PROLOGUE
Paris. Le Louvre. Un soir de septembre 1662. Une ombre parvient à se faufiler à l'intérieur du palais royal. Avec pour seule lumière celle de la pleine lune, l'homme au capuchon blanc se déplace dans les couloirs du palais à pas de loup. Les gardes qu'il rencontre à mesure qu'il se rapproche de sa cible ne semblent pas représenter un obstacle à sa mission, comme peuvent en témoigner les deux malheureux qui tombent sans comprendre ce qui se passe, un couteau de lancer dans la gorge.
L'homme au capuchon blanc s'arrête devant une double porte, de grande dimension. Loin d'inspirer la modestie, ladite porte donne un indice sur l'importance sociale de la cible, dont la vie ne tient plus désormais qu'au franchissement de cette porte. L'homme jette un dernier regard à gauche puis à droite, met la main sur la poignée et ouvre délicatement la porte, se faufilant dans la pièce.
Mais, une fois entré, quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'il vit sa cible, debout, qui veillait à l'aide de six bougies sur deux candélabres, éclairant la pièce très distinctement. Cette cible était un homme de vingt-quatre ans, légèrement plus petit que lui, brun, les cheveux assez longs, plutôt bel homme mais portant sur son visage la suffisance et la prétention. Ce jeune homme de condition visiblement nobiliaire était hautain et regardait l'homme au capuchon blanc avec beaucoup condescendance, ce qui paraissait encore plus incroyable dans la mesure où il savait pourquoi l'homme au capuchon blanc se dressait devant lui.
- Je t'attendais Assassin ! Tu croyais me surprendre mais je savais que tu viendrais ce soir. Tu sembles oublier que de par ma fonction, je suis protégé par Dieu. Tu ne peux rien contre moi ! Par contre, moi...je peux te tuer aisément !
L'aristocrate sortit une épée qu'il cachait dans son dos, bien décidé à en découdre avec son visiteur du soir. Nullement décontenancé ni impressionné par la tournure imprévue des évènements, l'Assassin avait profité des paroles de sa cible pour étudier son environnement. La table basse légèrement sur sa droite était sa chance. Alors que l'aristocrate s'approchait, épée en avant dans le but de lui faire rendre gorge une fois pour toute, il s'élança vers lui, d'une légère impulsion du coude vers le sol, il fit sortir une lame de son poignet droit. Puis, arrivant au niveau de la table, il prit appui sur son pied gauche pour se décaler sur la droite, et sautant de son pied droit sur la table basse, il domina son adversaire, avant de lui planter sa lame dans le cou, sur le côté droit, se servant du corps de l'aristocrate pour amortir la chute. Aussi rapidement qu'il l'avait planté, il retira la lame ensanglantée. L'aristocrate n'avait rien vu venir, certainement aveuglé par sa prétention. Il avait cependant perdu son expression condescendante.
- Pauvre fou ! Qu'espères-tu gagner en me tuant ? Tu seras maudit ! Vous autres les Assassins passez votre temps à semer le désordre et à défier l'Ordre établi. Quelle fierté peux-tu ressentir d'avoir tué le roi de France ? »
CHAPITRE PREMIER
C'est par un matin, celui du cinq septembre 1638 à Saint-Germain en Laye, non loin de Paris, que tout a commencé. Une femme est sur le point d'accoucher. Un enfant vient, c'est un garçon. L'enfant du miracle attendu depuis vingt-trois ans. L'héritier de la couronne de France ! On n'est pas encore tout-à-fait à la mi-journée. La reine pourtant épuisée doit se rendre à l'évidence : elle doit encore pousser, car un autre garçon finit par sortir du ventre royal. A bout de force, Anne d'Autriche perd connaissance. Mais dans la chambre de la reine, contre toute attente, ce n'est pas la joie qui prédomine mais plutôt l'embarras face à ce deuxième enfant arrivé de manière inattendue. La sage femme demande à la dame de compagnie de la reine d'aller chercher le cardinal de Richelieu, discrètement et uniquement le cardinal. Le roi ne doit pas être mis au courant de l'issue de l'accouchement.
Le cardinal entre avec celle qui est allé le chercher, et constate sans que la sage femme ait dit quoi que ce soit, que la reine a donné naissance à des jumeaux. Très calmement, Richelieu se caresse le menton en réfléchissant. Louis XIII a un frère, Gaston d'Orléans, qui passe le plus clair de son temps à comploter contre le roi. La naissance d'un héritier repousse de facto Gaston du trône, mais avoir deux héritiers...si cela élimine le frère du roi, le même problème risquerait de se reproduire et dans la construction d'un Etat fort voulu par le cardinal, ceci n'est pas envisageable. La reine, inconsciente pourrait facilement être mystifiée et le roi écarté de la vérité. D'un autre côté, ce jumeau pourrait être un atout au cas où le petit dauphin venait à mourir rapidement. Et si ce dernier survivait, ce jumeau pourrait être élevé en secret en parfait Templier. Finalement, cette situation ne présentait que des avantages. Le cardinal sourit et s'adressa à la sage femme :
- Tout doux ! Vous allez partir avec le deuxième enfant. Il y a une cabane en bois un peu plus haut sur la route du château. Vous y attendrez un de mes hommes. Occupez-vous bien de l'enfant. Quant à vous, ajouta t-il à l'adresse de la dame de compagnie, vous allez rester avec la reine et la persuader qu'il n'y a qu'un seul bébé. Il en va de l'intérêt du royaume de France ! Mais avant de la réveiller, faites-moi mander Tourville.
- Et pour le roi ? demanda machinalement la sage femme.
- Je m'occupe de Sa Majesté le Roi ! Faites ce que vous devez faire. Adieu !
- Et quel prénom donnerons-nous à l'enfant ? continua la sage femme.
- Nous l'appellerons Philippe !
La dame de compagnie partit faire chercher le fameux Tourville, puis vint retrouver le chevet de la reine. Elle attendit que la sage femme quitte la chambre par une porte dérobée, avec le nouveau-né caché dans un panier à linge, au milieu de draps volontairement laissés en désordre. Puis on réveilla la reine, et on la célébra avec l'enfant sans perdre une seconde, pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir. Richelieu fit mander le roi, lequel découvrit son fils unique avec joie et soulagement. On nomma l'enfant Louis Dieudonné car cette naissance attendue et paradoxalement inespérée après de nombreuses fausses couches, ne pouvait qu'être un cadeau de Dieu.
Personne ne fit attention au cardinal qui sortit un instant de la chambre et donna de rapides instructions discrètement à un homme qui devait être Tourville. Il revint dans la chambre de la reine sans que son absence, quoique courte, ne soit remarquée.
La sage femme passa quelques heures dans la cabane en bois avec le nourrisson avant que quelqu'un n'entre. Il s'agissait d'un homme entièrement vêtu de noir, du chapeau aux bottes. Le genre d'homme fort peu souriant qu'on ne souhaite pas rencontrer. Une croix rouge dont les branches s'évasaient à mesure qu'elles s'éloignaient de la base, brodée sur l'avant-bras droit de son long manteau noir, rappelait l'allégeance de l'homme à un Ordre.
- Je suis Tourville. C'est le Cardinal qui m'envoie chercher l'enfant. Ton travail est terminé, mais tu ne devras jamais reparaître à la Cour, ni aux yeux du Roi et de la Reine. Est-ce clair ?
- Bien sûr. Je ne veux pas savoir ce qui va se passer. Je veux juste partir très vite d'ici, répondit la sage femme dont la simple présence de Tourville la glaçait.
Visiblement satisfait de la réponse, Tourville prit l'enfant avec le panier et les draps et chargea le tout sur son cheval. Puis, il sembla se souvenir d'une chose et revint vers la sage femme.
- Le Cardinal m'a aussi chargé de ne laisser aucun témoin. Tu en sais trop. C'est pour la France !
Il dégaina une épée et la plongea dans le ventre de la sage femme qui poussa un cri. Il retira son épée maculée de sang. La sage femme tomba à genoux et s'écroula sur le sol terreux. Elle ne mit pas longtemps à expirer. Sans plus de cérémonie, Tourville monta sur son cheval et se mit en route, convaincu d'avoir éliminé un dangereux témoin du drame en train de se jouer. Mais plus loin, un homme au capuchon blanc, sur son cheval, avait assisté à toute la scène et s'apprêtait à le suivre. La journée touchait à sa fin, et la nuit tomberait vite, les conditions d'une filature allaient devenir idéales.
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Assassins Creed Legacy
FanfictionFanfiction tiré du célèbre jeu vidéo d'Ubisoft. L'action prend place dans la France du XVII ème siècle, mettant en scène la vie du personnage principal dont l'existence sera conditionnée par l'éternel antagonisme Assassins/Templiers.