me tais et attends Aaron qui est nettement mieux élevé.
Il repose enfin son téléphone en s'adressant à Dante.
— Tu peux nous laisser. Je pense que tu en as assez fait pour ce soir.
— Hors de question. Je ne te laisse pas seul avec cette fille qui sort d'on ne sait où et qui fouine partout !
Alors là ! Il commence sérieusement à me courir sur le haricot ! Je veux bien être souple, mais j'ai mes limites et il vient de franchir la ligne d'arrivée en vainqueur. J'ai de plus en plus envie de lui apprendre le respect à coups de pelle. Telle une chatte en colère tous poils hérissés, je bondis sur mes pieds avec l'intention de vider mon sac.
L'intention était la bonne, mais pas le résultat. La veste posée sur mes épaules ne suit pas le mouvement. Un petit air frais envahit soudainement mon dos. Deux fois dans la même soirée ! Mais attribuez-moi la médaille de la gourde indécente ! J'ai déjà la bouche grande ouverte, fin prête à lui crier dessus, mais aucun son ne peut franchir mes lèvres, et encore moins quand je sens le plaid glisser le long de mes jambes pour s'étaler à mes pieds. Quitte à faire les choses, il faut les faire bien et complètement, n'est-ce pas ?
Il faut croire que je n'avais pas atteint le summum de la honte et qu'il était nécessaire d'en rajouter une couche. Je ne compte plus le nombre d'occasions où j'ai envie de me gifler ce soir. Donc, adieu ma diatribe endiablée. Totalement ridicule, encore, autant la fermer. Il y a plus urgent que mon souhait d'écorcher Débile Premier avec les ongles, c'est de me couvrir, encore également. Il est dit que ce soir, je ferai tout plusieurs fois, pour que tous comprennent bien à qui ils ont affaire. Une dinde.
Dépitée, j'amorce un mouvement pour récupérer le plaid au sol, mais Aaron me devance. Après l'avoir ramassé, il l'enroule autour de moi, sans commenter.
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Frissons d'Enfer (Disponible en édition)
Romance« À quel moment ai-je perdu le contrôle de ma vie ? Quelle action ou quelle parole lui ont fait prendre la direction de l'enfer. » Quand un simple voyage et la découverte de l'amour font basculer toute une vie pour la transformer en cauchemar. Fle...