Jour 6

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Après m'avoir assurée qu'il ne dirait rien de "mes petites manigances" à son frère, Jonathan était reparti comme il était venu à l'exception peut-être des cris de ce pauvre Albert. Je m'étais alors recouchée et j'avais dormi paisiblement faisant enfin une nuit complète : ce qui n'était pas arrivé depuis beaucoup trop longtemps à mon goût. Une nuit calme, sereine et reposante. J'aurais cru que je pourrais me lever et déjeuner en paix mais les mots de Jonathan, hier, ont tourné en boucle dans ma tête pendant toute la matinée et alors que le dernier coup de midi sonne, je réalise la véritable portée des mots de Dylan quelques jours auparavant. Il a dit qu'on avait retrouvé dans la chambre de mon père, les empreintes de Lise mais comment est-ce qu'ils ont pu les avoir ?! Je la connais suffisamment pour dire qu'elle ne fait pas parti des personnes qui font des choses sur un coup de tête sans se soucier des conséquences, le genre de choses qui amènerait une personne à être enregistrée dans la base de donnée de la police, par exemple. Enfin, ça c'est ce que je crois ... Après tout, connaît-on vraiment les gens qui nous entourent ? Si j'avais réalisé ça hier, j'aurais très certainement décidé de me rendre au commissariat pour en parler à Dylan mais avant que Jonathan ne reparte, il m'a dit : "Dylan cache bien plus de choses qu'il n'en a l'air". C'est quand même son frère et il l'accuse de dissimuler des choses ... comme des preuves par exemple ? Cette phrase me pousse à remettre en question la confiance que je porte à Dylan. Si jamais ce que m'a dit Jonathan est légitime, je dois me méfier de la police et ce ne sont pas les éléments du dossier qui vont aller à l'encontre de cette surprenante déclaration. De plus, je ne sais pas si je me trompe et que je vois le mal partout mais j'ai l'impression que Dylan a influé sur la décision de Jonathan de quitter les forces de l'ordre. Peut-être que c'est même à cause de lui qu'il est parti ... Je n'en sais rien ! Je suis totalement perdue. J'ai peur de voir le mal partout mais en même temps, les gens qui m'entourent ne font rien pour me faire oublier ces soupçons. 

Il est neuf heures quand je reçois un appel de Dylan. J'hésite un instant avant de lui répondre, repensant à ce que Jonathan m'avait dit hier mais l'espoir qu'il ait trouvé le tueur me submerge et je décide malgré tout de décrocher.

"Halo ? déclare-je.
- Maya ! répond Dylan à l'autre bout du fil. C'est moi, Dylan ! Comment vas-tu ?
- Ça peut aller ... en quoi est-ce que je peux t'aider ?
- Je t'appelle pour t'annoncer que le corps de ton père a été transféré dans le centre funéraire qu'il souhaitait et tu pourras prendre tes dispositions pour son enterrement.
- D'accord ... Merci Dylan.
- Sinon, tu es sûre que ça va, toi ? Tu me parais bizarre ...
- Je suis désolée, Dylan mais je vais devoir te laisser. Le devoir m'appelle. J'ai tout un tas de choses à faire aujourd'hui ! On pourrait peut-être parler plus tard.
- D'accord comme tu voudras ... Bonne journée, Maya.
- Merci, toi aussi."

Je raccroche avant qu'il n'ait pu reprendre la parole. Tant que je n'aurais pas découvert ce que Jonathan voulait dire, je préfère me méfier de lui et j'irais même jusqu'à dire que je me méfie de tout le monde. Dans la plus part des meurtres, le tueur est un proche de la victime, un ami, un conjoint, un voisin. Je ne dois exclure personne. L'affaire va peu à peu disparaître dans le flot de faits divers et de nouvelles alors autant prendre les choses en main maintenant avant qu'il ne soit trop tard pour faire quoi que ce soit. Je suis plus décidée que jamais à trouver le meurtrier de mon père et pour ça, il me faudra une équipe.

***

Après ma conversation téléphonique avec Dylan, j'ai fait venir Brad et Jonathan à la villa. Personne n'est exclu de ma liste des suspects, que je commence tout juste à remplir, mais ces deux-là sont les seuls à avoir voulu m'aider dans la quête pour retrouver le meurtrier de mon père et le destructeur de ma famille alors je peux tout de même leur accorder le bénéfice du doute. Je décide donc de les réunir dans une salle un peu particulière dont je n'avais pas encore trouvé l'utilité mais qui au jour d'aujourd'hui, nous servira de repère. La trappe derrière le tableau n'est pas le seul moyen d'accéder au sous-sol. Il existe en effet plusieurs passages dont un escalier sombre et exigu qui part de ma chambre, une porte secrète à l'arrière du garage où mon père rangeait ses voitures de collection - car comme tout milliardaire qui se respecte, il se devait d'en collectionner - et la dernière que je connaisse se trouve au niveau de la fontaine à l'entrée de la villa. J'ai demandé aux garçons de passer chacun par un passage différent pour qu'on ne puisse pas nous suspecter de comploter.
Une fois dans le couloir du sous-sol, je demande à André d'ouvrir la Salle des Cartes et nous nous y engouffrons. Cette salle porte bien son nom car elle est tapissée de cartes de la ville et de la propriété. La forme de la pièce est des plus originales car elle est entièrement circulaire avec au centre une immense table en verre entourée de quelques chaises scandinaves blanches. La salle en elle-même est tellement claire qu'elle rayonnerait presque.
Après que nous nous soyons installés, Jonathan prend la parole.

The GrenadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant