Chapitre Trois

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Paris. L'Homme au capuchon blanc marche le long de la Seine. Il fait nuit. Il arrive à une grille de la forme d'une porte comme il en existe une multitude au bord du fleuve Parisien. Un regard à gauche puis à droite et il franchit la grille. Il traverse ensuite plusieurs galeries machinalement. Il sait où il va. Il parvient à une porte en bois, modeste et discrète. Le voici enfin arrivé au repaire des Assassins.

- Messieurs! Ce voyage était fatigant mais très intéressant.

Trois autres hommes se tenaient là autour d'une table ronde. Ils étaient plus jeunes. Environ une quinzaine d'années.

- Mentor! Nous commencions à nous inquiéter! dit l'un des trois en s'approchant du nouveau venu. Il semblait être le "chef" des deux autres.

- Ne t'inquiète pas Michel, je ne suis pas un débutant! Venez plutôt écouter cela. La Reine a accouché!

- Comment??? s'écria le plus grand des trois.

- Oui Monsieur Dorian! Et je vais même aller plus loin dans ton étonnement, Victor. Il y a deux enfants. Deux garçons. Le second a été soustrait et emmené dans le plus grand secret par notre ami Tourville. Les Templiers préparent quelque chose.

- Tourville! Sa présence n'indique en effet rien de bon. Il a certainement encore laissé quelques cadavres derrière lui, commenta le dernier Assassin, le plus petit des trois.

Le Mentor fit un signe de la tête pour valider la remarque de son disciple. Il se dirigea vers la table où étaient ses trois compagnons lors de son entrée. Plusieurs feuilles étaient posées dessus. Ensemble, ils faisaient le point sur l'enquête qu'ils menaient à propos des derniers agissements des Templiers. Ce que cherchaient ces derniers, le Mentor ne le savait pas. Enfin, hormis le fragment d'Eden qui est la recherche templière absolue. Mais il était clair que la naissance d'héritiers royaux avaient une incidence sur la suite des évènements.

Il expliqua qu'il avait suivi Tourville jusque Paris, ce qui lui avait permis de venir leur rapporter les derniers faits. Il ajouta qu'il pensait que Richelieu et le roi rentreraient bientôt au Louvre à leur tour et que ce serait le moment de décider de la suite des choses, étant entendu que Tourville, tout dangereux et inquiétant qu'il était, n'agissait jamais de son propre chef. Seul Richelieu lui donnait des ordres.

Michel leva les yeux vers lui et lui demanda, comme pour chercher à recentrer le sujet, ou en était la recherche du fragment d'Eden, ce mystérieux objet aux pouvoirs magiques dont on ne connaît pas la forme exacte, et que convoitent les Templiers.

- Tout est lié Michel! Quel que soit l'évènement qui survient, il y a toujours un lien avec le fragment d'Eden et la recherche de contrôle absolu voulu par les Templiers! Il faut savoir faire preuve de patience. Tu es trop impatient. Cela finira par te jouer un tour! Je me permets de te rappeler notre credo : l'épée ne versera pas le sang d'un innocent; se montrer mais rester invisible; ne jamais mettre la Confrérie en danger.  Par ton impatience, tu piétines la dernière partie.

Michel semblait agacé par la leçon du Mentor. Il connaissait parfaitement le crédo. Néanmoins, il savait aussi que le Mentor avait raison au sujet de son impatience. Il devait travailler dessus. Et de toute manière, il ne s'opposerait jamais à lui. Le Mentor avait fait de lui un Assassin. Il lui devait respect et obéissance. Il inclina très légèrement la tête avec un sourire tout aussi léger et bref.

Victor prit la parole sur un tout autre sujet : " Avez-vous vu Marie?"

Le Mentor lui répondit par la négative, mais qu'un partie des informations dont il disposait venait d'elle, par le biais d'un billet reçu d'un pigeon voyageur. Cela signifiait donc qu'elle accomplissait son rôle à la perfection et qu'elle ne semblait pas en danger.

Puis, il décida de prendre congé de ses compagnons en les renvoyant à leur quotidien respectif. Ces derniers s'exécutèrent. Il restait seul. Oui, le Quartier Général des Assassins était son lieu de vie à lui. Il ne quittait jamais ses robes d'Assassin. Mais dans ses enseignements, il avait inculqué le précepte du grand Altaïr, qui disait que les Assassins devaient vivre dans le Monde et parmi les gens, et non reclus dans une forteresse comme lui-même avait vécu à Masyaf.

Le Mentor, lui, avait grandi dans une tribu dans le désert au-delà des côtes des Barbaresques. Le monde occidental ne lui convenait pas. Il était devenu Assassin à Constantinople,  comme disent les occidentaux, mais c'était plutôt Istanbul, à la suite d'un voyage forcé au terme duquel il avait rencontré son propre mentor. La capitale ottomane l'avait subjugué quand il était jeune. Et puis, avec le temps, les épreuves, et sa vie d'Assassin, il avait préféré pour lui une vie recluse. C'était son libre-arbitre. Il avait formé ses trois disciples selon le crédo et les enseignements du grand Altaïr, mais leur libre-arbitre déciderait de la vie qu'ils souhaiteront mener.

Il avait dû quitter la filature de Tourville et du nouveau-né pour faire son rapport car cela lui semblait le plus urgent. Mais, du coup, il ne savait pas où l'homme de main templier avait emmené le bébé. Il l'avait sûrement confié à quelqu'un de plus compétent que lui pour s'en occuper. Si le bébé avait dû mourir, Tourville ne l'aurait même pas vu. Donc, si Richelieu s'était donné tant de mal et avait confié l'enfant à la personne la moins congrue, cela signifiait qu'il y avait un projet. Le Cardinal ne laissait jamais rien au hasard. Quel était ce projet? Était-ce une diversion? Quelle était la place de ces naissances du jour dans le projet des Templiers? Et le fragment d'Eden? Au fond, Michel avait eu raison de le lui rappeler.

Il fallait aussi garder un oeil sur Graissesac, le Templier le plus abject qui soit. Celui-là est toujours dans un mauvais coup même lorsqu'il se contente de respirer. Il aurait dû envoyer un de ses Assassins surveiller le duc au moment de son départ en Bretagne. Mais il les trouvait encore un peu jeunes pour une telle mission. Trop peu expérimentés. Peu importe, Graissesac rentrerait bien vite à Paris.

A ce moment, le Mentor sentit réellement la fatigue. Cette mission lui avait rappelé à quel point il n'était plus tout jeune et que ces longs voyages à cheval jusqu'à Saint-Germain, à rester concentré, sur le qui-vive, à tout instant n'étaient plus  de son âge. Il s'endormit presque instantanément, assis sur une chaise, le reste du corps effondré sur la table. Le temps n'était plus aux questions ni à la réflexion mais juste au repos.


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