L'Héritage - Tome 1 : Léianne Roussel.

Chapitre 3 (Part. 1)

Une semaine plus tôt.

Léianne fait les cents pas dans la cuisine, ne réalisant pas ce que sa mère vient d'avouer. Durant toutes ses années, la jeune fille a vécu dans le noir, dans l'ignorance de sa propre histoire. Son père n'est pas mort dans un quelconque accident. Il est mort lors d'une mission périlleuse dans le temps. Il était ce qu'on appelle un « Temporel » ; un être doué de magie du temps. Un être capable de voyager dans le temps sans aucun artefact. Léianne est comme lui, et comme son grand-père Léopold. Tous les aînés de la lignée originelle des Roussel sont des Temporels. Léianne est la première femme Temporelle des Roussel. Chose qui apparemment a son importance dans la communauté magique. Son agression n'a rien d'une coïncidence et sa mère sait parfaitement quelle créature l'a agressée : un Néphilim. Probablement de la lignée des angéliques, au vu de la magie utilisée. Les seuls Néphilims que connaît Léianne sortent d'une série télévisée totalement inventée ou bien d'ouvrages religieux. Tout ceci dépasse l'entendement et la jeune fille ressent le besoin de s'asseoir. Le collier repose toujours sur la table de la cuisine. Léianne l'attrape et le montre à sa mère.

- Cette pierre s'est mise à léviter et a créé un truc bizarre autour de moi, déclare Léianne en appuyant toutes les syllabes, montrant la colère qui monte en elle.

- Cette opale a été créée spécialement pour toi à ta naissance. Tous les Temporels chez les Roussel en ont une. Elle protège quiconque la porte, contre beaucoup de sorts puissants.

- Donc, j'aurais pu mourir ? Si le sort avait été plus puissant, c'est ça ?

Espérance reste silencieuse tant la réponse lui coupe le souffle. Léianne a eu de la chance. Beaucoup de chance. Elle n'ose imaginer ce qui serait arriver à sa fille si quelqu'un de plus puissant l'avait retrouvée.

- Excuse-moi, je ne voulais pas..., reprend Léianne en voyant le visage de sa mère se décomposer.

- Non, tu as raison. J'aurais dû tout te dire dès ce matin lorsque tu as fait ce rêve. J'aurais dû comprendre que c'était le moment.

Léianne ne comprend pas. Ce rêve n'était qu'un rêve. Et pourtant, sa mère est partie comme une furie en l'apprenant...

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Demande-t-elle, pas certaine de vouloir savoir.

- Je ne pense pas que ce ne soit qu'un rêve. Je n'en sais pas plus, je te le promets, mais je n'aime pas ça.

Qu'est-ce que ça pourrait bien être dans ce cas ? Une vision ? Une prémonition ?

- Explique-toi.

- Tu as parlé Russe, Léianne. Russe. Alors que tu ne connais même pas la langue ! Comment cela pourrait-il être un rêve normal ? Et ensuite cette agression ? Tu le sais très bien, les coïncidences n'existent pas. Et encore moins dans la communauté magique.

- Attends une seconde, l'interrompt Léianne. Toi non plus tu ne connais pas le Russe. N'est-ce pas ?

Léianne devient suspicieuse. A sa connaissance, sa mère ne parle qu'espagnol et a quelques bases d'anglais – accompagnées d'un accent approximatif. Espérance reste interdite, coupée dans son élan. Elle fixe sa fille sans mot dire.

- Là n'est pas la question, finit-elle par dire d'un ton sec en détournant la tête.

- Au contraire. Tu es partie comme une folle quand je t'ai dit le mot que j'avais entendu. Pourquoi le fait d'entendre du Russe, langue que je ne connais pas, dans un rêve est-il si bizarre ? C'est probablement mon inconscient qui...