Chapitre 10

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   Une sonnerie retentit dans ma chambre, je pousse un grognement. Je suis encore sous ma couette, le visage enfoncé dans mon oreiller. Je suis si bien ici. Je n'ai pas envie de bouger. J'aimerai rester ici pour toujours, ne rien faire d'autre que dormir. La sonnerie persiste. Je pousse un grognement en me redressant dans mon lit, je repousse la couette par la même occasion. Je me lève de mon lit en traînant les pieds, je repousse mes cheveux d'une main en arrière. J'attrape un élastique rose plutôt épais qui traîne sur mon bureau, je me fais une queue de cheval. Mon téléphone sonne encore. Je l'attrape, je ne prend pas la peine de regarder qui appelle quand je décroche. Je m'apprête déjà à l'incendier de toute façon.

« Je vous préviens vous avez intérêt d'avoir une excuse en béton  pour que vous osiez me réveiller à.... »    

   Je cherche autour de moi un objet susceptible de m'indiquer l'heure. Je sors de ma chambre pour aller dans le salon puis dans la cuisine où je regarde l'heure : six heures six. Six heures six ? Ma mère n'est pas encore levée. Qui est cette personne qui ose me réveiller à cette heure-là ? Pourquoi ne parle-t-elle pas d'ailleurs ?

« Vous êtes muet pour que vous ne répondiez pas ? Pourquoi vous m'appelez à cette heure aussi matinale ? J'ai cours alors répondez que je rattrape mon sommeil au plus vite. »

 « Désolé je ne m'étais pas rendu compte qu'il était si tôt. Je suis Ross Lynch du groupe R5, Ed Sheeran m'a passé ton numéro. Je t'appelais pour savoir si t'avais envie de faire quelques concerts avec mon groupe, il y aura aussi le groupe The Vamps que tu connais déjà. »

« Donc tu me propose de faire un espèce de concert général avec ton groupe et celui de The Vamps si je comprend bien ? Désolé te faire répéter mais je viens de me réveiller j'ai un peu de mal à comprendre. »

   Entre-temps je suis repartie dans ma chambre, j'ai entrepris de sortir de ma penderie une jupe noir à plis à la hauteur du genoux. Une chemise blanche cintrée, ma veste et une cravate.

« Non ça va je comprend. Oui c'est exactement ce que je te propose. Je sais que tu es étudiante et que tu vas au lycée. On a prévu de faire le concert le weekend prochain, c'est bon pour toi ? »

« Oui, oui j'ai rien de prévu ce week-end là. »

« Alors on fait comme ça, je te recontacte dans la semaine pour te donner l'horaire et le lieu de rendez-vous. Passe une bonne journée Automne. »

« Toi-aussi. En revoir. »

   Je raccroche en regardant l'heure qu'indique mon téléphone, la conversation a durée au total moins de dix minutes. C'était rapide. L'heure affiche à présent six heures et quart. Je réfléchis, je vais aller prendre ma douche et me laver les cheveux en attendant. Quand je sors de la douche l'heure affiche six heures trente, je me prépare. Je remarque que j'ai le temps de déjeuner pour une fois, alors je me coupe du pain que je fais griller au grille-pain. Ma mère vient de se lever, elle me salut rapidement en se versant du café dans son bol. Je déjeune rapidement puis je pars me laver les dents. Je vais ensuite dans ma chambre me maquiller, un peu de correcteur, de poudre et d'ombres à paupières sur les yeux. J'essaie de me sourire à travers la caméra, bon ce n'est vraiment pas ça. Je jette un coup d'oeil à l'heure qui affiche sept heures trente, il me reste encore du temps. Je décide de m'installer sur mon lit, un bouquin de l'écrivain Musso en main. Je programme une alarme pour ne pas oublier de partir afin de ne pas arriver en retard en cours. Mon regard se perd sur mon armoire, je me rappelle de la proposition de Cameron. Faire un road trip avec lui. Il a dit qu'on partirait juste après les examens pour quelques semaines, qu'il fallait que je prévois d'avoir des tenues pour tout temps. Je me lève de mon lit en posant le livre dessus, je crois que je ne vais pas lire. Bien évidemment nous allons partir avec ma voiture, c'est cliché mais ça marche encore de faire un road trip avec une voiture décapotable. En fait je crois même que c'est une des bases du road trip.

    J'entend la porte d'entrée claquer signe que ma mère vient de partir au boulot, puis un truc poilus et collant vient se coller à moi en miaulant. Je baisse les yeux vers Yé Yu qui m'ordonne presque de la suivre dans la cuisine, où je lui donne de la pâtée en plus de ces croquettes. Je ne sais pas ce qu'elle a en ce moment mais en tout cas elle est affamée. Je retourne dans ma chambre où mon armoire est ouverte, je prend d'office un jean et un short que je place dans la valise. Je met un ou deux pull en laine, l'un est bordeaux l'autre est blanc. Je place une robe blanche à manches courtes parcourue de motif floraux. Un pyjama constitué d'un short de sport gris avec un biais blanc et un vieux tee-shirt blanc avec un marsupilami brodé dessus. Je place d'office une brosse à dent car je sais que si je ne la place pas maintenant, je vais finir par l'oublier. Ce serait bête de dépenser inutilement de l'argent pour une brosse à dent, je met du dentifrice. Je place de l'agent que j'ai de côté dans un porte-monnaie, j'utiliserai aussi ma carte. Mon alarme retentit. Je met mon manteau, mon écharpe, un bonnet en laine à l'effigie du renne Rudolf et mon sac de cours. Je ferme l'appartement à clé en me dirigeant vers la sortie de l'immeuble, je remarque qu'il neige. Mais il ne neige pas assez pour empêcher les voitures de circuler. Je met mon sac de cours à l'arrière de la voiture, je la démarre. La radio s'allume sur un titre de Shawn Mendes.

   Je conduis prudemment même s'il n'y a que pour l'instant un fin duvet de neige sur le sol. J'arrive finalement devant chez les jumeaux où je klaxonne pour leur signaler ma présence. Bon c'est aussi parce que je n'ai pas spécialement envie de sortir. Je vois leur porte d'entrée s'ouvrir quelques secondes plus tard, ils sortent rapidement de chez eux pour se diriger vers moi lorsque Maya s'arrête. Elle se baisse pour rassembler le peu de neige qui s'est fixé au sol, il neige toujours mais la plupart des flocons fondent en atterrissant sur l'asphalte. Elle se relève en visant son frère qui se trouve juste devant ma portière. Il a un mouvement de recul puis je vois son regard devenir noir tandis qu'il lance à sa soeur :

-Tu vas souffrir !

   Il s'ensuit alors une incroyable et impitoyable bataille entre le frère et la soeur. Je plaisante. Cameron se jette littéralement sur sa soeur qui surprise n'a pas le temps de réagir pour esquiver l'attaque de son frère. Ils tombent au sol, son frère l'écrasant de tout son poids. Ils se jettent mutuellement de la neige au visage pendant quelques minutes, puis ils se redressent en s'époussetant la neige collée à leurs vêtements pour entrer dans ma voiture. Cameron s'installe du côté passager tandis que Maya prend place à l'arrière, les écouteurs dans les oreilles le regard tourné vers la fenêtre pour admirer le paysage. Je ne dis rien. Le silence règne dans l'habitacle, je démarre pour me diriger sur la route menant au lycée quand en tournant au bout de la rue la voiture patine. Je donne de forts coups de volant pour garder le contrôle en avançant, mais je me rend compte que c'est peine perdue alors je préfère reculer et faire demi-tour. Il est clair que je galère à faire demi-tour et que je ne sais par quel miracle j'y arrive pour me garer chez les Boyce.

-On ne va pas au lycée ?, intervient Maya.

   J'éteins le contact pour me tourner vers elle.

-On ne peut pas circuler à moins que tu veuille à tout prix aller en cours, je ne me risquerai pas à avoir un accident.

-Pas de transport pas d'école !

   Elle sourit, son sourire illumine son visage. Je souris à mon tour. Nous sortons de la voiture pour rentrer chez eux, nous débarrassons de nos sacs, bonnets, écharpes, manteaux et chaussures. Nous rendons sur le canapé où je remarque que le feu de la cheminée est en train de s'éteindre, Maya se lève pour le rallumer. Cameron attrape la télécommande sur la table basse en se penchant, il allume la télévision qui diffuse un vieux film bateau sur Noël. Ils s'y prennent tôt on est qu'en mi-novembre, même si la neige tombe fortement dehors. Nous avons également prévenus nos parents respectifs, dont la mienne qui est coincée à l'hôpital, que nous ne pouvons pas nous rendre en cours. Je me cale contre Cameron, je sombre doucement dans un profond sommeil tant le film est barbant.

AutomneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant