Chapitre 1 : Andro Jean

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Le ciel, noir de cendre, grondait d'une symphonie orageuse destructrice, tandis qu'à l'horizon se dévoilait les dernières lueurs rouges sang du jour, laissant place à une nuit des plus dévastatrices. Sur le champ de bataille qu'étaient les Collines Mordantes déferlaient les armées noires du Seigneur Liche, dans leurs armures acérées de pics, brandissant leurs bannières au symbole de la Mort, et leurs longues faux effilées.

Face à ces troupes au service du malin, les prestigieux et vertueux Chevaliers de la Lys Dorée tenaient leurs positions, reflétant les rares lumières du crépuscule sur leurs imposant boucliers lustrés et marqués par le dessin de la fleur du roi. Le cor de guerre résonna sur les reliefs, provenant de chaque camp sur le point de se rencontrer dans une effusion de barbarie et de cruauté.

Le sort de l'humanité se jouait en cet instant, en cette fin du Premier Âge, tandis que la guerre opposant les forces du Bien et du Mal menaçait de trouver son point culminant sur ces Collines Mordantes.

Cependant, le protagoniste de cette histoire se trouvait alors à cinq cent kilomètres de là, et était bien occupé dans sa cueillette de champignon au cœur des Bois de la Verge. Son petit panier d'osier à la main, il marchait gaiement entre les arbres, dont la forme des feuillages par rapport au tronc s'apparentait étrangement à une forme pénienne. D'où le nom qu'on attribua à cette petite forêt, nichée au cœur de la Vallée Rectumia.

Sifflotant au gré du chant des oiseaux fusant au-dessus de sa tête, le héros de cette histoire semblait heureux et épanoui. Mais soudain, sentant une présence, un regard, il pivota vivement vers... vous.

Oui vous.

Bande de voyeurs, vous me dégoûtez...

Le pauvre protagoniste est tranquille, sans ennuis, il cueille des champignons en solitaire, il est heureux, et vous, vous vous donnez le droit de le mater sans aucune gêne ! Vous êtes très inconvenants, si vous voulez mon avis !

Alors certes, vous pourrez dire que je ne vaux pas mieux que vous dans cette situation, étant donné que je m'adonne aux mêmes plaisirs de curiosité malsaine que vous. Et vous auriez totalement raison sur ce point. Mais ce qui me distingue de vous, êtres ignobles et pervers, c'est que je suis enfermés dans cette histoire, et que jamais je n'aurai l'occasion de poser mes yeux sur les personnages d'une autre histoire que celle-ci, donc, hein ! Qu'est-ce qui vaut mieux, un mec qui a tué une personne, ou un serial-killer qui a trucidé des centaines d'innocents ? Moi je connais deux trois agents de police qui pourrait vite savoir qui coffrer dans cette situation !

M'enfin, quitte à vous dévoiler son image, autant vous dresser un portrait de ce protagoniste, étant donné qu'il s'agit de mon job de narrateur.

Oui, si vous faisiez parti de ceux qui s'attendaient à me voir comme l'un des personnages de cette histoire, vous vous trompez lourdement. Je suis ce qu'on appelle dans le jargon de collégien un "narrateur extérieur". Le mec qu'on met à part en gros, et à qui on interdit tout sentiment ou toute subjectivité. Mais paradoxalement, dans le milieu des narrateurs extérieurs, je suis moi-même à part, donc... ben j'ai la capacité de ressentir, vous comprenez ? C'est un peu mon super pouvoir de narrateur extérieur. C'est sûrement à cause de ça qu'on m'a attribué cette histoire incroyablement chiante. Oui parce que cette histoire n'est clairement pas intéressante, donc si vous voulez partir, je ne vous retiens pas, vous aurez un gain de temps exceptionnellement long sur votre vie.

On m'a clairement mis là par dépit, de toute façon, car on savait que cette intrigue n'avait aucun potentiel pour faire vendre, alors, ben... ils en ont profité pour se débarrasser de moi.

Wouw.

Bon, de quoi on parlait déjà ? Ah oui, le portrait du personnage.

Le protagoniste avait tous les traits d'un androgyne. Et pour ceux qui ne connaîtrait pas ce terme, non, il ne s'agit pas d'un terme qui signifie une gêne éprouvée pour une marque d'agroalimentaire, mais un adjectif qu'on attribue à une personne dont le sexe n'est clairement pas distinguable en apparence.

Transcendance Papillonnaire D'un Chat CastréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant