Chapitre 3

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Cette bague est tellement belle. Un énorme saphir bleu orne cette beauté. Cela me rappelle vaguement la bague d'Eliot. Non, non, non, je ne dois pas y penser! Je continue de l'admirer. Elle est si belle, et parait si petite dans le creux de ma main. Une ancienne inscription orne l'anneau, cependant le temps l'a effacée. Dommage... Je serais bien curieuse de savoir ce qu'il y a marqué sur cette bague.

J'enfile la bague au bout de mon doigt. Elle me va comme un gant, quel hasard. *Super, une bague qui te va comme un gant et qui te protège des rayons du soleil parce que tu es un vampire!* La ferme! je regarde de nouveau cette bague. Je ne sens pas de réel changement en moi. Marche-t-elle vraiment ? C'est le moment de le savoir. Je me lève tant bien que mal. Je déglutis. Et si elle ne marchait pas, je ressentirais encore cette douleur. Je prend mon courage à deux mains. Je tend timidement la main et sers fort les yeux comme si j'étais une personne frêle sans défense. * Lol! tu es un vampire Anna* Je sens la chaleur du soleil sur ma main et la retire aussitôt en serrant fort les paupières. Après trois longues secondes d'attente, je rouvre enfin les yeux, un peu surprise et soulagée à la fois. Peut-être ai-je mal mis ma main et que je ne me suis pas exposée au soleil ? Je décide de renouveler l'action. Je met ma main, je l'enlève. *Toujours rien* Je la met, je l'enlève, met, enlève, met, enlève. *C'est bon, je pense qu'on a compris, tu es protégée* Oh c'est bon ta gueule! Tu me soule toi aussi !

Je me surprend à m'énerver seule. Ce doit être encore un "truc" de vampire ça! Je m'affale sur le lit, ne sachant que faire, des soupirs comme seule solution. Je fais bouger mes jambes, telle une petite fille de six ans qui s'ennuie seule dans son coin. Certains flash back de cette interminable nuit me reviennent en tête. Comment Liz' a-t-elle pu faire jaillir ces flammes? Elle ne m'a pas posé de questions à propos de ce qu'il s'est passé, comme si elle n'était pas surprise?

Je décide de ne pas y prêter attention, puisque ma vie s'arrête là. A partir de ce jour, je vivrais un enfer quotidien, devant abandonner tous les gens que j'aime. Voici l'échec pour quoi je suis vouée. Perdue dans mes pensées, des voies s'immiscent dans ma tête. Je me redresse aussitôt. *C'est bizarre il n'y a personne dans ma chambre.* En me concentrant un peu plus sur ces fameuses voies, je me rend compte que ce sont celles de mes grands-parents. Je peux même distinguer précisément ce qu'ils se disent.

_ Cela me fait si mal au cœur, je voulais qu'elle et Betty échappent à tout ça... se lamente ma grand-mère.

_ Dès l'instant où elle est née, tu savais que c'était sa destinée, ajoute-mon grand père.

_ Si seulement Annabelle était là, les choses seraient moins compliquées...

_ Elle ne seraient surtout pas arrivées.

On sonne à la porte, et j'éteins mes oreilles. Qu'est-ce que grand-père entend par "ma destinée?" Pour le coup j'avoue qu'il a éveillé ma curiosité. Je décide de descendre les rejoindre. A peine ai-je eu le temps de penser à cette action que je me retrouve devant la porte de ma chambre, ce qui me désoriente un peu.

Une fois en bas, je m'avance hésitante en direction du salon, les têtes se retournent vers moi.

_ Comment vas-tu? me demande grand-père.

_ Euh... ça va...

_ Je vois que la bague te va, m'annonce grand-mère.

_ Oui elle est belle, j'essaye de les convaincre en esquissant un bout de sourire.

Sentant comme une présence derrière moi, je me retourne. Elisa. Je lui saute litérallement dans les bras. C'est si bon de la sentir dans mes bras. Je parviens également à sentir son parfum, qui semble un peu plus différent que d'habitude. Une douce odeur d'orange se glisse à un parfum de cannelle. Ce n'était pas censé être juste un parfum à l'orange son truc ?

L'émotion de nos retrouvailles se fait forte. De petites larmes viennent perler le coin de mes yeux. Elle est toute ma vie. Nous nous installons donc à l'ilot central de la cuisine.

_ Hmm dis-moi, comment as-tu fait pour t'en sortir ? lui demandai-je .

_ Une fois qu'Etienne t'a enlevé de force. Je suis restée quinze minutes dans les bois à attendre pour vérifier si personne n'était là pour m'enlever à mon tour. Après ça j'ai couru le plus vite possible et je suis rentrée chez moi. Je ne pouvais pas prendre le risque de venir chez tes grands-parents sachant qu'ils pouvaient être dans les parages.

Je la regarde incrédule. Elle reprend.

_ Je me suis fait un sang d'encre Annastasia ! Tu ne peux pas imaginer à quel point j'étais tétanisée. Je ne pouvais rien faire, je me sentais tellement impuissante....

Un silence de mort s'installe.

_ Quand il m'a enlevée, Etienne m'a fait boire son sang... Puis il m'a brisé le cou. Eliott est arrivé au même moment et ils se sont battus. Lorsque je me suis réveillée, je n'étais plus moi-même, mais un monstre... Par je ne sais quel miracle, certaines images sont apparues dans mon esprit et une rage incontrôlable s'est emparée de moi.

Je soupire.

_ Etienne a tué ma mère et Eliott le savais. Et maintenant je suis un monstre comme eux, qui va devoir tuer des personnes pour se nourrir....

Liz' me prend la main et la caresse, provoquant en moi d'immenses frissons. Je peux même entendre le bruit que font mes poils lorsqu'ils se lèvent. C'est étrange comme sensation.

_ Dis Liz', je reprends, comment sais-tu pour l'existence des... vampire, finis-je à voix basse comme si cela devait rester secret.

Mon regard est planté dans le sien, ce qui semble la déstabiliser. Les battements de son cœur raisonnent dans mes oreilles. Ce sont est tellement bon, il enivre tout mon corps. Je me sens comme hypnotisé par ce son... Je sens ma mâchoire me picoter...

_ Alors les filles comment allez-vous ?

Je sursaute. Grand-mère me masse les épaules.

_ Du coup, je disais, comment es-tu au courant de tout ça ? Quand je t'ai expliqué pour les deux frères tu n'avais pas l'aire surprise. Une personne normale et rationnelle se serait enfuie en courant face à tout ça, insistai-je.

Grand-mère et Liz' se regardent gênée. Une pulsion de colère s'immisce en moi.

_ C'est bon ! J'ai compris que vous ne me direz rien de toutes façons. Personne ne me fait confiance ici !

Je me lève d'un coup violent, faisant tomber mon tabouret.

_ Anna calme toi ! tente grand-mère de me calmer.

_ Non je ne me calmerais pas ! Je me casse ! hurlai-je.

Je me retourne immédiatement en direction de la porte d'entrée. Je me heurte sur quelque chose au passage. Eliott.

Tentation IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant