2. A BORD DU FELICITE.

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     Marcus fixa l'extérieur et contempla le vide, s'imaginant hors de la navette en totale apesanteur, libre, vidé de tout poids des épaules. Mais le passage d'une navette l'extirpa de ses pensées, le ramenant à la réalité.

     Jessica, quant à elle, était paniqué, les mains cramponnées à celles de Carl, les yeux fermés. Elle les ouvrit quelques secondes, probablement pour savoir si elle n'imaginait pas la situation, mais non. Elle était bien à bord d'une navette se déplaçant dans l'espace. Pendant qu'elle ouvrit les yeux, Andrew vu dans les yeux pleins d'inquiétude de sa mère qu'elle se disait surement qu'elle venait de faire la pire erreur de toute sa vie en montant dans cette navette. Elle avait le vertige, mais pendant des années à contempler les étoiles, elle en avait fini par oublier qu'aller dans l'espace commençait par un voyage de cent kilomètres de vide grandissant au fur et à mesure que l'on prenait de l'altitude.

     Elle lâcha les mains de Carl en constatant qu'il dormait puis s'agrippa aux accoudoirs de son siège, et serra encore plus ces derniers. La navette entra quelques minutes plus tard dans sa phase d'arrimage.

     Elle serrait de toutes ses forces malgré la douleur que les crampes lui faisaient subir à force d'être crispée.

     Cinquante mètres... Trente mètres... Dix mètres... Quelques légers chocs se firent sentirent, un bruit de vapeur s'en suivit et la navette se stabilisa pour de bon.

     Les enceintes grésillèrent de nouveau.

- Ici votre commandant de bord qui vous parle. Nous venons d'arrivés à destination et espérons que vous avez passé un agréable vol. Les portes s'ouvriront d'ici quelques minutes le temps que l'équipe du Félicité vérifie l'état de la navette pour que vous puissiez sortir en toute sécurité. Veuillez en attendant restez assis à vos places et restez attachés, merci et bon séjour à bord du Félicité.

     A ce moment, les passagers de la navette applaudirent en guise de remerciement et de félicitation pour le pilote.

- Tu as finalement bien tenu le choc maman, adressa Andrew à sa mère.

     Mais le stress des dernières heures fit s'évanouir Jessica avant même qu'elle ne puisse prendre la parole.

- Ah ! Je retire ce que j'ai dit, se corrigea Andrew en rigolant.

     Carl, qui avait rejoint Suzie dans le sommeil peu de temps après le décollage était avachi sur sa mère elle-même avachie sur lui. Marcus regardait la scène avec un sourire d'attendrissement, puis redirigea son regard vers le hublot. Il donnait une vue restreinte sur l'espace à moitié caché par l'immense structure du Félicité.

     Il n'avait pas beaucoup décroché son regard du hublot de tout le voyage, regardant de temps à autres les membres de sa famille pour s'assurer que tout allait bien.

     Pendant le vol il avait pu faire le vide dans sa tête, souffler un peu depuis le départ matinal. Fixant le vide infini qu'offrait la vue du petit hublot rond, il croisa à plusieurs reprises le regard furtif d'un homme assis dans la navette qui volait à côté d'eux.

     Il s'était imaginé à plusieurs reprise la vie de cet homme. Il s'était dit que peut-être lui aussi avait dû travailler des mois pour s'offrir ce séjour, voire des années ou qu'ils deviendraient peut-être amis sur le vaisseau. Quoi qu'il en soit, Marcus commençait son voyage plein de bonne volonté, comme s'il repartait de zéro, comme si une nouvelle vie s'offrait à lui et sa famille. Cela ne durerait que le temps du séjour et comptait bien en profiter à fond.

     La voix du commandant extirpa Marcus de ses pensées.

- Chers passagers, vous pouvez désormais détacher vos ceintures et descendre de la navette, veillez à ne rien oublier. Je vous souhaite un bon séjour à bord du Félicité.

HEDAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant