Partie 3

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( on est toujours dans les souvenirs de Djamila)

Djamila faisait la vaisselle et elle était loin d'avoir fini. Après la vaisselle composée des ustensiles utilisés pour les repas de toute la maison, ceux utilisés par Tata Khoudia qui tient une gargote au marché et tant d'autres, Djamila devra aussi laver les 7 douches de la maison et laver le linge sale de Ngor. Et ce n'était pas la moitié des tâches ménagères de la jeune enfant. Yaye Siga non plus n'était pas épargnée. Depuis ce jour où Ngor était venu dans sa chambre accompagné de l'imam et du griot pour lui parler de la prendre comme quatrième épouse et que Yaye Siga les avait bien insultés et presque chassés avec un coup de pied dans le derrière, elle n'y était pas allée de main morte. Donc depuis ce fâcheux incident, Yaye Siga et sa fille étaient les bonnes à tout faire dans la grande maison des Séne. Tout le monde voyait les injustices qui leur étaient faites, les tantes, les oncles, les cousines les cousins les frères, les sœurs, les enfants, les moutons, les chèvres...mais personne ne leur venait en aide au contraire chacun trouvait un moyen d'en rajouter.
Après la mort de Gormack, les masques étaient tombés. Ceux qui les "aimaient" étaient en réalité ceux qui les enviaient pour leur statut au sein de la famille. Ceux qui leur étaient "proche" étaient en réalité ceux qui voyaient la tendresse avec laquelle Gormack s'occupait de sa famille et qui trouvaient qu'il était trop facile que Yaye Siga ait un mari si aimant et Djamila un papa cool, et pas eux. Et pourtant Gormack et Yaye Siga avaient tellement fait pour les Uns et les autres. Mais la jalousie, l'envie, la haine et d'autres sentiments négatifs rendent l'homme aveugle et bête. C'était comme si tout le monde n'attendait que l'aller sans retour de Gormack.
Yaye Siga enceinte de désormais neuf mois faisait les courses et la cuisine pour toute la maison et cela tous les jours malgré sa santé fragile. Personne ne s'en souciait. Djamila, sur se frêles épaules reposaient les travaux ménagers.
Elles n'avaient pas le choix. C'était cela ou quitter la maison et elles n'avaient nulle part où aller. Leurs "amis"  du village leur avaient tourné le dos. Et Yaye Siga en bonne sérere qu'elle était, était fière et ne tendait pas la main.
Elles avaient deux chambres plus salon bien équipés du vivant de Gormack. Elles s'était retrouvées logeant dans une chambre de maximum six mètres carrés, représentant la part de Djamila et de son futur frère ou soeur sur l'héritage que leur a laissé leur défunt père selon Ngor, rancunier de la manière dont il a été humilié par Yaye Siga. Tous leurs meubles et biens avaient été saisi par la famille. Yaye Siga et sa fille supportaient humiliations et injures. Yaye Siga supportait pour ses enfants. Jusqu'au jour où...
_ Wa Siga ! Siga ! Wa ne compte tu pas faire la cuisine aujourd'hui ? Hurla presque Khoudia, la seconde épouse de Ngor qui avait toujours envier Yaye Siga qui pourtant avait fait des pieds et des mains pour que son ménage aille bien.
_ Sama yaye dafa febar ( ma maman est malade), elle n'a pas dormi de la nuit.
_ Et c'est toi qui me réponds petite effronté? N'a t'elle pas de bouche ? Yaw Siga lève toi il se fait tard.
_ Kh...khoudia...hum...je...aïe...je crois que...hum...je suis en...travail...aide moi...s'il te plaît aïe... Dit Yaye Siga
_ Hé hé hé ! Cria l'autre en tapant des mains. Qui fera la cuisine selon toi ? Moi je dois aller m'occuper de ma gargote au marché. Ngor est sorti. Ndeye Nafi dort. Le reste de la famille je ne sais pas ce qu'il font. Moi je m'en vais, débrouillez vous entre vous. Je te conseille d'aller au marché et de venir faire la cuisine avant le retour de Ngor, baxna (c'est bon).
Sur ces mots, Khoudia s'en alla sans une once de pitié pour Yaye Siga qui était vraiment très mal sans personne pour l'assister et Djamila qui plus que perdue ne comprenait pas ce qui se passait.
_ Allahu Akbar ! Lahilaha ilala ! Répétait sans cesse Yaye Siga en serrant la mince main de sa fille en pleure.
La torture continua ainsi encore longtemps sans que personne ne vienne dans leur chambre isolée du reste de la maison afin de s'enquérir de l'état de santé de Yaye Siga. Vers 15h Yaye Siga semblait aller mieux et cela rassura Djamila. Elle parla à sa fille en ces mots et toujours en lui serrant la main:
_ Djamila Séne, m'entends tu ?
_ Name Yaye (oui maman) je suis là.
_ Djamila, ton père nous à laisser il y a de cela trois mois. Il est parti en homme. Il est parti en héros. Ton père était un homme bien dans tous les sens du terme, n'en doute pas. Et toi ma fille, ma belle Djamila, tu est notre prunelle. Le fruit de notre amour. Un amour qui fut grand et pure. Depuis le premier jour, nous t'avons aimée et choyée. Papa est parti, c'est maintenant une étoile. Je sens que moi aussi je serais bientôt une étoile dans...
_ Toi aussi tu veux partir maman ? Dit la jeune fille innocente ne comprenant rien à ce que lui disait sa mère.
Yaye Siga sourit. Elle avait gardé les yeux fermés.
_ Non je ne veux pas partir et te laisser ma belle. Mais si mon heure à sonné que puis-je faire contre ? Je ne serais jamais loin. Je serais aussi une étoile dans le ciel comme papa. Je serais la plus brillante. Prends soin de toi ma belle. Ne laisse personne te rendre amère. Garde espoir. Crois en la vie. Et sois forte Djamila. Ne nous oubli pas. N'oublie pas ce que l'on t'a enseigné. Et sois forte, sois forte sois...
Les mots moururent dans la voix de Yaye Siga. La pluie tomba d'un coup, sans avertir.
Et Djamila venait de perdre sa maman et son petit frère ou soeur avec...

DJAMILA; l'histoire D'une Vie... Une Vie CompliquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant