Chapitre 1

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11 juin 2017 :

Devant son miroir, elle passe encore un dernier coup de mascara sur ses yeux beaucoup plus maquillés qu'à son habitude. Elle contemple son apparence finale une dernière fois, ses cheveux brun foncés sont tirés en arrière dans un chignon volontairement négligé, elle a un serre-tête argenté qui décore joliment sa coiffure. Son regard intense, parait si sincère, réellement heureux. Elle a mis un rouge-à-lèvre foncé et cela donne une touche encore plus mature à l'ensemble. Sa robe habillée mais toute fois très simple, n'est pas le genre de vêtement qu'elle porte habituellement, elle sait qu'elle va regretter ses jeans et ses joggings. Elle a un décolleté plutôt osé qui met en valeur sa petite poitrine, une chaîne en argent brille sur la peau bronzée de la jeune fille, ce cheval qui se cabre, représente toujours pour elle, la force, l'insouciance, la majesté. Elle a ce pendentif depuis toute petite. Le haut de la robe est décoré de fleurs roses sur un fond blanc. A partir de la taille, le tissu est un noir uni qui tombait sur ses genoux, elle s'attarde souvent sur ses jambes, les cicatrices qui ornent son corps sont encore plus difficile à cacher sur le bas de ses cuisses, durant les temps chauds, du moins. Ses chaussures à talons lui affinent ses mollets, elle est belle, mais elle se persuade du contraire.

Un masque pour cacher ta vraie nature, quel manque d'originalité ! 

Une voix en elle raille ce propos malsain depuis des mois déjà, Milia trésaille en l'entendant mais ce n'est qu'une parmi tant d'autre.                                                                                                                  

Voilà déjà quelques minutes qu'elle s'exerce à sourire, pour tenter de cacher sa peine au monde qu'elle devra étreindre et enlacer. Elle n'est pas convaincue d'elle-même. Elle ne comprend pas pourquoi sa famille doit se rendre à ce mariage alors que son grand-père est à l'hôpital, attendant son heure. Tous les cœurs de la famille sont à la peine, alors pourquoi, passer une journée en faisant croire le contraire ? Elle ne peut s'imaginer danser sur des musiques entraînantes, alors qu'à cette heure-ci elle aurait dû être au chevet de son grand-père. On frappe à la porte doucement et la voix de sa mère se fait entendre :

-Milia? 

 -Oui maman, tu peux entrer.

La silhouette de sa mère se dessine à l'entrée de la chambre et elle ne peut cacher le bonheur de voir sa fille aussi rayonnante. Elle la prend dans ses bras et lui répète à quel point elle est belle.   -Maman, je n'aime pas l'idée qu'on parte faire la fête pendant que Papy est à l'hôpital, dans un état que je n'ose même pas imaginer, à attendre que quelqu'un lui tienne compagnie.      

 - Nous ne pouvons pas arrêter de vivre à cause de tout ça, tu le sais bien, il faut bien que nous sortions au moins pour nous aérer l'esprit, tu ne penses pas ? Papy ne voudrait pas qu'on se terre à espérer un changement qui ne viendra pas, tu le sais très bien.

Milia sent ses larmes lui monter aux yeux et elle préfère clore la discussion qu'elle juge trop dure à supporter. Alors elle finit de se préparer et elle sort de chez elle pour monter dans la voiture. Durant le trajet qui ne dure que cinq minutes, elle a mis ses écouteurs pour se laisser emporter par la fiction de ses jolies pensées. Elle hait le monde extérieur, la réalité est trop amère. C'est comme si elle s'est fait piéger par un vent glacial qui l'a immobilisé devant toute ses âmes perdues similaires à elle, qui ne semblent pas vouloir vivre, mais pourtant la mort est trop luxueuse, surement, pour oser mettre fin aux jours qui font saigner les cœurs. Elle a compris qu'à travers chaque parole, il ne se dit que des mensonges, que le monde dans lequel elle vit n'habite que des personnes fausses, tout ce qu'elle voit n'est qu'une illusion de bonheur pour que la population est un projet collectif ; celui d'être heureux. Elle a arrêté de croire au bonheur depuis tellement de temps, laissant ses idées noires prendre le dessus, elle sait désormais, qu'elle a changé pour toujours. « Surtout ne dévoiles pas tes faiblesses, souris. » Elle se répète cette phrase autant de fois qu'elle le peut pour se donner le courage de faire face à la foule qu'elle devra saluer. La voiture se gare sur le parking et déjà, on peut voir que l'assemblée se tait et se retourne à l'intention de la famille de Milia. Elle inspire un bon coup et ouvre la portière. Quand elle pose son pied chaussé de l'escarpin noir sur le goudron elle entend des murmures à son insu et elle sent une sueur froide lui courir dans le dos. L'une des choses qu'elle a horreur c'est d'être l'attention de toute une foule, surtout quand celle-ci la critique. Elle se redresse et elle aurait voulu, à ce moment-là être quelqu'un d'autre. Elle se demande comment au mariage de sa cousine, l'attention n'est pas reportée sur les futurs mariés. Elle tente de sourire avec toute son assurance mais le malaise est si intense qu'à cet instant, le peu de confiance qu'elle avait réussi à canaliser s'est comme évaporée à cause du mal-être de la jeune fille. Elle laisse ses parents avancer pour qu'elle puisse se placer derrière. Quand un homme de la famille brise enfin le silence en les saluant, la gêne commence à s'évanouir, et les voix reprennent un timbre et une discussion normale. Alors les joyeuses intentions au moment d'embrasser la famille se multiplient envers Milia qui répond comme elle peut, se rappelant que ce n'est que de la politesse et que même si elle ne voulait pas répondre les gens ne s'en rendraient même pas compte. 

Cœur BattantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant