18 - Les non-dits

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"no regrets, just love."

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Ron n'avait plus faim, pour la première fois de sa vie. Même une minuscule portion de tarte à la mélasse lui donnait la nausée.
Lavande, à côté de lui, était étrangement silencieuse. Cette scène ne choquait pourtant aucun des Gryffondors attablés, car ils avaient sous la dent un sujet bien plus croquant.

- Tu penses qu'il a menacé Hermione pour qu'elle lui fasse ses devoirs ? Demanda un garçon blond à un autre, assis devant lui.

- Incroyable hein ? Gloussait une fille en passant une main dans ses cheveux.
- Et dire qu'elle passait pour une fille coincée, alors qu'en fait elle se tapait Malefoy... Lui répondit son amie en faisant une moue dégoûtée.

Ron se leva brusquement et sortit de la Grande Salle.

Il bouillait d'envie de mettre son poing dans la figure de tous ces idiots de sa Maison, qui n'avaient aucunes qualités de Gryffondor, ni loyaux, ni courageux. Juste superficiels et sans opinion.

Ron savait qu'il n'était pas courageux. Ni loyal, d'après ses amis, ou plutôt anciens amis.
Pas courageux, parce que jamais il n'aurait la bravoure d'aller expliquer à Harry et Hermione son comportement. Pas loyal, parce qu'il les avait trahis.

Ron avait toujours été le plus immature des trois. Celui qu'on oublie, le type gentil mais pitoyable de la bande. Fidèle, mais pas brillant.
Peut-être qu'il n'avait que ce qu'il méritait. Peut-être qu'il aurait dû prendre la place de Fred cette nuit-là. Mais le caractère de Ron n'était pas de déprimer, de pleurer sur son sort. Il était têtu.
Après tout, ce n'était pas lui le plus affecté par la mort de son frère aîné.

Parce qu'étonnamment, Ron était le seul à avoir accepté le décès de Fred. Il avait mis du temps à sortir de son apathie, mais avait finalement compris que Fred ne reviendrait pas en pleurant. Qu'il ne reviendrait pas tout court. Ça lui avait fait mal, un électrochoc qui l'avait secoué. Ron Weasley était de ceux qui n'avaient pas besoin d'un talent extraordinaire pour être tenace. Et il résisterait à la tristesse, vivant pour rendre honneur à Fred et ses blagues douteuses. Ron ne passait pas un seul instant à ne pas y penser. Il mettait ses chaussettes le matin, et se rappelait le jour où ses jumeaux de frères avaient versé de la patacitrouille copieusement écrasée dans sa paire préférée. Ou bien de la fois ou Fred et George l'avaient ligoté à une chaise pour tester leurs inventions, avant de se faire prendre par leur mère. Oui, Fred lui manquait. Mais à chaque fois qu'il penserait à lui désormais, Ron sourirait.

Et puis il y avait Hermione. Hermione, la fille la plus fantastique qu'il connaisse. Hermione et ses réprimandes, son côté pénible et ennuyant. Hermione dans sa robe rose qui l'avait rendu tout chose. Hermione et son rire si sincère. Hermione et son fort caractère, ses livres, son horrible chat poilu, son intelligence et sa débrouillardise.

Ron aimait Hermione, avec toutes ses facettes qu'il avait découvertes en devenant son ami. Puis plus. Et lâche qu'il était, il avait abandonné. Il n'était pas assez bien et intelligent pour elle, n'est-ce pas ? Il savait qu'elle l'aimait. Mais elle se lasserait, irai vers Harry et sa célébrité.

Et puis ils s'étaient embrassés, sous le coup de cette impulsion si soudaine. Elle ne lui avait rien dit de plus. Pas d'amour avoué, juste un sourire qui s'était presque effacé dans la mémoire du jeune homme roux.

Hermione ne lui avait plus vraiment montré d'attention, comme elle aurait pourtant dû en porter à celui qu'elle aimait. Égale à elle-même, ne l'épaulant pas vraiment dans son deuil, préférant s'inquiéter des autres victimes, alors qu'il aurait tout donner pour avoir la fille qu'il aimait à ses côtés. Oui, il était égoïste, voulait l'attention qu'on ne lui donnait jamais. N'étais-ce pas compréhensible ? Apparemment non.

Paradoxe - Dramione (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant