Jour 13

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Ma conversation avec Alphonse m'a beaucoup apprise sur le trafic mais surtout sur mon père. Plus notre enquête avançait, plus je me sentais loin de mon père, comme si on n'avait jamais été aussi différent mais maintenant, je sais que c'est faux. Bien sûr, il m'a caché son trafic et c'est évident que ça m'a vexé mais je lui ai bien caché que je faisais partie des 3S alors je ne peux pas lui reprocher ça. Au delà de ça, le coach Parker n'avait certainement pas de lien avec le trafic et ça, c'est dérangeant. C'est vrai que la piste du trafic d'œuvre d'art était tellement évidente que pour moi, c'était celle qui allait nous mener tout droit vers le tueur de mon père mais il est clair que c'était trop évident pour être vrai. Le journal qu'Albert lit durant chacun de nos petits-déjeuners glisse doucement vers moi des mains de ce dernier.

"Je pense qu'il faut que vous lisiez ceci ..." m'indique-t-il.

Je saisis alors le journal et lit en première page : "Une nouvelle piste mettrait en lien les meurtres de Warren Bright, du maire et du coach Parker : des mots ont été retrouvés sur chaque scène de crime faisant passer les meurtriers pour un seul et unique tueur en série. Aucune déclaration a été faite par la police qui ne serait pas au courant de ce détail qui pourrait bien tout changer." Mes yeux grands ouverts expriment ma surprise et mon choc. Il n'y avait que trois personnes au courant de l'existence de ces papiers : moi, le tueur et Tess. C'est clair que ça ne peut être que Tess ... Albert qui avait découvert le premier avec moi, me regarde attendant une réaction ou des explications qui ne viennent pas.

"Si je ne me trompe pas, c'est à vous que les autres papiers étaient aussi adressés ... déclare-t-il.
- Pas vraiment ... réplique-je le regard dans le vide. C'était des expressions qu'on emploie communément. Rien d'explicite ...
- Je n'ai rien dit, Mademoiselle !
- Je n'en doutais pas, Albert ! Vous n'étiez pas au courant pour les deux autres.
- Savez-vous qui aurait pu en parler ? La police en étant pas au courant, c'est obligatoirement quelqu'un qui travaille avec vous ...
- Malheureusement, vous avez raison ..."

***

Plus tard dans la matinée alors que l'heure du déjeuner approche à grand pas, je reçois la visite de Tess qui ne semble pas ressentir de regrets ni de culpabilité. Pourtant, ça ne peut être qu'elle. Au dernières nouvelles, je ne suis pas somnambule et je ne pense pas que le tueur a pris le risque d'en parler à la presse connaissant la discrétion dont il a fait preuve pour dissimuler ces papiers.

"La journée d'hier m'a exténué ! s'exclame-t-elle en me rejoignant sur la Terrasse alors que je fais mes mots croisés. Pourtant, je ne sais pas pourquoi mais je ne me suis réveillé à l'aube et je n'ai pas réussi à me rendormir. J'ai dû utiliser une tonne de maquillage pour dissimuler mes cernes !
- C'est peut-être à cause de la culpabilité, lui lance-je sèchement.
- De la culpabilité ? De ne pas être aller voir Alphonse ? Il se serait énervé, j'en suis sûre !
- Je ne parlais pas de ça.
- De quoi alors ?!"

Je lui lance le journal que j'avais posé à côté de moi en reportant toute mon attention sur sa réaction.

"Tu ne crois tout de même pas que ... commence-t-elle avant de me voir l'accuser du regard. Maya ... Non ... Ce n'est pas ce que tu crois ...
- Alors c'est toi ?! m'écrie-je furieuse.
- Oui mais ...
- Mais quoi ?! Quelle raison de me trahir vas-tu me sortir ?! Je te faisais confiance et toi, tu me plantes un couteau dans le dos !
- Tu ne comprends pas."

Elle se lève et se tourne dos à moi comme prise de culpabilité pourtant son comportement me trouble et quand je vois une employée passer, je lui fais signe d'appeler le numéro d'urgence. Je n'ai jamais su qui est-ce que ça appelait mais mon père avait instauré cette règle : quand quelque chose nous parait suspect, il faut demander à un employé d'appeler le numéro d'urgence et une personne désignée à l'époque par mon père, viendra vérifier que tout va bien. L'employée acquiesce et accélère le pas en direction du téléphone. Tess se tourne subitement vers moi et pointe dans ma direction une revolver.

The GrenadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant