Chapitre 2 :

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   Quelques jours plus tard, la famille de Laura se trouvait dans la gare de Glacier, la ville où ils habitaient. Laura était vêtue d'une robe noire et blanche, de son écharpe et de son bonnet blancs ainsi que de longues bottes noires. Sa mère discutait avec tout le monde. Sa petite soeur et son petit frère jouaient au chat et à la souris avec leurs cousins et cousines. Laura aurait préféré que ce ne soit qu'un mauvais rêve et elle espérait se réveiller tôt ou tard.

   Sortant de ses pensées, elle se rendit compte qu'il s'était mis à neiger. De légers flocons blancs tombaient du ciel et dansaient dans les airs au gré du vent. La jeune femme sortit son parapluie, le déplia et se mit à l'abri dessous. On entendit la cloche du train sonner : il arrivait à destination. Ne voulant rien voir, Laura regarda le bout de ses bottes. Elle repensait aux bons moments qu'elle avait passés avec sa famille, à son père aux yeux rieurs qui était maintenant dans une tombe, qu'elle venait voir chaque jour et à qui elle racontait tous ses secrets, ses malheurs... Tout cela appartiendrait au passé lorsqu'elle rencontrerait son fiancé.

   Elle entendit les portes du train s'ouvrir. La jeune femme ferma les yeux, se remémora toute sorte de souvenirs et repensa à son père. Tout cela allait disparaître derrière elle. Des larmes coulèrent silencieusement le long de ses joues, elle n'avait pas envie de quitter tout cela. Non, elle ne voulait pas !

   Soudain, une main lui prit son parapluie. Laura leva les yeux et le vit. Celui qui lui volait son enfance, sa joie de vivre, les derniers souvenirs de son père, son frère, sa soeur... Tout. C'est alors qu'elle sentit une sensation de colère, de rage et de haine naître en elle. Cet homme-là, elle ne l'aimait pas, elle le haïssait plus que tout aux mondes. « Et puis, tout cela est étrange, réalisa-t-elle. Pourquoi un prince viendrait-il demander en mariage une fille qui habite aussi loin ? Comment maman a-t-elle pu ne pas s'en douter ? Il faut que je m'en méfie. C'est certain ! »

   Le jeune prince lui sourit, laissant apparaître une dentition parfaitement blanche et alignée. Il avait d'incroyables yeux bruns d'une telle profondeur que l'on pouvait s'y perdre et de courts cheveux châtains. Il était de taille moyenne et vêtu d'un complet marron, sa peau bronzée s'accordait parfaitement bien avec la teinte de sa tenue.

   « Bonjour mademoiselle, la salua le prince, s'inclinant en lui prenant la main d'un geste qu'il avait sans doute reproduit de nombreuses fois. Vous devez sans doute être Laura, ma future épouse. »

   Un frisson de rage parcourut tout son corps. Son épouse ? Elle ne lui appartenait pas et elle ne lui appartiendrait jamais, mariage ou non ! La jeune femme essuya rapidement ses larmes et essaya de répondre le plus aimablement possible, l'air le plus neutre possible gravé sur le visage :

   « Oui, c'est bien moi, et vous, vous devez être le prince Alexandre, fils du roi Louis.

   —Oh... euh... Vous pouvez m'appeler Alexandre, c'est plus rapide.

   —Très bien, et moi, appelez-moi Laura, lui permit-elle avec nonchalance. »

   Un malaise se répandit dans toute la gare. Heureusement, Morgane intervint :

   « C'est parfait, vous avez fait connaissance ! Maintenant, que diriez-vous, Monsieur Alexandre, de venir visiter notre maison ?

   —J'en serai ravi, répondit-il en prenant, cette fois-ci, la main de Morgane qui rougit violemment sous l'effet de la surprise. »

   « Venir dans notre maison ?! s'indigna Laura déjà agacée par cet homme. Et puis quoi encore ? Lui préparer du café et lui masser les pieds ? » La jeune femme en avait assez de ce cinéma. Elle fulminait. Dès qu'elle pourrait parler en tête à tête avec son fiancé, elle lui dirait tout le fond de sa pensée et tant pis pour lui s'il le prenait mal. Elle n'aurait aucune pitié pour celui qui lui volait sa vie et son bonheur.

Les Quatre Saisons (correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant