Chapitre 2

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"_ Entre. 

Sa parole est ferme, sèche et peu accueillante, tout le contraire de la grand-mère dont j'ai l'habitude de côtoyer. N'ayant pas l'habitude de ce genre de situation, je me retrouve assez déstabilisée. 

J'en profite alors pour avancer, et je remarque que cette barrière invisible a disparu. Je peux donc enfin entrer dans la maison. Je saute directement vers grand-mère pour lui faire un énorme câlin. Même si je suis devenue un monstre, cela ne m'empêche d'aimer ma famille. Lorsque je relève la tête, je vois grand-père qui se tient légèrement en retrait, nous observant avec inquiétude. 

Evidemment, le temps des retrouvailles ne dure pas longtemps. Une atmosphère pesante s'installe rapidement entre mes grand-parents et moi. Je me sens très mal à l'aise, je ne sais pas quoi leur dire. Comment sont-ils au courant de l'existence des vampires? Savent-ils depuis le début la véritable identité d'Eliot? *Non, non, non ça serait trop facile.*

_Euh... Grand-mère... Je peux tout t'expliquer. Je te jure que je n'y suis pour rien. Ce n'est pas ce que tu crois, je tente d'argumenter. 

Elle me tourne le dos aussitôt, coupant court à la discussion. Elle se dirige vers grand-père qui affiche toujours sa mine inquiète.  Elle s'arrête une seconde. 

_ Il n'y a rien à expliquer, ni à comprendre. Je sais ce que j'ai en face de mes yeux. Je n'ai rien à te dire. Va dans ta chambre. 

Ses paroles si crues m'arrachent un pincement au cœur. Je monte alors en direction de ma chambre. J'entend alors les paroles de grand-père bercées par le vent "il fallait bien que ça arrive un jour."  Je ne comprend rien du tout à ce qu'il raconte, mais je suis trop fatiguée pour essayer d'y chercher une signification. 

Lorsque j'arrive dans ma chambre, je vois alors mon portable. J'ai plusieurs notifications, mais je les ignore. * A quoi bon continuer à garder contact avec des personnes qu'on ne verra plus jamais...*  J'appelle Liz'. Je tombe directement sur son répondant. Ce silence marque un silence de mort.

***

Je me réveille brutalement, comme si une éternité s'était écoulée. Je me relève tranquillement, en observant le décor qui m'entoure. Rien n'a changé. Je regarde alors mes mains. Toujours couvertes de sang. De vifs souvenirs des événements passés me reviennent en tête. Mon cœur s'emballe à cette pensée. Pour vérifier si je n'ai pas rêvé je décide de faire une petite entaille. Elle se referme aussitôt. *Je suis donc bien un monstre...*  Je pousse un grand soupire de désespoir qui traduit ma perte d'envie de vivre. J'ai l'impression de me sentir seule.

Tout d'un coup, rester au lit à paresser me semble dérisoire. Je suis débordante d'énergie. Les rayons du soleil emplissent ma chambre pour la transformer en havre de paix et un petit coin de paradis. * Les rayons du soleil...* Que ce soit bien claire, ton avis ne compte plus, je ne te supporte plus. Ma conscience m'exaspère. 

Je passe alors tranquillement devant ma fenêtre, transpercée par des centaines de rayons de soleil. Aussitôt, je sens de violentes déchirures envahir mon corps et brûler ma peau peu à peu. Je pousse alors un rugissement qui résonne à travers toute la maison. 

_ Putain! C'est pas vrai ça fait un mal de chien! J'avais oublié que je ne peux plus m'exposer au soleil! je hurle dans ma chambre. 

Cela accentue encore plus ce moment de solitude intense que je ressens. Je n'ai pas choisi de vivre cette vie de cette façon, et je dois en payer les conséquences. Comment pourrais-je aimer  vivre avec ma famille et mes amis si je ne suis pas capable d'aimer ma propre existence? 

Toujours, adossée contre le mur, tapie dans le noir, je savoure ma douce souffrance. Je sens tout espoir s'envoler. Je ne peux contenir mes larmes. Qu'ai-je fait pour mériter ça? Je hais Etienne pour avoir tué ma mère, je hais Eliot pour m'avoir menti, je hais tous les vampires de cette terre, je me hais moi...

Au même moment, à ma grande-surprise, grand-mère entre calmement dans la chambre. Me voyant tapie dans l'ombre, elle ferme les volets. Nous sommes à présent dans le noir. Cela me fait tellement de bien. Elle s'accroupie devant moi et sèche mes larmes. Elle en profite pour me caresser les cheveux. Cela est si différent de son comportement d'hier soir, mais cela est si soulagement. 

_ Tes cheveux sont plus doux et soyeux. Tes yeux plus vert, et ta peau plus blanche... 

Ah bon, j'ai changé? * En même temps on va dire que tu ne t'aimes pas vraiment depuis une heure de ce matin, donc tu n'as pas risqué de le remarquer* 

_ Grand-mère, je suis désolée... Ma vie est gâchée,et j'ai gâché la tienne... je suffoque. 

_ Tu n'as pas gâché ta vie au contraire. Tu es et tu resteras toujours ma petite fille quoi qu'il advienne. Tiens, voila une bague. Tu dois toujours la porter et ne jamais t'en séparer, elle te protège des rayons du soleil. Comme tu as pu le voir, le soleil brûle les vampire et peut même les brûler, soit prudente. 

Elle se lève et se dirige vers la porte. Un question me trotte dans la tête. 

_ Dis grand-mère, comment tu sais pour... enfin ce que je suis devenue? 

_ Tu sauras la vérité quand tu seras prête." 

Tentation IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant