~ Quelques minutes avant ~
Lisbeth partit une fois qu'elle eut fini de m'expliquer la charge de travail que Miller lui avait donné à faire... ou plutôt lui avait dit de me confier. Je rentrais pour rejoindre la cuisine sans attendre. Une cinquantaine de bières attendaient sur le comptoir. J'écarquillais les yeux avant de voir les ingrédients sur le plan de travail, l'alcool et les diluants qui s'amassaient à côté, attendant d'être servis. Je posais ma veste sur l'une des chaises et me mis malgré moi au travail. Les larmes revinrent me brûler les yeux au bout de quelques minutes alors que le rire de Grace me parvenait du salon. Une dizaine de minute passèrent avant qu'un raclement de gorge ne me fasse sursauter. Je fis volte face pour apercevoir Marc dans l'embrasure de la cuisine. Je me remis à éplucher les carottes en masquant mon visage.
- Désolée, je ne vous ai pas entendu arriver. Vous voulez quelque chose ?
- Il n'avait pas le droit de vous parler comme il l'a fait tout à l'heure.
Je me retins de tout commentaire, continuant tant bien que mal d'éplucher les légumes. Ma vue se brouilla une fraction de seconde alors qu'une chaise se tirait. Ressaisie-toi, Martinez ! Me sermonnai-je en manquant de me tailler. Je repris d'une voix calme mais moins assurée que ce que je l'aurais voulu.
- Vous ne devriez pas rester là.
- Avec vous, c'est cela ?
- Vous l'avez entendu, m'expliquai-je.
- Lucie, il n'a pas le droit de vous lier à lui par un contrat !
- Si, affirmai-je en me retournant. Non seulement, il en a le droit mais en plus, il l'a fait. Je n'ai pas l'argent pour le rembourser, nous avons passé... un accord. C'est tout.
- Un accord ? Ricana Marc. Etre son esclave ? Sa soumise ?
- Il n'y a rien de sexuel entre nous, grimaçai-je.
Marc haussa les épaules comme dubitatif. J'allais reprendre quand la sonnette retentit. Je lui lançais un regard mi narquois mi résigné en lâchant mon économe.
- Je suppose que c'est également mon rôle que d'accueillir ses invités ?
Il m'adressa un sourire désolé et se contenta de me suivre pour accueillir ses amis. Un homme entra, une bouteille de vin à la main. Il me la donna sans même me jeter un regard puis se débarrassa de sa veste de la même manière. Je repartis dans la cuisine et me contentais de faire ce qui était marqué sur le papier de Lisbeth. Dans la demie-heure qui suivit, quatre autres hommes et deux femmes firent leur apparition. Ils étaient bien dix au total. Miller refit son apparition, portant une chemise blanche immaculé, une cravate mais un simple jeans. Il s'adossa au chambranle de la porte tout en me regardant en silence. Je finis par lui tendre un verre de vin qu'il accepta. Il m'arrêta en me saisissant le poignet, le regard incandescent.
- Ne m'ignorez pas.
- Je n'ai pas terminé de préparer l'apéritif.
- Lucie..., gronda-t-il.
- Vous vous souvenez de mon prénom, maintenant ?
- Arrêtez de jouer à cela ! C'est vous qui me provoquez sans arrêt !
Je me débarrassais de l'économe avec un peu trop de raideur, le faisant tinter dans l'évier. Je pris le plateau laissé par Lisbeth et positionnais les légumes crus dessus ainsi que les sauces et les je-ne-sais-trop quoi qui constituaient un apéro anglais. Miller me suivit en silence dans le salon où il fut accueilli chaleureusement par ses amis. Je m'éclipsais aussitôt les plats posés et revins avec les verres et quelques bières. L'un des amis de Miller m'arrêta en claquant des doigts, un sourire dédaigneux au visage.
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RomansaChristopher Miller, millionnaire, 28 ans de pratique dans le narcissisme et la moquerie. Londres. Lucie Martinez, styliste, 24 ans de galère pour y arriver dans la vie. Nice. Deux mondes totalement différents. Deux villes totalement opposées. Ils n'...