Scène 7

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Chez les Parr, le dîner est un tel rendez-vous qu'on se croirait en Europe. Comme Dash le dit si bien : « On a beau être une famille, quand on se voit tous les soirs ont a plus rien à se dire au bout d'un moment ! », mais les parents y tiennent. Enfin, Helen y tient, parce qu'on ne sait jamais ce que Bob pourrait bien vouloir.

Quand Violet pousse la porte de l'appartement, la tête encore bouillonnante de tout ce qu'il s'est passé, sa mère est devant les fourneaux, Jack-Jack dans son porte-bébé, et son père est affalé sur le canapé devant la télévision. Contrairement à ce qu'elle fait d'habitude, à savoir filer s'enfermer dans sa chambre jusqu'à ce qu'on l'appelle pour mettre la table, Violet se dirige prudemment vers le petit salon. Elle a bien réfléchi à comment elle peut aborder la question sans éveiller les soupçons.

Au début, elle reste silencieuse, attend que son père remarque sa présence et lui fasse signe de venir, d'un geste de la main et d'un sourire. Quand elle s'assoit sur le canapé, il ébouriffe ses cheveux - même s'il sait qu'elle déteste ça.

— Bonne journée, ma fille ?

— Ça peut aller, répond Violet de son ton blasé habituel.

Ne surtout pas éveiller les soupçons. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, c'est son père qui grommelle quelque chose.

— Quand je vois ça...

« Ça », c'est la télévision qui diffuse les images de Tony Stark montant comme un prince dans son jet privé, accompagné de tous les membres de ses Avengers – qui eux ne se fendent pas d'un petit salut à la foule. Bien sûr, avec un père qui s'appelle Parr, Violet ne peut pas révéler l'admiration qu'elle a pour le héros multimilliardaire. Elle ne peut même pas se l'admettre à elle-même ; mais l'ouverture est là.

— Pourquoi tu le détestes ?

Son père lui jette un regard en coin, un peu surpris qu'elle sorte de son mutisme.

— Je ne le déteste pas.

— Tu parles. Tu grognes à chaque fois que tu le vois quelque part, à la télé, sur les pubs dans le métro, et je t'ai même entendu un jour où un avion est passé trop bas et tu as pensé que c'était lui.

Cette fois, l'œillade de Bob est un peu plus longue, mais Violet reste stoïque, le regard collé à l'écran, comme si elle ne le voyait pas.

— Tu n'aimes pas ce qu'il fait de ses pouvoirs ?

— Il n'a PAS de pouvoir ! s'exclame alors son père un peu trop fort. Une armure suréquipée et des montagnes de cash, c'est Picsou qui se prend pour Batman. Cette équipe de branquignols c'est une honte pour tous les vrais super-héros qu'ils se sont toqués d'interdire à l'époque.

— Bah pourquoi tu ne vas pas leur montrer ?

Le moment d'intimité est passé, de nulle part Dash vient se matérialiser à côté du canapé et Violet sursaute. Sale môme. Même les épaules de Bob se détendent :

— Lui répétez pas que j'ai dit ça, mais c'est parce que votre mère me l'interdit.

— Bob !

— Helen, on avait dit que tu ne laisserais plus traîner tes oreilles, au sens figuré et surtout au sens propre !

— Baaaaah, maman elle a les oreilles dans la poussière !

— Non, Dash, ne souffle pas... Dash ! Tu sais que je crains les chatouilles !

Et pas plus difficilement que ça, les rires de trois Parr et le gazouillement du quatrième prennent le pas sur la télévision. Rien, Violet n'a rien appris de plus – ni sur son père, ni sur les Avengers, ni sur les tests menés par Oscorp, ni sur comment on fait une filature, ni sur la punition qu'un enfant de la famille pourrait encourir si, potentiellement, il ou elle décidait de reprendre le flambeau familial, mais c'est juste une idée comme ça, fais pas attention.

Indestructible  » P. ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant