Chapitre 6

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Je ne sais pas où je suis, mais pourtant ce lieu me semble si familier. Je ne saurais vous dire pourquoi. Je me dirige vers la commode ornée d'un grand et long miroir. C'est alors que j'aperçois mon reflet, vêtue d'une belle toilette bleu saphir et coiffée d'une chevelure impeccablement  apprêtée. Inconsciemment, je dirige ma main vers l'un des tiroirs de cette commode, en sortant une magnifique parure avec en son centre une pierre bleue, bleue comme celle de ma bague. Mon regard se pose sur mon doigt. Je n'ai pas de bague. 

*Mais où est-elle?* 

Un sentiment de panique s'immisce tout en mon être. Je n'ai pas bien le temps m'affoler longtemps puisque la porte derrière moi s'ouvre. Eliott. Mais il est différent. Il a les cheveux plus long, et semble plus... vieux. Je ne saurai vous décrire cette étrange sensation que je ressens en le voyant. J'ai l'impression de le connaitre mais il me fait l'effet d'un inconnu en le voyant. Il semble différent d'apparence, vêtu d'habits plutôt ancien. Est-ce carnaval au lycée ? 

_ Ma douce, vous êtes splendide, comme toujours, m'annonce-t-il. 

*Wow! Depuis quand on se vouvoie

Prise au dépourvut, je ne sais quoi lui répondre. Mais d'ailleurs, où suis-je? 

_ Madame, Monsieur Di Vesticcelli vous fait honneur de sa visite. 

Qui est cette dame? Elle est en robe aussi, mais une pauvre petit robe, comme celle de cendrillon. En haillons pour être plus précise. On dirait une servante. Mais pourquoi donc? Je suis assez grande pour me coiffer, m'habiller et ouvrir la porte quand même. C'est alors qu'une longue chevelure apparait sur le seuil de la porte. Etienne, lui aussi différent, mais un air triomphant sur son visage. Etrange...

_ Etienne? que fais-tu là? m'enquis-je. 

Un air de surprise traverse son visage, comme si j'avais dit quelque chose qu'il ne fallait pas. 

_ On m'appelle par mon prénom maintenant ? 

Son ton est mesquin. Je n'y comprend plus. Je tente de me diriger vers lui cependant je me retrouve aussitôt bloquée par quelque chose de lourd. En baissant mon regard, je m'aperçois qu'il s'agit de cette robe que je porte, qui elle aussi est de style ancien en y regardant de plus près. Ma gêne semble se lire sur mon visage puisqu'Etienne surenchérit. 

_ Eh bien, que t'arrive-t-il? Ta robe t'empêche de marcher? 

C'est alors que tout commence à tourner autour de moi. La pièce, les murs, les garçons, tout se met à tourner. A chaque seconde qui passe, la pièce tourne un peu plus. C'est horrible, je sens que  je vais m'évanouir. Je ferme les yeux fort, très fort, pour ne plus ressentir l'étourdissement qui est à la fois oppressant. Je serre les paupières encore plus. Encore. 

J'ouvre les yeux d'un seul coup, me redressant subitement par la même occasion, le souffle haletant. Je regarde vivement l'endroit où je me trouve et je me rend compte que je ne suis plus dans cet endroit étrange, mais en réalité dans ma chambre. Tout semble calme. J'immobilise pour distinguer la moindre présence aux alentours. Tout apparait de manière floue dans ma tête: un bruit de porte, le chien du voisin qui aboie, des bruits de pas. 

Je me recouche dans le lit afin de reposer ma tête. Cette fois-ci, je canalise mes sens, qui eux sont tous aux aguets. Je parviens à mieux distinguer les personnes qui m'entourent. Grand-père lit surement son journal dans le canapé, au son des pages, grand-mère prépare un petit déjeuner, à l'odeur de la confiture, et Bettye dessine, au son de ses pieds qui se balancent le long de la chaise. Rien d'inquiétant 

Qu'étais-ce donc cette vision étrange? Cela paraissait si réel et impossible à le fois. On aurait cru à une fête déguisée, mais les garçons semblaient si réels. Je ne sais quoi penser. Et moi, pourquoi étais-je en robe de "princesse" comme je les appelle si bien? C'est à n'y rien comprendre. 

Tentation IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant