Trempé jusqu'aux os compte tenu de l'averse martelant en cet instant ses frêles épaules, Jean franchit enfin la lisière des Bois de la Verge, et dévala en roulé boulé la pente menant à son village, Village.
Glissant sur une flaque de boue, il perdit notamment l'équilibre, et poursuivit sa descente à toute vitesse, les pieds en avant, la tête en arrière. Un groupe d'enfants passant par hasard dans les environs remarqua cette splendide dégringolade. Ainsi cela leur inspira un nouveau jeu, destiné à devenir quelques années plus tard un sport olympique : le Bouebsleigh. Mais je m'éloigne vers des sentiers perdus de la narration. Revenons à notre récit palpitant.
Jean finissait de glisser dans la boue. Il prit un instant pour récupérer un peu de sainitude mentale suite à cette douloureuse expérience ayant tabassée tant sa fierté que sa dignité. Puis il se redressa, pataud, et franchit à grandes enjambées la dernière centaine de mètres qui le séparait d'une petite bâtisse en bois aux abords du Village. Sa maison.
-Mémé ! Hurla-t-il, en abattant durement son épaule sur la porte de sa maison, souhaitant faire une entrée fracassante dans chaque sens du terme.
Mais Mémé Théo avait fermée la porte à clef, comme à son habitude. Jean se déboîta l'épaule, vociféra un hurlement de douleur, avant de se laisser tomber à genoux, front contre la porte, tel un ivrogne bloqué sur le seuil de sa maison.
Le pauvre Jean n'eut d'autres choix que d'encaisser la pluie dense claquant sur ses épaules, et le vent glacial mordant ses membres à travers ses vêtements humides. Là, il s'endormit, seul et blessé. Ayez pitié, oh ouii, pauvre petits lecteurs. En attendant, personne ne juge bon de venir carrément l'aider. Comment ça, vous ne pouvez pas vous rendre physiquement dans une fiction ? Ah bah ça, dès que ça demande à se déplacer, y'a plus personne ! Le moindre effort n'est clairement pas envisageable ! Ingrats !
-Oh... Ma petite Ginny ! Mais ma chérie, qu'est-ce que tu fais là ? Tu es toute trempée...
Jean battit des cils, aveuglé par la lumière de l'aurore, et releva son regard lunaire sur son ancêtre se tenant au-dessus elle, ses mains posées sur des hanches gâtées par l'âge.
-Je t'avais pourtant prévenue qu'il allait pleuvoir cette nuit ! Gronda Mémé Théo, tandis que ses gros yeux ronds, soulignés par des lunettes en cercle, l'étudiait avec circonspection. Et quand bien même, tu aurais pu toquer, je t'aurais ouvert !
-Oui, bien sûr... Ironisa Jean, en fermant les yeux sous la douleur de son épaule.
Elle ne l'aurait jamais entendue s'il avait toqué. Mémé Théo, comme tout personnage âgé cliché, avait des problèmes d'audition. Ainsi, elle ne comprenais pas chaque fois que Jean la corrigeait sur sa tendance à l'appeler Ginny, étant donné qu'elle le considérait comme sa petite fille.
-Allons, relève toi, viens te réchauffer à l'intérieur.
Jean tenta de se relever péniblement, mais très vite s'arracha un nouveau gémissement de souffrance.
-Mais... Ginny... ton épaule ! S'écria Mémé Théo, en descendant du seuil de la maison pour se précipiter vers lui. Il... il est déboîté !
-Ou-oui... c'est le cas. Soupira Jean.
-Ne nie pas la vérité, Ginny, je vois bien qu'il y a un problème ! Dit-elle en posant son doigt fripé sur l'épaule de son descendant.
-Mais ne touche pas ! Sursauta-t-il.
-Ne t'en fais, j'ai une vieille technique de grand mère. Assura la vieille peau en apposant ses lunettes cerclés sur l'arête de son nez.
-Une vieille tech...
Jean fut paralysé de terreur lorsqu'il remarqua Mémé Théo dégainer une canne de marche en bois de son pot à parapluie, et, avant qu'il n'ait le temps de prononcer un mot de plus, cette dernière abattit durement son "arme" sur sa jambe.
-Aaaah ! Qu'est-ce qui te prend ?
-Détourner la douleur pour guérir la première, tel que l'on me l'a enseigné ! S'écria la grand-mère, avant d'aligner une série de coups de canne.
Arrachant des cris de douleur à son petit fils, elle frappait néanmoins plus fort lorsque ce dernier lui vociférait des exclamations telles que "Ah quelle con... je... conne !" ou "Arrête ça !".
-Mais oui Ginny, bien sûr que je "Continue comme ça" !
-Mémé, je t'en prie ! Stop !
Mais Jean faiblissait. Tout son corps criait la douleur, excepté son épaule. Comme quoi, la technique de Mémé Théo marchait... dans un sens.
Ce lynchage intergénérationnel se poursuivit sans aucune pause durant de nombreuses minutes, Jean étant beaucoup trop faible pour pouvoir lutter face à une vieille retraité de soixante-seize ans. Ses derniers souvenirs de pleine conscience furent le sang qu'il cracha au sol, aussitôt suivi d'un vomi provoquée par une nausée incontrolable. Dès lors, Jean n'eut plus le souvenir de la moindre image précise.
-C'est bien ma petite, courage ! S'exclama Mémé Théo.
Le jeune garçon aurait voulu répondre pour la supplier une énième fois d'arrêter, mais il ne parvint à prononcer le moindre mot, pris d'un état de lassitude prononcé. Cette fatigue prit une autre tournure, lorsqu'il ne parvenait plus à ouïr les clameurs de Mémé Théo.
Très vite, toute trace de douleur se dissipa. Il n'était plus qu'une pauvre loque. Et sa dernière sensation fut celle d'entrapercevoir une éclatante lumière. À moins que ce ne soit tout simplement celle du soleil qui l'aveuglait...
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Transcendance Papillonnaire D'un Chat Castré
HumorEt si ce monde n'était pas ce qu'il était... ? C'est ce qu'on va tenter de découvrir dans cette histoire, qui ne possède donc aucun synopsis. Sachez seulement que cette histoire, si elle ne pourrait se vanter d'avoir un but humoristique sans faire r...