Disclaim : L'histoire appartient à LilyChoco et l'univers à Ankama
Partie10 : Retour au source
Seul, debout devant la grande baie vitrée du salon où il avait fait resurgir tant de souvenirs, Weldor observa, avec un léger sourire sur les lèvres, sa petite protégée attraper la main du Iop et l'entraîner dans le jeu en cours. Rapidement, la partie de trappe-trappe qui avait été engagé se transforma en une véritable course poursuite et des rires résonnèrent jusqu'à lui.
« -Je ne l'avais pas vu aussi joyeuse depuis des années, admit soudain le Crâ. »
Derrière lui, la silhouette fine de Léyène se découpait dans l'embrasure de la porte. Comme il lui tournait le dos, il n'avait aucun moyen de savoir qu'elle était là mais elle ne fut pas surprise qu'il l'ait deviné. Weldor avait toujours été quelqu'un de très instinctif et quand quelqu'un l'observait, il le ressentait d'une manière ou d'une autre. Sa déclaration apprit aussi à la demi-déesse qu'il savait que c'était elle et nul autre qui l'observait : il n'aurait jamais dit cela aux trois autres alors qu'il venait tout juste de les rencontrer.
La jeune femme s'avança à sa hauteur et s'arrêta un instant pour contempler la petite Evangelyne avant de finalement se tourner vers le guerrier. Weldor semblait soucieux.
« -Penses tu qu'elle reconnaisse en Tristepin son ami ? Demanda le Crâ au bout d'un instant sans quitter du regard l'enfant. »
Le Crâ avait remarqué que la petite Evangelyne avait accepté très facilement le nouveau venu alors qu'elle avait semblé plus réservé quand il l'avait présenté à Yugo et Adamaï. La Sacrieur comprit ce que l'archer se demandait : sa mémoire revenait-elle ou était-elle plus liée à Tristepin qu'aux jumeaux ?
« -Non, souffla t-elle après s'être à nouveau tourné vers l'enfant. Mérion est persuadé que c'est impossible. Je pense qu'elle sait juste qu'elle peut se fier au gens que lui présente son frère et son mentor. Aussi longtemps que vous êtes près d'elle, elle aura confiance en ceux qu'elle a oubliés. »
Léyène se tourna vers le guerrier.
« -Elle a vraiment une confiance aveugle en toi, affirma la Sacrieur, sur un ton admiratif. »
La jeune femme vit les lèvres de Weldor s'incurver dans un demi-sourire mais son air soucieux ne le quitta pas et elle vit quelque chose dans son regard qu'elle ne sut pas déterminer. Sachant que la question qu'il lui avait posée n'était pas son principal sujet d'inquiétude, Léyène attendit qu'il se décide à se confier. Aucun d'eux ne parla pendant un moment mais finalement, le Crâ rompit le silence.
« -Je me demande si c'est une bonne chose... »
Ne comprenant pas de quoi il parlait, Léyène se retourna vers lui, les sourcils froncés.
« -Evangelyne aurait eu une vie moins risquée si je ne l'avais pas pris sous mon aile, soupira Weldor. Elle aurait grandi comme une enfant normal dans une famille d'adoption avec son frère et sa sœur au lieu de devenir une guerrière et une élue pourchassée et blessée. Elle aurait été heureuse... »
La demi-déesse comprit que voir ainsi rire de façon insouciante sa petite protégée avait fait surgir des remords chez l'archer. Il se sentait coupable !
« -Je ne mérites pas sa confiance, déclara le Crâ. »
Une main se posa alors sur son épaule et Léyène l'obligea à relever la tête pour croiser son regard.
« -Ne penses jamais ça, Weldor ! Gronda la demi-déesse. Sans toi, Evangelyne ne se serait sans doute jamais remis du meurtre de sa mère. C'est grâce à toi, à l'amour que toi et tes amis leur avaient donné, que ces enfants ont réussi à s'en sortir ! Une famille normale n'aurait jamais pu les comprendre et les aider ! »
Comme le Crâ ne semblait pas convaincu, Léyène posa ses deux mains sur ses joues pour le forcer à écouter et poursuivit.
« -Evangelyne est une élue ! Rappela la jeune femme. On ne devient pas une élue par choix mais parce qu'on y est destiné ! D'une façon ou d'une autre, elle serait rentrée en possession de l'objet sacré de Crâ parce que c'était son destin de le porter ! Mais jamais elle ne serait parvenue jusque là sans ton aide, soutint Léyène sur un ton plus doux. Sans toi, elle n'aurait peut être jamais eu la force de supporter toutes les épreuves qu'elle a subit.
-Sans moi, Léyène, elle aurait toujours une sœur pour veiller sur elle, contra l'archer.
-Vraiment ? Mais si tu ne les avais pas emmené au temple Crâ, Emmanyelle aurait elle eu la formation requise pour veiller sur ses cadets ? Demanda la demi-déesse sarcastiquement avant de lever les mains au ciel. Avec des si, Weldor, on peut refaire le monde ! Le passé est le passé. Le destin d'Evangelyne était de devenir une élue et toi, tu as été là pour la guider jusqu'au bout alors que nous, les demi-dieux, ignorions même jusqu'à son existence. »
Léyène hésita un instant avant de pousser un soupir.
« -Aussi horrible que ça puisse paraître, souffla t-elle. Je crois qu'Emmanyelle devait mourir pour obliger Evangelyne à se servir de l'Arc de Crâ. Tu n'es pour rien dans la perte de sa sœur, Weldor. En revanche, tu y es pour beaucoup dans ce qu'elle est devenue : une guerrière forte et accomplie !
-Qui est obligée de mentir à tous ses proches parce que je veux préserver sa sécurité, ajouta le Crâ. Sa situation avec Amalia est entièrement ma faute.
-La princesse finira par comprendre, affirma la Sacrieur. Tu as bien fait de l'amener parmi les Sadida, Evangelyne avait besoin d'une amie comme Amalia qui à la fois savait tout ce qui était important et ignorait ce qu'elle avait besoin d'oublier.
-Je suis toujours convaincu que je ne suis pas une bonne chose pour Evangelyne, avoua Weldor. Je pourrais la laisser vivre en paix maintenant qu'elle a récupérer l'innocence d'un enfant mais là encore je vais tout faire pour qu'elle redevienne qui elle était en sachant pourtant ce qui l'attend.
- On n'a pas d'autre choix, Weldor, soutint la demi-déesse. Mais tu ne dois jamais douter de l'effet bénéfique que tu as sur Evangelyne...
-Qu'est ce que tu en sais ? Grogna l'archer.
-Je le sais parce que je te connais, murmura la jeune femme en posant une main délicatement sur la joue du guerrier. Quand nous nous sommes rencontrés, tu étais encore torturé par les événements qui avaient provoqué la mort d'Evangelyne et de Cehléf. Pourtant, malgré la peine et la souffrance qui pesaient sur toi, tu a réussi à tenir et te battre pour continuer et aider tes autres amis qui souffraient aussi. Et c'est ce tempérament combatif et altruiste qui, je suis sûre, à aider Evangelyne et son frère à se relever et se battre pour vivre. »
Léyène lui donna un faible sourire et pencha légèrement la tête sur le coté.
« -C'est cette force qui m'a toujours fait penser que tu serais amené à faire de grande chose, admit la Sacrieur. Je n'ai pas été surprise quand tu as reçu ta flèche d'Or, ni quand tu es devenu l'un des représentants du temple Crâ, alors que tu étais encore si jeune. »
Weldor haussa un sourcil.
« -Tu m'observais ? S'étonna le Crâ qui avait compris qu'elle ne tenait pas ces informations de ce qu'il avait pu raconter quelques temps avant mais qu'elle le savait depuis longtemps.
-Disons que je gardais un œil sur tes progrès, avoua la demi-déesse. »
Elle enleva cependant sa main de la joue du Crâ en se sentant d'un coup devenir beaucoup moins confiante face au regard scrutateur de l'archer. Si elle n'était pas aussi maîtresse d'elle même, elle était persuadée qu'elle se serait mise à rougir. Chose qu'elle trouvait complètement ridicule de la part de la fille d'une déesse ! Mais elle avait toujours réagit de façon étrange à proximité de Weldor.
« -De loin, précisa t-elle reculant d'un pas. »
Weldor alla dire quelque chose quand Goultard entra dans la pièce.
Le moment d'intimité et de confidence était fini.
« -Léyène, on ne va pas tarder à partir, l'informa le Iop. Mérion pense que ce serait bien de prendre le temps de dire un mot à Evangelyne et de parler de quelques trucs avec ses gardiens.
-Ok, accepta la Sacrieur. Je te suis. »
Le demi-dieu fit demi-tour et Léyène lui emboîta le pas. Elle était sur le point de passer la porte quand Weldor l'appela. Quand elle se retourna, elle remarqua que la culpabilité qui avait marqué le visage du Crâ quelques instants plus tôt, avait, si ce n'est pas disparu, nettement diminuée.
« -Merci, souffla Weldor avec un sourire. »
La fille de Sacrieur hocha doucement la tête puis partit, sachant très bien que maintenant qu'il avait mis de coté ses doutes, l'archer allait pouvoir avancer.
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Léyène se dirigea d'un pas décidé vers le groupe de jeunes, ne laissant rien paraître de sa confusion intérieure. Ses retrouvailles imprévues avec Weldor la touchaient plus qu'elle ne voulait bien se l'avouer. Ajouté à cela les petits sourires et les regards de Goultard depuis que celui-ci avait compris que la Sacrieur et le Crâ se connaissaient, et elle ne savait plus quoi penser !
La fille de la Déesse Sacrieur était quasiment aussi âgée que Goultard. Comme lui, elle avait eu le temps de vivre de nombreuses aventures, romantique aussi bien que chevaleresque. Le fait qu'elle vieillissait moins vite qu'un humain normal aidant beaucoup aux deux. Mais, contrairement au demi-dieu Iop, elle ne s'était jamais attachée à quelqu'un au point d'avoir une vie presque normale. Du moins jusqu'à ce qu'elle rencontre Weldor. Par amour pour ce jeune archer, elle avait presque rompu sa propre décision de rester une louve solitaire. Sans attache. Sans faiblesse. Presque !
Mais la fille de Sacrieur était trop rationnelle pour oublier qu'elle était quasi-immortelle...alors que lui ne l'était pas. Au fil de temps, Weldor aurait compris qui elle était en ne la voyant pas vieillir et elle avait eu peur qu'il ne la rejette pour ça. Mais par dessus tout, elle avait eu peur de le perdre alors qu'elle continuerait à vivre pendant certainement de très longues années.
Prendre la décision de rester loin avait paru plus simple, plus rassurant. Mais pas moins douloureux. La distance aidant, elle avait pourtant fini par se persuader que c'était mieux ainsi et que si elle le revoyait, son cœur resterait sagement dans sa poitrine. Mais cela ne s'était pas passé ainsi. Un simple regard et son cœur s'était remit à battre plus fort que jamais, la perdant dans le tourbillon d'émotions que subissait généralement les mortels et la faisant ainsi douter de sa décision de rester loin du Crâ. L'amour. Et elle qui croyait en être à l'abri !
Elle n'était pas sans émotion, loin de là. Chaque amant avait été important mais ils n'avaient été que ça. Des amants. Pour Weldor, les choses étaient différentes. Elle s'était attachée et avait créé inconsciemment et contre sa volonté, une dépendance.
Goultard avait vu cela, malgré le fait qu'elle cachait bien ses émotions. Il avait vu sa surprise en retrouvant Weldor, ses doutes et sa gêne quand elle avait su que le Crâ avait compris qui elle était, sa familiarité quand elle avait combattu aux cotés de l'archer, son attachement quand elle avait regardé le mentor retrouver l'enfant qui avait été sa protégée et enfin son amour pour Weldor quand elle l'observait en pensant que personne ne la voyait. Et comme tout Iop qui se respecte, il souriait bêtement à l'idée que son amie, la guerrière Sacrieur indépendante et solitaire, soit prise au piège de la toile complexe que forme l'Amour.
Léyène savait que Goultard n'avait pas été témoin de leur conversation. Si cela avait été le cas, il ne les aurait pas interrompu, attendant plutôt de voir où le sujet les menaient. Dire qu'elle avait avoué avoir suivi le parcours du Crâ! En fait, si ce n'est pour le sourire taquin de je-sais-très-bien-ce-qui-se-passe-dans-ta-tête-et-je-ne-te-laisserai-pas-en-entendre-la-fin que le Iop lui avait donné alors qu'ils quittaient la pièce, Léyène aurait été reconnaissante de son interruption. Heureusement, elle avait prévu de voyager avec Mérion tandis que Goultard allait avec Cébane. Au moins, elle n'aurait pas à faire disparaître ce sourire niais à coup d'épée ! Quoique l'idée était tentante...
Un léger sourire sur les lèvres à la pensée, Léyène mit de coté ses réflexions sur le Crâ alors qu'elle et Goultard atteignaient le groupe d'amis. Le jeu semblait s'être calmé. Les participants, un peu essoufflés, étaient assis par terre et discutés. Jamais très loin de son frère, la petite Evangelyne se tenait en tailleur, une boule de poil, que la guerrière reconnue comme étant le chien de Ruel, sur ses genoux, une autre dans le creux de ses bras, au pelage il s'agissait de Kamasutar junior, et enfin, une boule de plume blanche et bleue perchée sur son épaule. Yugo et Tristepin étaient assis en face des deux Crâ et, même si elle ne le voyait pas, la demi-déesse devinait la présence de Raven non loin du petit groupe. Humains et Animaux semblaient prendre conscience de l'importance de veiller sur la sécurité de l'enfant. Cela rassura Léyène.
Malgré le fait qu'elle ne la connaissait que depuis peu et qu'elle n'avait passé que quelques instants avec elle, Léyène s'était attachée à Evangelyne. La jeune femme comme l'enfant. Elle avait eu l'impression d'être liée à elle. Pas parce que c'était une élue, mais parce que la jeune Crâ et elle semblait avoir beaucoup en commun. L'histoire que Weldor avait raconté confirmée sa première impression, bien que son passé soit moins dramatique que celui de Eva. Elles avaient une personnalité assez proche. De fait, avant même de savoir qu'elle était une élue, elle avait ressenti le besoin de protéger la jeune archère. Sans doute un tour des dieux. Mais qu'importe, elle voulait protéger cette enfant ! Et devoir la laisser maintenant l'inquiétait...énormément.
C'était une sensation étrange pour la demi-déesse, de s'en faire autant pour ce petit être alors qu'elle n'avait jamais eu une once d'instinct maternelle. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas les enfants mais c'était une guerrière, elle n'était pas particulièrement du genre tendre et câline ! Pourtant quand elle croisait les grands yeux verts de la petite Evangelyne, Léyène sentait son cœur fondre.
« -Vous venez faire une course poursuite avec nous ? Railla Raphaël qui savait très bien qu'inviter un demi-dieu serait perdre. »
Léyène laissa échapper un petit rire avant de voir le sourire plein d'espoir de la fillette.
« -Malheureusement, non, s'excusa la Sacrieur en s'adressant principalement à Lily. Nous devons partir.
-Où ? Interrogea la petite Crâ en fronçant les sourcils.
-Vers nos temples afin de récupérer des objets importants, admit la Sacrieur. »
Lily laissa échapper un petit cri avant de bondir sur ses pieds faisant dégringoler le chiot de ses jambes. Déséquilibré, Az s'envola un instant avant de revenir se poser sur son épaule.
« -On peut venir avec vous ? Demanda l'enfant en sautillant presque sur ses pieds. »
Léyène n'eut pas de mal à deviner qui était le 'on'. Dans la tête de la petite fille, où elle allait, son frère venait. Mais la Sacrieur eut l'impression qu'elle pensait aussi à ses nouveaux amis.
Un petit rire derrière elle fit se retourner la guerrière qui vit alors Goultard les rejoindre en observant la fillette. Le Iop tourna la tête vers elle avec un sourire narquois et lui murmura un 'bonne chance avec ça' auquel la Sacrieur répondit avec un regard noir. Elle maîtrisait des combattants entraînés et dangereux sans le moindre problème, elle pouvait gérer une enfant. Du moins c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle se tourne à nouveau vers les yeux implorants de la petite Evangelyne. Sentant sa résolution s'effriter face à ce regard, Léyène avala la boule qui se formait dans sa gorge avant de s'agenouiller devant la petite fille.
« -Lily, commença la Sacrieur en évitant le plus possible ses yeux verts pleins d'espoir, j'aurais vraiment aimé... et peut être une autre fois, s'empressa t-elle d'ajouter face à la décomposition du visage de l'enfant. Mais pour le moment, il y a trop de danger, alors tu vas rester avec ton frère et tes amis qui te protégeront et nous reviendrons vite.
-Mais si c'est dangereux, pourquoi vous y aller ? Questionna Lily avec l'innocence d'un enfant et Léyène se rendit compte que la petite s'inquiétait pour eux malgré le fait qu'elle ne les connaissait à peine.
-Parce que l'on doit le faire, répondit simplement la jeune femme. Mais ne t'inquiètes pas, on sait se défendre.
-Et on ne part pas longtemps, ajouta Mérion en les rejoignant, accompagné de Cébane. On se retrouvera tous au temple Crâ. »
Un grand sourire apparu sur le visage de la petite fille.
« -Cool ! Je vous ferais visiter ! Se désigna Evangelyne, oubliant que le temple n'était plus chez elle depuis plusieurs années.
-On y compte bien, sourit Léyène. Mais en attendant, tu dois rester avec ton frère. Ici !
-Interdiction de quitter la demeure Stroud sans l'un d'entre eux, prévint Cébane qui avait compris, d'après l'histoire de Weldor, quel type d'enfant Lily pouvait être.
-Promis ? Exigea la Sacrieur. »
L'enfant fit la moue à l'idée de voir sa liberté restreinte. Mais la demeure de Ruel était grande et elle savait quand il était important d'obéir aux ordres.
« -Promis ! Déclara Evangelyne avant de nouer ses petits bras autour du cou de la Sacrieur. »
Surprise, la guerrière accepta l'étreinte sous le regard amusé des trois autres demi-dieux.
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L'homme en noir bouillonnait de rage et de haine.
Son plan lui avait pris énormément de temps. Des années s'étaient écoulées depuis le moment où il avait commencé à le mettre en place. Des années qu'il avait passé dans l'ombre à manipuler et comploter. Il avait rassemblé sous ses ordres un réseau plus important que ce que le conseil pouvait soupçonner. Des hommes et des femmes, aux quatre coins du monde des Douze, qu'il avait soumis par la force et qu'il contrôlait par la peur. Pourtant, malgré tous ses contacts, il ne pouvait mettre la main sur la demeure des Stroud !
Les Enutrof étaient réputés pour dissimuler et cacher leurs trésors. L'emplacement de leurs demeures était généralement inconnu. Et cela était d'autant plus vrai lorsqu'il s'agissait de la famille Stroud, connue pour être extrêmement avare et particulièrement paranoïaque quand il s'agissait de protéger son trésor. L'homme en noir le savait très bien. Mais sa patience était à bout ! Après tout ce temps, toutes ces années planifiées méticuleusement, son plan aurait dû être achevé ! Mais au lieu de ça, il avait été interrompu par une bande de soi-disant héros et était désormais freiné par le secret d'un Enutrof !
Ayant réussi à pénétrer les défenses du Temple du Dieu Radin, l'homme en noir considérait que la localisation d'une simple demeure ne devrait pas être si difficile et les échecs répétaient de ses hommes de mains atténués grandement sa patience et exacerbés sa colère. À voir la peur qui émanait du Crâ devant lui, cela devait se sentir.
La terreur qui se lisait sur le visage pâle de l'archer aurait, en d'autres circonstances, satisfait l'homme en noir. Mais ce n'était pas le cas. Il aurait pu aisément se défouler sur l'albinos mais il avait déjà perdu beaucoup d'hommes en se laissant emporter au château de Nosirp. Et enfoncer une épée dans le ventre du Crâ n'apaiserait en rien sa rage.
« -Envoyez des hommes aux temples Iop, Sacrieur, Eniripsa et Féca, déclara finalement l'Ombre sans cacher la colère et la menace dans sa voix. Les demi-dieux y seront. Ne les capturez pas. Faites les suivre. »
Il n'expliqua pas ses ordres et le Crâ n'attendit pas qu'il le fasse. L'archer partit sans demander son reste, persuadé que s'attarder signifiait risquer sa vie. Et il n'avait pas tort...
L'homme en noir se retourna et se posta à nouveau devant la fenêtre, son esprit occupé à remettre son plan sur les rails. Il savait que les demi-dieux retourneraient aux temples pour récupérer les objets sacrés de leurs parents respectifs afin qu'il ne puisse pas mettre la main dessus. Il savait aussi que chercher à les capturer ne fonctionnerait pas une seconde fois. Ils s'y attendraient, ils seraient prêts. Mais il savait aussi qu'ils ne resteraient pas longtemps loin de la petite Crâ. Désormais, ils devaient savoir qu'Evangelyne était l'élue. Instinctivement, les quatre enfants des dieux restant feront tout pour la protéger et donc ils retourneront auprès d'elle le plus vite possible... Et lui sera là pour voir où ils vont !
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Le guerrier sauta d'une branche à une autre avec plus d'agilité que la plus part des gens, excepté les Sadida, mais avec moins de grâce et d'élégance que sa propre protégée. Evangelyne avait beau ne pas être un membre du peuple de la forêt, elle avait toujours eu une certaine attirance pour cet univers et son peuple, et elle s'était très vite habituée à leur façon de vivre en harmonie avec la nature, gagnant rapidement une dextérité et une agilité digne d'une disciple Sadida. Weldor, lui, avait plus été contraint de s'y faire et il ressentait la différence dans chacun de ses gestes alors qu'il naviguait à travers les branches pour atteindre celle où se trouvait Amalia.
Par expérience, il savait qu'il valait mieux laisser la princesse réfléchir dans son coin avant d'intervenir. Il avait donc attendu un moment, durant lequel ses propres doutes l'avaient submergé, mais après sa discussion avec Léyène, il avait su qu'il était temps pour lui de confronter la jeune fille à ses sentiments.
Le départ des demi-dieux, puis le sien, impliquait que la confrérie veille sur Evangelyne avec Raphaël et Raven, et Weldor ne voulait pas leur confier sa protégée si des doutes persistaient chez l'un d'entre eux. Il avait vu Raven parler à Tristepin, il ne restait donc plus que Amalia. Évidemment, la princesse, même en colère contre sa garde du corps, ne la mettrait pas volontairement en danger. Mais en prenant ses distances, la Sadidette risquait d'être moins efficace si un combat se profilait. Et Weldor savait, que même si elle ne se rappelait plus de la jeune Sadida, sa protégée serait heureuse d'avoir une amie à ses cotés.
Quand l'archer atteignit enfin le perchoir de la jeune fille, elle ne le regarda même pas et ignora sa présence. Nullement surpris, Weldor pris tranquillement le temps de s'installer sur la branche. Les jambes se balançant dans le vide, il observa la cour en dessous d'eux où se trouvaient les autres et fit comme si il était seul dans l'arbre.
Amalia commença d'abord par ignorer sa présence. Quand elle l'avait senti grimper l'arbre où elle s'était réfugiée, elle avait pensé quitter son abri mais elle savait que le Crâ la suivrait où qu'elle aille. Quand il le voulait, Weldor était aussi têtue qu' Evangelyne... ou qu'elle même. Alors elle était restée et avait décidé de l'ignorer, feignant de ne pas l'avoir remarqué. Mais rapidement, le mutisme de l'archer gagna sur sa volonté et son énervement, et même si elle savait que c'était son but, elle ne put empêcher de briser le silence.
« -Je n'ai pas envie de vous écouter la justifier, Weldor ! Marmonna la princesse sans prendre la peine de le regarder.
-Je ne suis pas là pour ça, répondit simplement le Crâ. »
Surprise, Amalia se tourna vers le Crâ qui indiqua la cour de la tête.
« -Je suis juste venue voir la vue, déclara le guerrier en haussant les épaules. »
N'en croyant pas un mot, Amalia fronça les sourcils et le guerrier lui fit alors un sourire innocent tellement peu convaincant qu'elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel et elle sentit alors ses lèvres s'étirer dans un faible sourire. Weldor avait l'habitude quand elle était petite de l'imiter. Et une des imitations favorites de l'archer était celle qu'elle faisait quand elle feignait l'innocence face à son père.
Son sourire retomba cependant bien vite quand elle quitta du regard le Crâ et que ses yeux se posèrent à nouveau sur la petite Evangelyne qui jouait en contre bas. Le besoin se fit alors trop grand et sans y penser, les mots sortirent de sa bouche.
« -Je n'avais jamais compris la raison de son silence, avoua Amalia dans un souffle, parlant plus pour elle que pour le Crâ. Son passé était une énigme...même pour moi. J'avais fini par croire qu'elle avait eu une enfance banale, une famille simple. Peut être une multitude de frères et sœurs chamailleurs qui auraient forgé son caractère impassible et parfait pour sa mission : ma protection. Il faut dire que je n'ai pas été facile avec elle... mais malgré ça, nous avons toujours été proches, enfin... je le croyais... »
Weldor posa une main sur l'épaule de la Sadidette qui tourna son regard vers lui.
« -Tu es une des personnes les plus proches d'Evangelyne, Amalia, affirma le Crâ. Ne doutes jamais de ça.
-Apparemment pas assez pour qu'elle me parle de son histoire, contra la Sadida.
-Son histoire, comme tu as pu l'entendre, est difficile et douloureuse à partager. Tu ne peux pas lui en vouloir de ne pas en parler, fit remarquer Weldor, qui souffrait lui même en pensant à ce passé.
-Non, je comprends cela. Je...Elle m'avait dit qu'elle était orpheline et je n'ai jamais voulu poser de questions sur le sujet. Elle semblait trop en souffrir, se rappela Amalia. Mais elle aurait pu me parler de son frère et elle ne l'a pas fait !
-Parce qu'ils ne peuvent pas se voir souvent et Evangelyne en souffrait aussi. Te parler de son frère, impliquait te parler de la raison pour laquelle elle ne pouvait pas le voir autant qu'elle le voulait et donc te parler du fait qu'elle était une élue, expliqua l'archer.
-Elle aurait pu me dire qu'elle était une élue, fit remarquer la princesse froidement.
-Sauf que je le lui avais interdit, avoua le guerrier. Le moins de monde était au courant, le moins elle était en danger. Amalia, tu dois comprendre. J'ai juré de la protéger et je suis près à tout pour ça. J'ai caché la vérité à tes parents de sorte qu'Evangelyne est la vie la plus normal possible. Si cela s'était su, Evangelyne aurait été placée sous protection et vous ne vous seriez jamais connues. Quant à te le dire à toi, comment penses tu que tu aurais réagi en apprenant qui elle était vraiment ? Serais tu devenue amie avec elle ? »
Amalia s'apprêta à affirmer que oui, elle serait quand même devenue son amie mais le regard perçant du Crâ sur elle l'arrêta et elle réfléchit à la question. Un élu était quelqu'un qui avait généralement une vie dangereuse et compliquée avec beaucoup d'ennemi voulant le tuer pour contrecarrer les plans des dieux. Ça elle le savait depuis longtemps. Enfant, elle admirait les légendes sur les élus mais elle aurait sans doute craint de se retrouver dans la vie de l'un d'eux.
« -Peut être pas, admit elle en baissant la tête. Mais pourquoi ne pas me dire pour son frère ? Questionna t-elle encore après un moment de silence. En quoi cela impliquait de parler du fait qu'elle était une élue ? »
Weldor hésita un instant avant de décider qu'il n'y avait de toute façon plus rien à cacher.
« -Raphaël et Evangelyne ne peuvent pas passer trop de temps ensemble, cela leur est interdit.
-Par qui ? Interrogea Amalia sans comprendre qui pouvait les en empêcher.
-Pas par qui mais par quoi, déclara le Crâ. Evangelyne fait l'objet d'une prophétie qui les tient à distance. Te parler de son frère, impliquait te parler de cette prophétie et donc de qui elle était... »
Les rues étaient noirs de monde. Pire encore que Bonta un jour de marché, la petite ville de Phopré était inondée de gens venus d'un peu partout assister à la si populaire fête de l'équinoxe d'automne. Un brouhaha constant de discussion, de musique et de rire flottait sur la ville. Des forains, des marchands, des visiteurs déguisés ou non...une foule importante arpentait des rues bordaient de grandes maisons joliment décorées pour cette occasion.
Parmi tout ce monde, Evangelyne se sentait toute petite. Malgré ses huit ans, elle avait déjà assisté à beaucoup d'événements mais elle ne pouvait s'empêcher de s'émerveiller face à cette foule joyeuse et délirante.
« -Eva ? »
La petite Crâ avait ralenti pour observer un groupe d'acrobate qui commençait à faire une pyramide humaine sous les yeux écarquillés de la foule qui se regroupait autour d'eux.
« -Eva ? »
Une main se posa sur son épaule et la fillette détacha son regard du jongleur qui se tenait au sommet de la pyramide pour se retrouver face à son frère. Son mentor et Vénor les attendaient un peu plus loin. Evangelyne comprit vite qu'ils l'avaient appelé plusieurs fois sans réponse. Elle n'était pas encore trop habituée à se faire appeler Eva et encore moins par son frère et leurs mentors ! Quand ils étaient que tous les quatre, soit la majeure partie du temps puisqu'ils voyageaient beaucoup, ils l'appelaient Lily.
« -Désolée, murmura t-elle quand elle et son frère rejoignirent les deux archers.
-Et si vous restiez ici voir les jeux et autres pendant qu'on s'occupe des trucs barbants, proposa Vénor. »
Les deux petits Crâ s'exclamèrent aussitôt de joie. Les deux guerriers avaient été sollicités par leur ancien maître Alzénar pour aller récupérer un manuscrit auprès d'un vieux Crâ qui vivait à Phopré. Ce n'était pas une mission importante mais ils étaient à proximité et devaient retrouver Alzénar à Bonta peu de temps après alors c'était une bonne occasion. Évidemment, ils avaient atteint la cité juste pendant la période des fêtes et les deux enfants avaient la tête ailleurs.
« -Restez ensemble et n'allez pas très loin, prévint Weldor en jetant un regard un peu inquiet à sa protégée.
-Allez maman poule, se moqua son aîné, ça ira. »
Après avoir choisi un lieu où se rejoindre environ une heure plus tard, les deux frères partirent laissant les deux enfants profiter de la fête pendant un moment. Raphaël et Evangelyne continuèrent d'abord à regarder les acrobates avant de se diriger vers des cracheurs de feu puis des musiciens et des danseurs...Quand enfin, l'heure du rendez-vous approcha, ils se dirigèrent vers la place où les deux Crâ devaient les rejoindre, tout en profitant des festivités.
Evangelyne suivait son frère tout en observant les vitrines décorées des diverses boutiques qui encadraient la rue, quand soudain elle heurta quelqu'un.
« -Pardon, je suis désolée, s'excusa t-elle tandis que l'homme se retourner pour lui faire face. »
C'était un Ecaflip. Un grand sourire sur son visage, il balaya de la main son excuse.
« -Ce n'est rien, petite Crâ, c'est moi j'aurais du regarder où j'allais. »
L'homme expliqua qu'il marchait à reculons pour parler à ses amis, avant de la percuter. Evangelyne remarqua alors que effectivement, un groupe de Féca et d'Ecaflip de différents âges l'accompagnait. Ils avaient tous des costumes un peu étranges, un air taquin, et d'étranges instruments.
« -On va faire des spectacles de magie, expliqua l'Ecaflip face à l'air perplexe et curieux de la fillette. Pour m'excuser, veux tu que je te lisse ton avenir dans les cartes ? »
Avec un grand sourire, il sortit un paquet de carte de nulle part et joua avec, les faisant apparaître et disparaître, attirant l'attention de plusieurs passants.
« -Euh non, merci c'est gentil mais je ne préfère pas, refusa poliment la petite Crâ, qui n'aimait pas du tout l'idée d'avoir un avenir tout tracé.
-Oh tu es sûre ? Demanda l'Ecaflip un peu déçu.
-Ah Pete, laisses la demoiselle, tu vois bien que tes prédictions n'intéressent personnes, intervint un Féca avant de se tourner vers Eva. Tout le monde préfère mes tours, est ce que tu veux que...
