Au même moment, quelque part en Bretagne, dans l'arrière-pays rennais. Un détachement de troupe du roi bivouaque. Il s'agit d'une bribe d'armée de la compagnie du duc de Graissesac venu dans la région pour recruter de nouveaux soldats pour faire face à l'ennemi espagnol, avec qui le royaume de France est en guerre depuis trois ans, dans le contexte plus général d'une guerre à l'échelle de l'Europe entre puissances protestantes et catholiques, qui elle, dure depuis vingt ans.Alors que la nuit est déjà bien tombée, six soldats autour d'un feu regardent patiemment et avec appétit la volaille en train de rôtir. Le spectacle est visuel et olfactif, car l'odeur que dégage l'animal cuisant, détourne l'attention des soldats qui, ne voient donc pas juste au-dessus d'eux, un enfant de dix ans accroupi sur la branche d'un arbre surplombant le feu de camp, qui lui-même convoite la fameuse volaille.
Lorsqu'il jugea l'instant opportun, l'enfant sauta de sa branche et atterrit sur un soldat, le couchant à terre, ce qui le désorienta. Les quelques instants que lui offrirent cet effet de surprise lui permirent de foncer sur un deuxième soldat pour le renverser sur un troisième. Il saisit la broche sur laquelle rôtissait la volaille, tout en s'engageant en ligne droite et au pas de course vers le bosquet touffu d'où il pourrait aisément semer d'éventuels poursuivants.
Les soldats virent l'enfant entrer dans le bosquet mais le retard qu'ils accusaient les empêcha de lui emboîter le pas. Ils entourèrent le bosquet, comprenant que l'enfant s'était fatalement réfugié dedans. Alors que l'un des soldats l'enjoignit de sortir d'un ton paternaliste, cherchant à raisonner l'enfant plus que de vouloir lui mettre la pression, deux autres soldats tentèrent de contourner le bosquet afin de prendre l'enfant à revers, avant que ce dernier ait commencé à se délecter de la volaille.
- Allez Petit, sors de là. Tu sais bien que tu ne nous échapperas pas. Tu n'as rien à faire ici. Promis, nous ne te ferons aucun mal!
L'enfant n'était pas effrayé. Il savait depuis le début qu'il prenait un risque mais il n'avait pas mangé depuis la veille. La vie de vagabond était celle du risque. Il cherchait plutôt un moyen d'échapper à la situation, ce que l'instinct de survie que lui conférait sa vie vagabonde lui permettait d'entrevoir, en dépit de son jeune âge.
- Ne nous oblige pas à venir te chercher! commençait à s'agacer le soldat, qui avait du mal à admettre qu'un enfant lui résistait.
Ce dernier avait entendu le craquement des brindilles des soldats peu discrets qui cherchaient à le prendre à revers. A travers le bosquet, il voyait une dizaine de soldats qui l'encerclait. Il n'aurait d'autre choix que de se rendre pour briser l'encerclement et ensuite il trouverait le moment pour s'enfuir. Il sortit
-Eh bien alors! Que se passe t-il ici? déclara une voix imposante avec un ton supérieur.
- M. le Duc, cet enfant à volé notre dîner sur notre feu! expliqua le soldat paternaliste avec une pointe de complainte avant de raconter toute la scène.
Le Duc partit d'un rire moqueur, fit remarquer que dix soldats étaient beaucoup pour un si jeune enfant. Puis, il ordonna qu'on lui amène le courageux voleur dans sa tente, avant de congédier "l'armée" qui avait, entre-temps, soulagée l'enfant de sa prise.
- Je suis le Duc de Graissesac. Ce que l'on m'a raconté est impressionnant! finit par dire le noble, assis sur sa chaise, après avoir considéré un certain temps son jeune hôte. L'enfant, debout, était plus impressionné par la pléthore de victuailles sur la table devant lui, que par le duc qui lui faisait face.
- Comment t'appelles tu?
- Charles.
- Assieds toi et mange, Charles. Après nous parlerons. Je suis certain que nous avons beaucoup à nous dire. Le Duc avait vu les yeux de l'enfant briller devant la table. En fin tacticien, il savait qu'il fallait lui donner quelque chose pour avoir son attention. Il avait visiblement un projet pour lui.
Charles avait bien détaillé son hôte. Il avait vu cette bague en métal blanc sur laquelle était gravée une croix rouge dont les branches étaient évasées. Mais cela était sans importance, ce duc, lui offrait un vrai repas, qu'il n'aurait pas à voler, il pourrait aisément s'enfuir après une bonne digestion.
Graissesac arpentait sa tente et jetait des regards appuyés sur le petit Charles, qui, ne s'occupait de rien d'autre que de la table dressée. Il mangea de tout. Le poulet grillé, les fruits, le fromage le pain...l'ordre d'ingurgitation importait peu. Lui, habitué à manger ce qu'il trouvait ou ce qu'il pouvait voler pouvait enfin manger à sa faim, confortablement assis et sans se soucier d'être vu ou entendu. C'était bien la première fois depuis.....depuis quand?
Graissesac décida néanmoins d'interrompre la collation. Ce repas avait un but. Il était temps d'en venir au fait.
- Où sont tes parents?
- Morts.
Un enfant seul, avec de telles aptitudes physiques pour son âge. Une aubaine. C'était le Père de la Sagesse en personne qui avait envoyé cet enfant sauvage. Mais le gamin était méfiant. Il n'avait pas répondu tout de go. Il avait un petit silence, très court, presque imperceptible mais que le duc avait perçu. Il faudrait bien qu'il sache qui est ce petit Charles, mais pour le moment, il fallait le garder près de lui. Même méfiant, un enfant restait facile à corrompre.
- Est ce que cela te conviendrait de manger ainsi tous les jours?
Charles s'était arrêté. il regardait le duc silencieusement. Il avait déjà rencontré de "gentils" adultes finalement mal intentionnés.
- Tu n'aurais rien à faire. J'ai des laquais qui m'apportent de quoi me nourrir chaque jour et plus qu'il n'en faut. En réalité, tu n'auras plus jamais à voler. Je t'ai pris en affection. Acceptes tu de rester avec moi? poursuivit Graissesac
Charles avait repris sa mastication. Même s'il avait l'air gentil, ce monsieur très bien vêtu avait les manières des adultes malhonnêtes, ceux qui vous aime un peu trop vite, surtout quand vous avez essayé de les voler. D'un autre côté, avoir un endroit où dormir et manger pendant quelques temps...
- D'accord.
Graissesac fit un sourire de joie à Charles. Mais ce n'était pas l'affection qui le commandait. Le duc avait un plan précis et la première phase était accomplie. Cet enfant allait devenir sien. Charles était sa découverte, il deviendrait bien vite son obligé, avant de devenir sa créature. Un enfant fidèle à l'Ordre mais totalement dévoué à lui.
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Assassins Creed Legacy
FanfictionFanfiction tiré du célèbre jeu vidéo d'Ubisoft. L'action prend place dans la France du XVII ème siècle, mettant en scène la vie du personnage principal dont l'existence sera conditionnée par l'éternel antagonisme Assassins/Templiers.