Je m'agaçais sans le vouloir, de plus en plus excédée en sa présence.
- Quoi ?! Aboyai-je. Il ne vous l'a jamais demandé, peut-être ?
- Lui, c'est mon tailleur, me rappela-t-il sèchement.
- Et moi, je suis styliste ! Donc ? M'impatientai-je.
Il me lança un nouveau regard assassin alors que Marc retenait difficilement son fou rire.
- Allez, mec ! Elle n'a pas tort. On va y passer des plombes avec lui ! Tu la mets de quel côté ta bite ?
Et c'en fut trop pour lui. Il repartit en fou rire sous le regard de plus en plus glacial de son ami. C'est vrai que dit comme cela... Je lançais un sourire empathique à Miller qui finit par soupirer d'agacement.
- A droite.
- Super ! Raillai-je. On va peut-être arriver à quelque chose. Ne bougez plus maintenant.
Je me mis rapidement au travail, marquant les reprises à faire sur divers endroit trop lâches et pas assez près du corps. Je regardais sa chemise avec exaspération.
- Bon, tout est à refaire. Vous avez grandi ou grossi, je n'en sais rien !
- J'ai quoi ?! S'offusqua-t-il. Je n'ai pas grossi, mademoiselle Martinez ! Pour votre gouverne, je suis extrêmement bien foutu.
- Oui, si vous voulez, balayai-je d'un signe de main. Dans tous les cas, votre tailleur n'a plus les bonnes mesures.
Ce dernier revint d'ailleurs à ce moment et me lança un regard surpris. Il s'abstint de commentaire avant de remarquer les aiguilles sur le costume que portait Miller.
- Mais qu'est-ce que vous avez fait ? C'est une pièce unique !
- Pièce unique que vous faites payer combien ? M'énervai-je. Vous n'avez pas les bonnes mesures, le pantalon ne tombe pas droit et vous ne savez même pas si monsieur porte à droite ou à gauche ! Alors moi, je fais seulement mon métier, monsieur !
Il voulut répliquer mais finit par bredouiller une excuse incompréhensible. Je retournais m'asseoir en balançant les aiguilles sur la table basse devant nous, à fleur de peau. J'étais lasse, fatiguée et agacée. Le combo parfait. Nous restâmes encore une bonne demi-heure, le temps que cet incapable reprenne les mesures exactes du costume. Miller resta stoïque à mon plus grand désarroi. Nous finîmes par rejoindre la voiture sur les coups de 19h. Miller me donna une adresse avant de totalement me délaisser, reprenant la conversation qu'il avait commencé avec Marc.
- Tu sais que le gala arrive. Je n'ai plus une minute à moi, protesta le blond. Je ne peux pas prendre tes dossiers en ce moment.
- C'est justement pour cela que nous sommes partenaires, lui rappela Miller.
- Laisse-moi trois jours. En attendant, trouves-toi une cavalière !
- C'est fait, s'agaça-t-il.
- Quoi ?! Mais qui ?
- Elle.
Je lui jetais un bref coup d'œil pour confirmer qu'il parlait bien de moi. Je me mis à ricaner, le visage glacial.
- Elle, elle a un prénom. Et même pas en rêve, Miller.
- Je ne vous laisse pas le choix.
- C'est quoi votre putain de problème ? M'énervai-je.
- Il n'y a aucun problème, cassa-t-il. Vous êtes à moi selon les termes de notre contrat, me rappela-t-il d'un ton cinglant. Donc vous m'obéissez quand je vous donne un ordre ! Continua-t-il. Là, en l'occurrence, c'est de m'accompagner au gala de l'entreprise de mon pote parce que j'en ai décidé ainsi ! Une soirée et c'est fini ! Donc je n'ai aucun putain de problème, mademoiselle Martinez ! Par contre vous, vous allez finir par en avoir si vous continuez à vous rebeller comme vous le faites ! Est-ce que c'est clair ?!
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134 faveurs ! [aux Éditions Shingfoo]
RomantikChristopher Miller, millionnaire, 28 ans de pratique dans le narcissisme et la moquerie. Londres. Lucie Martinez, styliste, 24 ans de galère pour y arriver dans la vie. Nice. Deux mondes totalement différents. Deux villes totalement opposées. Ils n'...