Chapitre 3 : Lucie / Chris.

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~ Soyez vous-mêmes, tous les autres sont déjà pris. Oscar Wilde ~

Je piquais une énième fois la couture d'une robe de haute couture, les idées en vrac. Mon fond de teint cachait à peine mes cernes, attestant de ma fatigue. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Une main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter. L'aiguille se planta dans mon doigt, me faisant me relever en couinant tout en découvrant mon amie.

- Merde, Luce ! Ça va ?

- Oui, oui... Tu avais besoin de moi ?

- Non... Tu as juste du courrier. Tu es sure que tout va bien ? Tu as une petite mine.

- Ça va, Emma, la rassurai-je en prenant l'enveloppe kraft qu'elle me tendait. On se retrouve à midi ?

- Bien sûr !

Mon amie disparut, me permettant de sortir la liasse de papiers que contenait l'enveloppe. Seul mon nom, dans une écriture calligraphiée, figurait sur l'enveloppe mais je savais déjà ce que c'était. La première page me fit froid dans le dos.

"Christopher Miller, P-DG de Miller and Co, Londres.

Et Lucie Martinez, styliste à Styl'Art, Nice.

Les deux parties, suite à leur accord au commissariat, ont conclu un contrat de remboursement des dégâts causés sur la voiture de Mr Miller Christopher. Le montant étant de 134 000 euros, les remboursements s'effectueront par tranche de 1 000 euros. Ainsi, 134 paiements seront effectués au gré et à la convenance de Mr Miller."

Des dates s'étalèrent sur la feuille suivante. Puis les conditions me liant à ce connard.

"Les parties susmentionnées se retrouveront ainsi en partenariat jusqu'au remboursement intégral de la somme. La partie susmentionnée Lucie Martinez sera contrainte de se plier aux contraintes imposées par Christopher Miller.

Elle devra de plus répondre à une certaine disponibilité en raison des dégâts occasionnés à son véhicule, le privant de moyen de transport."

Evidemment, rien pour le condamner. Trop dangereux pour que ce connard s'implique directement mais les faits étaient là : j'étais soumise à 134 paiements en "faveur" pour qu'il n'envoie pas mon frère en prison. La dernière page me le rappela amèrement.

"En cas de violation du contrat, Christopher Miller, victime, pourra le rompre à tout instant et revenir sur sa plainte pour obtenir réparation par les voies juridiques françaises.

Pour faire valoir ce que de droit,"

Sa signature suivait le paragraphe, attendant la mienne à ses côtés, sous mon nom. Je me forçais à l'apposer avant de remettre les documents dans l'enveloppe. Soupirant, je priais pour qu'on me foute la paix jusqu'à la fin de la journée. Malheureusement et comme pour me rappeler mes obligations, mon téléphone sonna et afficha un numéro inconnu.

- " Oui, allô ?"

- "Je vous ai manqué ?", me nargua aussitôt mon connard favori.

-"Vous pratiquez dans le harcèlement ?"

- "Allons ! Nous sommes liés par un contrat, je vous rappelle. Je ne fais que veiller sur mes intérêts."

Mes poils s'hérissèrent. Ce type voulait me rendre dingue.

- "Qu'est-ce que vous voulez, Miller ?"

- "Vous avez reçu le contrat ?"

- "Oui."

- "Bien, je viens le chercher alors !"

- "Quoi ?!"

Mais avant que je puisse comprendre, la porte de mon bureau s'ouvrit sur sa sale gueule. Je lui lançais un regard mi-ahuri mi-exaspérée, en posant rageusement mon téléphone sur mon bureau.

134 faveurs ! [aux Éditions Shingfoo]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant