Chapitre 5 : Lucie

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« Votre attention, s'il vous plait. Le train 12 345 à destination de Paris va partir. Les passagers sont priés de rejoindre le quai A. Il desservira... ».

Je soupirais sans m'en rendre compte tout en reposant ma tête sur le dossier de mon siège. J'étais coincée entre Miller et la vitre. Le trajet avait été tendu, tant par le manque de temps que par l'absence de conversation mais nous avions fini par rejoindre notre train sans encombre. Le train partit dix minutes plus tard, pour cinq heures de trajet. Mettant mes écouteurs, je me coupais du monde mais avant tout, je me coupais pour mes derniers instants de liberté de Christopher Miller.

Le paysage passa devant mes yeux sans que je n'y fasse attention. C'était cependant plus intéressant de regarder de ce côté. Au bout d'une heure, Miller me tendit des chips qu'il sortit de je ne sais où. Je tournais lentement mon regard vers lui, la musique battant encore dans mes oreilles.

- Merci.

D'un geste fluide, il m'enleva l'écouteur droit et se rapprocha de mon visage.

- De rien.

Son souffle effleura mes lèvres, me faisant tressaillir. Je reculais par reflex alors qu'il laissait tomber l'écouteur sur ma poitrine. Je voulus le remettre mais sans trop savoir pourquoi, finis par enlever le second et coupais la musique. J'ouvris mes chips et replongeais mon regard dans le vague. Nous étions seuls sur le carré de voyageur. Nous n'étions pas très nombreux dans notre wagon, de plus. Il reprit la parole, d'une voix posée presque amicale.

- Vous finirez par m'apprécier, vous savez.

- L'affection ne s'achète pas. Je ne suis pas sure de pouvoir vous « apprécier », monsieur Miller, avouai-je avec une facilité étonnante. Mais nous allons... cohabiter. J'essaierai de faire de mon mieux.

- Vous m'apprécierez, affirma-t-il pourtant une nouvelle fois. Je ne suis pas toujours l'homme d'affaire implacable que je laisse faire paraître.

- Qui essayez-vous de convaincre ?

Un sourire glissa sur ses lèvres alors qu'il se tournait légèrement vers moi. Je me contentais de le fixer sans vraiment savoir sur quel pied danser.

- Je ne vous suis pas hostile, mademoiselle Martinez. Et je ne fais pas cela contre vous.

- En effet, vous le faites pour vous, acquiesçai-je.- En effet, vous le faites pour vous, acquiesçai-je.

- Et pour vous. Votre frère vous oppresse. Vous vous sacrifiez pour lui et il ne voit même pas la chance qu'il a. A Londres, il aurait passé la nuit en garde-à-vue sans possibilité d'accord avant le lendemain matin.

- Je ne vois pas en quoi cela vous concerne. C'est ma vie, lui rappelai-je. Vous m'avez soumise à un contrat dont je ne gérais que mon accord pour me forcer à devenir votre esclave. Ne me dites pas que c'est pour mon bien, le rembarrai-je.

- Vous me remercierez, sourit-il une nouvelle fois. Vous allez adorer Londres.

- Savoir si je réussirais à vous supporter est une autre question, ricanai-je.

- Vous n'avez pas vraiment le choix, s'amusa-t-il. Mais voyez le positif, vous êtes à 132 faveurs restantes. La première étant d'être mon chauffeur et la seconde, de venir à Londres.

Je tournais la tête vers la fenêtre, la mine boudeuse. Son souffle vint me chatouiller la nuque, m'annonçant sa proximité soudaine.

- Je ne vous ai pas kidnappé non plus, me rappela-t-il. Mais je suis ravi que vous ayez signé ce contrat... Vous allez égayer mes journées.

134 faveurs ! [aux Éditions Shingfoo]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant