Un mois plus tard.
Charles se leva. Il avait dormi dans un vrai lit luxueux. Depuis un mois, le petit voleur vagabond vivait dans l'hôtel particulier de Graissesac et se transformait peu à peu en petit noble. Certes, il faudrait du temps au Duc pour métamorphoser ce petit paysan en vrai noble, Graissesac le savait, mais le véritable but n'était pas là. Cependant, donner de la noblesse à cet enfant était nécessaire pour arriver à l'étape suivante.
Graissesac regardait son petit protégé à travers l'entrebâillement de la porte. Il autorisa un serviteur Noir à entrer dans la chambre à coucher avec le plateau sur lequel était disposé les victuailles du petit-déjeuner. Le serviteur ouvrit la porte complètement et sans mot dire posa le plateau sur une petite table, avant de s'en aller.
"Merci" dit simplement Charles.
"Ne le remercie pas! C'est un Nègre! Il est là pour nous servir et obéir à nos ordres! " interrompit le Duc qui était théâtralement apparu sur le seuil.
Charles fut surpris par l'apparition de Graissesac. Pas par ce qu'il avait dit. Le garçon n'avait jamais vu de Noir auparavant. Si le Duc le disait, il avait sûrement raison. On ne contredit pas son bienfaiteur. Même si l'enfant escomptait toujours ne pas s'éterniser, son traitement lui était agréable et il semblait vouloir encore profiter de tout ce qui lui arrivait. La vérité, c'est que tout débrouillard et malin qu'il était, Charles n'en était pas moins qu'un enfant et que les bontés du Duc avait peu à peu raison de sa méfiance. Il n'en avait juste pas conscience.
Graissesac le sentait lui aussi, et il s'en félicitait. Le jeune garçon était plus manipulable que prévu et le garder en captivité en feignant une hospitalité démesurée était payant. Il fallait juste de temps en temps lui proposer une sortie en carrosse pour entretenir l'illusion. Le Duc empreint d'autosatisfaction continuait à parler de sujets totalement vides avec l'enfant quand il fut interrompu par un laquais qui annonça une visite.
"M. Tourville attend M. le Duc dans le vestibule. Il dit que vous l'avez fait mander."
"C'est exact! Je descends immédiatement! Charles, je reviens te voir après. J'aurai quelque chose à t'annoncer."
Charles n'avait montré aucun empressement à savoir de quoi il s'agissait. Le Duc quitta la chambre, traversa le couloir et descendit le grand escalier jusqu'au vestibule ou le glaçant Tourville l'y attendait toujours drapé dans son vêtement noir frappé de la croix des templiers.
"Monsieur?"
"Tourville. Je vais avoir besoin de vous et de vos compétences de manière récurrente, et ici même. Le Cardinal vous a t-il donné une quelconque mission en ce moment? "
Tourville fit un léger signe de la tête pour répondre de manière négative à la question. Graissesac s'approcha et murmura : "Et le Grand Maître?". Tourville répéta le même geste.
"Parfait! reprit le Duc avec sa voix normale, parce que j'ai ici un enfant possédant des aptitudes physiques impressionnantes pour son âge. Il serait très utile pour notre ordre et afin de gagner du temps, je vous demande de venir lui enseigner l'art de tuer. Vous êtes un expert dans la question. Cependant, nous dirons que vous serez son maître d'armes. Apprenez lui à se servir d'une épée, d'un couteau...de tout type d'arme et le combat à mains nues. Les techniques de meurtre arriveront ensuite. Bien entendu, si le Grand Maître a besoin de vous, il va sans dire que la priorité reste notre Mission......Vous êtes aussi un expert en discrétion. Il est donc capital que la mission que je vous confie reste totalement secrète. Bien que nous œuvrons pour le bien de l'Ordre, je tiens à conserver cet atout dans ma manche. Personne ne doit savoir. PERSONNE! Enfin, vous avez toute latitude pour mener à bien cette affaire. Aussi plus vite il sera opérationnel, plus vite vous serez débarrassé de cette besogne! Nous commencerons la semaine prochaine, je dois encore préparer l'enfant à cet apprentissage. Revenez la semaine prochaine, à cette même heure. Tout est clair pour vous?"
Tourville opina de la tête. Il parlait très peu. Seulement quand cela était nécessaire. En bon exécutant, il ne posa aucune question et se prépara à son futur métier de précepteur, bien que cela ne lui procurait aucun plaisir. Il voyait cela comme une perte de temps. Il obéirait aveuglément. Il prit congé du Duc après que ce dernier lui ait soufflé le fameux Que le Père de la Sagesse nous guide, et reprit son cheval et par la même occasion, sa route.
Il se rendit chez le Cardinal de Richelieu qui l'attendait. Ce dernier était à sa table de travail. Insatiable travailleur à la grandeur de la France et à l'affermissement du pouvoir royal, le Cardinal œuvrait aussi à une toute autre mission, en dehors de toute considération politique, ni religieuse. On frappa à la porte. Richelieu autorisa à entrer. Un laquais fit son apparition. Il annonça la présence de Tourville qui demandait à être reçu. Richelieu ordonna au laquais de faire entrer le demandeur.
"Votre Eminence!" annonça le nouvel entrant, ôtant son chapeau et effectuant une révérence.
"Relevez-vous mon ami!" répondit Richelieu sans un regard ni un geste.
"Vous m'avez fait mander?"
"Oui. Il y a du nouveau dans notre recherche de l'Artefact. Nous savons désormais ce que nous recherchons. Un fragment d'Eden qui révèle l'avenir! Cela ressemble à une tablette rectangulaire faite d'une matière inconnue et qui brille lorsque nous la faisons fonctionner. C'est vous, Tourville, qui aller la trouver et me la rapporter."
"A vos ordres Grand Maître! Mais qu'en est-il de la recherche de la Pomme d'Eden? et savez-vous où dois-je commencer mes recherches?"
"J'ai confié la recherche de la Pomme à une équipe partie dans l'Empire Ottoman. Nous savons que l'Assassin Ezio Auditore a séjourné à Constantinople....enfin...Istanbul, au début des années 1500, et que ceci serait un point de départ intéressant.
Pour ce qui est de votre mission, nous savons que cette tablette se trouve dans notre pays. Les Assassins ne la possèdent pas et ignorent encore son existence. Profitons de notre avantage. Je ne peux vous en dire davantage. Je dois aussi m'occuper des affaires de l'Etat. Je ne vous retiens pas Tourville. Que le Père de la Sagesse nous guide."
Richelieu n'avait pas bougé d'un millimètre durant l'entretien. Tourville avait simplement tourné les talons et quitté la pièce. Il avait repris son cheval et s'en allait dans son logis, loin des regards indiscrets. Il n'avait pas parlé de la mission de Graissesac. C'était un homme loyal. C'était à lui de gérer toutes les missions qu'on lui confiait, parfois simultanément et à contenter tous ses commanditaires.
Jamais loin de lui, le Mentor continuait de suivre l'âme damnée des Templiers. Y avait-il d'ailleurs autre chose que des âmes damnées chez les amis de Richelieu. Le Mentor trouvait troublant que Tourville ait rendu visite à la fois à Graissesac et à Richelieu dans la même journée. Cela n'augurait rien de bon. il fallait trouver un moyen d'espionner les conversations de ces trois là. Mais en bon chef, le Mentor avait déjà une idée en tête. Il abandonna sa cible et rentra au repaire. Son travail du jour n'était pas encore terminé.

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Assassins Creed Legacy
FanficFanfiction tiré du célèbre jeu vidéo d'Ubisoft. L'action prend place dans la France du XVII ème siècle, mettant en scène la vie du personnage principal dont l'existence sera conditionnée par l'éternel antagonisme Assassins/Templiers.