Cœur Battant

Chapitre 2

20 juillet 2017 :

Les jours passent et Milia ne sort guère de sa chambre, ses dialogues sont brefs et sa mère s'inquiète énormément. Ce soir-là, elle insiste pour que sa fille voit du monde, ses amis par exemple, et contre toute attente, la jeune fille accepte. En vérité, elle avait mentit, mais sa maison devenait pour elle oppressante au point de ne plus se sentir chez soi. Elle veut partir, une nuit entière, et prétend que ses amis sortent ce soir-là, et qu'elle dormait chez l'une d'elle. Son père la conduit au centre-ville où elle propose de continuer jusqu'au point de rendez-vous à pied. Alors elle a marché pendant des heures dans les rues les plus sombres, les plus dangereuses de la ville, toujours aussi seule. Elle a fumé les cigarettes qui lui reste encore dans son sac à main et elle sent la fumée envahir sa tête au point de voir trouble, depuis qu'elle est sous antidépresseur elle ne supporte plus avec autant de faciliter l'alcool et les cigarettes, il en vaut de même pour les drogues, lui avait assuré son médecin. Lassée de marcher, elle décide de se poser au bord du fleuve, pour ressentir une sensation presque aussi semblable que la mer, les nuits de pleines lunes. Là où la seule lumière provient des étoiles et de cet astre magnifique. Là, où le silence est bercé par les vagues qui se jettent doucement sur le rivage. Là où les odeurs se mélangent entre le sel, le sable et les poissons. Elle aime cet univers et ne se lasse pas du spectacle, elle sait que si elle doit fuguer s'est là-bas qu'elle irait.

Dans son esprit apaisé, une image apparaît, une mer qui s'étend à perte de vue entourée par des collines imposantes, dans cette univers arides, Milia se trouve sur un sentier qui se dessine sur les hauteurs. Perchée sur une éminence, elle admire la mer, les vagues s'abattre sur la rive, les vacanciers aussi petits que des Lego, le soleil rayonner sur l'ensemble, des cactus, des palmiers. Tout ce qui fait la beauté des paysages espagnols ce sont des souvenirs; ceux d'Andalousie, la maison de rêve de ses grand-parents, le lieu de toute son enfance, de toute une vie à rêver, jusqu'à maintenant.

Elle s'étend sur le quai qui tangue légèrement au rythme des ondulations de l'eau avec le nom de la plage qui surgit et qui lui colle soudain à la peau ; Monsul. Les étoiles émerveillent Milia et elle attribue la plus brillante à son grand-père, comme elle a toujours fait, la fixant pendant des heures. Elle s'endort dans une tranquillité, dans un bien-être qu'elle n'eut jamais cru pouvoir encore exister. Elle est brusquement arrachée de son rêve mielleux par un groupe de personnes de son âge, elle est encore mal réveillée pour réussir à distinguer dans la pénombre les inconnus présents à cet instant-là. Néanmoins certaines de ces voix lui sont familières et au bout de quelques secondes, elle reconnait son groupe d'amis avec qui elle avait dit qu'elle sortirait ce soir à ses parents.

-Milia, qu'est-ce que tu fais là toute seule ? Tu m'avais dit que tu ne pouvais pas sortir ce soir.

-Je sais, mais c'est un peu compliqué, je t'expliquerai plus tard.

-D'accord, mais ça fait super longtemps qu'on ne t'a pas vu, on t'a pourtant envoyé des messages alors pourquoi tu ne répondais pas ?

La jeune fille se sent de plus en plus mal à l'aise par cet interrogatoire qu'elle se pose encore aujourd'hui à elle-même. Elle sent une angoisse monter en elle sans trop savoir pourquoi, elle dévisage toutes les personnes autour d'elle et elle comprend soudain d'où lui vient cette anxiété croissante. Ce n'est pas ses yeux qui l'a averti du danger, mais plutôt son odorat qui a reconnu le parfum du garçon.

Le monstre de tes pensées est là, juste là, près de toi, il va te faire perdre le contrôle et moi je vais te voir t'engouffrer dans le chao éternel.

-Milia, tu es sûre que tu vas bien ? Répète son amie, Lisa.

Elle perd ses moyens, elle ne contrôle plus ses tristesses qu'elle dissimile depuis trop longtemps. « Surtout ne dévoile pas tes faiblesses. » Elle balbutie :