-Désolée, le coupa Evangelyne mais je dois vraiment rejoindre mon frère. »
Elle indiqua Raphaël qui l'attendait à quelques pas et le dénommé Pete se moqua alors de son ami. Profitant que les deux hommes se chamaillaient pour savoir lequel de leur tour était le meilleur, la Crâ se faufila à travers leur groupe de magicien pour rejoindre son frère quand soudain quelqu'un attrapa son bras. Surprise, elle se retourna et se retrouva face à une vieille Féca aux cheveux bleus pâles et aux yeux d'un blanc vitreux étrange qui lui donnèrent l'impression d'être analysée jusqu'au fond de son âme. Un peu apeurée par le regard de cette femme, Evangelyne essaya de se défaire de la prise qu'elle avait sur son poignet mais la vieille dame ne lâcha pas.
« -Lâchez moi, s'il vous plaît, demanda la fillette.
-Tu es l'élue ! Marmonna la femme. »
Evangelyne se figea. Affolée que cette femme sache cela, elle essaya de se libérer mais la prise de la vieille Féca se resserra. Raphaël remarqua que quelque chose n'allait pas et accourut aussitôt vers sa sœur.
« -Lâchez là, grogna t-il en attrapant le bras de la femme. »
Mais au lieu d'obéir, la vieille dame poussa le garçon au sol de son bras libre avant de tirer la petite Crâ à elle et lui souffler à l'oreille :
« -Tant que l'élue ne s'acceptera pas comme telle, la proximité de ceux de son sang sera fatale à ce qu'elle est ! »
Pétrifiée, Evangelyne ne put que regarder les yeux translucides de la vieille Féca quand soudain quelqu'un attrapa la femme et l'éloigna brusquement d'elle. En une fraction de seconde, Eva se retrouva à l'abri derrière Weldor et Raphaël tandis que Vénor tenait la Féca à distance. Les deux guerriers Crâ avaient aperçu de loin l'interaction alors qu'ils venaient juste de rejoindre le point de rendez-vous.
Des gens dans la foule s'arrêtèrent pour regarder mais personne ne semblait avoir remarqué ce qu'il s'était passé. Pete et ses amis vinrent aussitôt auprès de la Féca dont les yeux virèrent soudainement aux bleus foncés. La femme sembla alors un peu désorientée et un des Féca du groupe l'aida à tenir debout.
« -Je peux savoir ce qu'il se passe ? Grogna Weldor mécontent.
-Euh Désolé, ça lui arrive de temps en temps, expliqua Pete. Elle est comme possédée et prédit des choses.
-Des choses ? Répéta Vénor, suspicieux. Quel genre de chose ?
-Je ne sais pas trop, ça dépend des personnes. Elle ne s'en rappelle pas généralement. Mais votre petite pourra mieux vous dire, fit remarquer l'Ecaflip s'approchant d' Eva, toujours choquée. »
Weldor s'interposa et lui lança un regard menaçant. Pete sembla comprendre et leva les mains en l'air en signe de soumission avant de s'éloigner avec le reste de son groupe. Weldor attendit qu'ils soient partis avant d'attraper Evangelyne dans ses bras et, suivit de son frère et de Raphaël, ils quittèrent la ville.
Ce n'est qu'une fois à l'extérieure de la cité qu'ils demandèrent à Evangelyne de leur dire mot pour mot la prophétie de l'étrange femme. D'abord sceptiques, aucuns d'eux ne crut à cette étrange tirade. Mais quand environ deux semaines après la petite Crâ attrapa une maladie rare et ne se mit à aller mieux que quand Vénor et Raphaël partirent chercher une plante pour l'Eniripsa, les deux archers se demandèrent si la prophétie n'était pas si juste que ça.
« -Vous voulez dire que si Eva reste avec son frère, elle va mourir ? Demanda Amalia surprise.
-Apparemment, souffla Weldor. On a jamais pris le risque d'aller jusque là mais à chaque fois qu'ils sont ensemble, passé deux à trois semaines, quelque chose se passe. Une fois, Eva est tombée malade, une autre fois, elle a failli recevoir une flèche, encore une autre fois, elle a failli se noyer... Toujours des accidents mais toujours potentiellement mortel, comme une menace. C'est la raison pour laquelle elle ne te parlait pas de son frère. »
Amalia comprenait mieux et, d'une certaine manière, accepta cette explication. Mais elle n'avait pas encore pardonné à Eva.
« -Excepté sa famille, qui est un sujet sensible, poursuivit Weldor qui savait que la Sadidette se posait encore des questions qu'en à son amitié pour Evangelyne. Elle te parlait de tout. Tu sais beaucoup de choses sur elle.
-Mais pas le plus important, marmonna la princesse.
-C'était le passé, Amalia. Avec toi, Evangelyne vivait dans le présent, fit remarquer le Crâ.
-Mais tout cela n'était qu'un mensonge Weldor ! S'exclama la Sadida, avant de pointer du doigts la petite Crâ en contre bas. Cette enfant n'a rien en commun avec la Eva que je croyais connaître !
-En effet, elle est plus joyeuse et insouciante que l'amie que tu as eu mais...
-Je ne parle pas de ce qu'elle a traversé, coupa Amalia. Oui, son passé l'a marqué et je le comprends. Mais enfin regardez là, Weldor ! Elle est physiquement tout ce qu'Eva disait ne pas aimer ! Elle...elle porte une robe ! »
En d'autre circonstance, le Crâ aurait sûrement ri en voyant le visage si incrédule de la princesse qui donnait l'impression de venir de dire le plus gros blasphème possible.
