M-4692

Index 1 : Chute [1e partie]

Quand l'alarme se met à hurler dans les corridors, je ne réagis même pas. Il n'y a pas de quoi s'étonner : le porte-vaisseau dernière génération de la République Humaine, « Le Faucheur » (dans lequel je me trouve), traverse sans aucune escorte une zone du cosmos réputée pour grouiller d'ennemis. Je sors de mon demi-sommeil et observe l'horloge holographique du dortoir de mon escadrille : 25 novembre 3328, 21h27 (heure d'Exodra). Je pousse un long soupir : un groupe de vaisseaux ennemis a dû être repéré, et l'amiral a dû sûrement se dire que le mieux à faire était de lancer toute la chasse contre eux : conneries ! Je me lève, et me dirige vers la sortie en hurlant :

   « Debout là-dedans ! On nous donne de la ferraille fraîche dehors, tous aux hangars !

En tant que chef de l'escadrille d'assaut « Démon », je me dois de motiver mes troupes. Je suis Alastanir Von Achtstein, 21 ans, matricule S.176, pilote dans la flotte spatiale de le République Humaine, affecté avec son escadrille au vaisseau « Le Faucheur », et ça fait près de 3 ans que je combats les Scorps, ces foutus aliens qui nous ont déclaré la guerre il y a de cela 20 ans. Je marche vite dans les couloirs, appelant le premier ascenseur disponible. Je m'engouffre sans attendre entre les deux lourds portes d'acier. Le reste de l'escadrille, qui me suivait, entre au pas de course, avec à sa tête Thomas Heavny.

C'est un grand baraqué, au teint mat, aux yeux verts et aux cheveux bruns. C'est un camarade de promotion. On s'est connu au camp d'entrainement : il détendait l'atmosphère avec son humour inépuisable et sa bonne humeur.

 - Commandant, me fait-il avec un sourire, quelles sont les nouvelles ?

 - Une attaque de chasseurs, à ce que je crois. Du boulot facile.

 - Tu m'étonnes ! On va les déchiqueter avec le D-16, et rajouter au moins 5 marques sur le blindage ! s'écrie Flavy Hammer.

C'est l'artilleuse du D-16 « Incube », le bombardier hyper-lourd de l'escadrille (le seul modèle dont on dispose). Elle s'occupe des bombes et des roquettes. Elle n'est pas bien grande, possède des yeux bleus clairs et de courts cheveux bruns. Nous avons le même âge, mais elle a été affecté à mon escadrille il y a seulement un an. Son sarcasme agace souvent, mais elle reste agréable.

 - Bien envoyé, commente Valentin d'un air détaché.

Valentin Tavern, 22 ans, pilote du D-16. Depuis aussi loin que je me souvienne, il a toujours été sous mes ordres. Son regard couleur de terre est perdu, comme à son habitude, et ses cheveux blond s sont en pétard. Malgré sa forte carrure, il est très littéraire et réservé, contre tous ce que l'on pouvait s'imaginer à son sujet. Dans un coin de l'ascenseur, Nut pousse un soupir dédaigneux. Elle est plutôt petite, et parle peu depuis son affectation, il y a de cela deux ans. Ses yeux gris vous foudroient aux moindres mouvements, et ses paroles coupantes comme des lames de rasoir vous tranchent votre estime en quelques dizaine de secondes. Elle est la plus jeune du groupe, vu qu'elle vient d'avoir 20 ans, il y a quelques semaines. Son regard croise le mien : toujours aussi froid. Elle se met à jouer avec une des mèches de cheveux bleus qui strient sa chevelure blanche. Son look m'a toujours paru étrange. L'ascenseur s'immobilise avec fracas au niveau des hangars, et ouvre ses portes en sifflant : nous sortons en courant. A notre droite, en contrebas de la passerelle sur laquelle nous nous trouvons, s'étend le hangar A2. Des dizaines, si ce n'est plusieurs centaines de D-17, ces chasseurs hybrides air-espace lourds, sont alignés, prêt au décollage. Une nuée de techniciens et de mécanos s'affairent sur les derniers réglages avant le départ. Certains réacteurs ronronnent déjà, en chauffe.

Nous descendons un escalier de métal, et arrivons sur la piste éclairée par la lueur pâle des lampes. Nous nous dirigeons vers nos appareils : trois D-17 er un D-16. Ils sont très imposants, avec leur blindage épais, leurs mitrailleuses, leurs roquettes et leurs bombes sous le fuselage.