« -Bon sang, Weldor, on devait manigancer et batailler pendant des heures pour lui faire enfiler quelque chose d'un tant soit peu féminin ! Et là, j'apprends qu'enfant, elle était plus coquette que moi à son âge ! Et je ne parle même pas de ses cheveux ! Rajouta la Sadida en levant les yeux au ciel. J'ai mi des années à la convaincre de se les laisser pousser alors qu'en fait elle adore les avoir long !
-Ce n'est pas ce que tu crois, Amalia. Evangelyne ne t'a jamais menti, dit calmement l'archer.
-Vraiment ? Se moqua la princesse. Parce que tout va dans ce sens pourtant. »
Weldor poussa un soupir.
« -Tu as raison, admit le Crâ. La petite Evangelyne que tu vois là, est tout ce qu'il y a de plus banale pour une fillette de son âge. Elle aime les robes, les bijoux, les fleurs et elle ADORE avoir les cheveux longs ! Ajouta-il de façon exagéré. »
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres tandis que son regard contemplait des choses que seul lui pouvait voir.
« -Emmanyelle cultivait cela chez elle. »
Amalia resta silencieuse au nom de la sœur d'Eva et attendit sagement qu'il poursuive.
« -Cevelyne était une guerrière mais elle avait toujours gardé un coté féminin très prononcé malgré le fait qu'elle ait été entourée d'hommes. Je suis sûre que c'est quelque chose qu'elle a développé chez ses filles, partagea le Crâ. Quand on les a ramené, Emma, en tant qu'aîné, a pris soin de Raphaël et Lily. On était là pour prendre soin d'eux mais elle était là pour continuer à faire vivre le souvenir de leur mère. Elle le faisait par de petits gestes simples mais familiers et quotidiens. Comme coiffer les cheveux d'Evangelyne... »
Amalia savait pourquoi Weldor avait pris cet exemple. Tout de suite après avoir rencontré Eva, la princesse avait voulu coiffer la jeune Crâ et malgré de nombreuses protestations, la blondinette avait fini par accepter.
« -Ses cheveux, sa coquetterie... c'était des choses que Evangelyne partageait avec sa mère et sa sœur. Alors quand Emma a été tuée, elle a enterré tout cela avec elles. Littéralement, précisa le guerrier. Lors de l'enterrement de sa sœur, Elle a attrapé un couteau et avant que l'un de nous n'ait le temps de réagir, elle s'est coupée les cheveux et les a posés sur la tombe d'Emma. Un geste mal compris par la plupart des personnes présentes mais pour nous, c'était une promesse. La promesse de ne plus être cette petite fille fragile qui n'avait rien pu faire ! À ce moment là, elle est devenue la Eva que tu as connu. »
Weldor jeta un regard à la Sadida.
« -Mais tu dois comprendre, Amalia, continua l'archer. Evangelyne avait vraiment changé. Quand tu l'as connu, elle n'avait ni porté de robe, ni laissé ses cheveux pousser depuis des années. Elle en détestait la simple idée. Elle ne voulait même pas en entendre parler. Même son frère ne pouvait la faire changer d'avis... mais toi, tu as réussi. »
Amalia regarda le Crâ sans comprendre.
« -Je ne vois pas en quoi, dit la princesse. Eva était totalement contre l'idée de porter une robe.
-Certes, elle n'aime pas trop parce que c'est devenue une guerrière, mais elle le fait de temps en temps et tu es la seule à réussir à la convaincre de cela, fit remarquer Weldor. Comme tu es la seule à avoir réussi à la faire accepter de se laisser repousser les cheveux. Même si elle les accroche, c'est un grand pas pour elle.
-Pourquoi moi ? Demanda Amalia sans comprendre. Pourquoi avoir accepté mes caprices si elle n'écoutait même pas son frère. »
Weldor se pencha alors vers la princesse et lui murmura comme si c'était une confidence :
« -Parce que tu es celle qu'elle considère comme sa sœur. »
Amalia sentit alors toute la déception qu'elle avait eu vis à vis d'Evangelyne fondre comme neige au soleil alors qu'elle comprenait enfin. Elle se souvenait de la petite Crâ qui lui coiffait les cheveux le soir, l'aider à choisir des robes et à s'habiller, et passer du temps à contempler les fleurs du jardin royal avec elle. Evangelyne avait enterré ce coté de sa personnalité avec sa mère et sa sœur mais elle avait finalement trouvé en la petite Sadida, une sœur avec qui reproduire ce schéma. Et pour la première fois, Amalia ne douta pas que c'était comme telle qu'Evangelyne l'a considéré. Comme une sœur !
Weldor sourit en voyant la compréhension et l'acceptation sur le visage de la princesse. Certes, Evangelyne n'avait jamais vraiment renoué avec ce coté féminin qu'elle avait en elle, mais pour Amalia, elle avait fait un effort. Et c'était ces petits gestes qu'elle avait eu, et qui maintenant prenaient sens pour la Sadida, qui montraient l'affection qu'elle avait vraiment pour la princesse.
Le sourire aux lèvres, Weldor se leva et laissa la princesse. Il avait fait son travail. C'était maintenant à Amalia de découvrir auprès de la petite Evangelyne, que leur lien existait toujours.
Et oui je crois que sa fais un moment que vous attendiez ce chapitre j'éspère qu'il vous a plût et la suite arrive bientôt promis.
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Wakfu : Le passé d'Evangelyne
FanfictionL'histoire appartient a LilyChoco qui publie sur le site officiel de Wakfu. Pour ma première fanfic, j'ai décidé d'écrire une histoire qui serait à la fois sur la suite de la série et sur le passé du personnage d'Evangelyne sur lequel on a pas be...