L'Héritage - Tome 1 : Léianne Roussel.

Chapitre 1 (Part. 1)

« KOLYA ! » hurle Léianne d'une voix déchirante en se redressant brusquement sur son lit. Son cœur tambourine dans sa poitrine. Ses cheveux sont ébouriffés, ses yeux sont humides de larmes et elle est en nages. Ce rêve-ci était bien trop intense. Léianne n'a d'ailleurs pas l'impression que ce n'était qu'un rêve. Ça avait l'air tellement réel... Trop réel.

Léianne avait l'habitude de faire des rêves étranges lorsqu'elle était plus jeune. La mort de son père l'ayant énormément affectée, son inconscient mettait en scène d'atroces cauchemars. Ces rêves avaient cesser jusqu'à il y a quelques mois. Elle n'en a pas encore parlé à sa mère mais elle devra bientôt le faire si ça continue.

Ayant un peu repris ses esprits – la voix de Kolya retentissant encore à ses oreilles – elle attrape son journal. Depuis que les rêves ont repris, Léianne a décidé de les décrire tous, sans exception. Elle se dit que peut-être, à force de les relater, elle finira par les comprendre et les éradiquer de sa tête.

Sa main tremble encore tant le rêve était réaliste. La voix de Kolya n'a toujours pas disparu et c'est étrange à quel point elle la perturbe. Comme si elle le connaissait. Sauf, qu'elle ne l'avait jamais vu de sa vie. D'ailleurs, elle ne se rappelle pas du tout de son physique... Seulement de sa voix. Elle entend encore les consonances chaleureuses de cette langue étrangère : les « ch », les « j » et les « k ». Le simple fait d'entendre cette voix l'a calmée. Elle l'a remis sur le droit chemin, lui a mis les idées en place. Elle le sait, dans son rêve, Kolya était la personne sur qui elle pouvait compter. Et il n'y en avait pas d'autres.

Tant bien que mal, elle écrit : « Cours ! cours et ne te retourne pas. Je devais courir. Je ne savais pas pourquoi mais je le savais. Ils voulaient me capturer parce que j'étais importante (pas d'explication). Kolya était très important pour moi. Il était le seul qui comptait réellement (Amour ? Amitié ?). Il fallait que je le sauve mais je n'étais pas en capacité. Kolya était plus fort que moi mais pas en état de combattre (sédatif). J'ai fui parce qu'ils allaient m'avoir et l'espoir aurait été perdu (quel espoir ?). Je dois le retrouver. Aucun détail des lieux sauf rues pavées et vides ».

Écrire la soulage généralement pour un temps, jusqu'à ce que des flash-back l'assaillent sans prévenir aux moments les moins opportuns. Ce rêve, et elle sait, risque fortement de la hanter un temps certain.

Léianne n'a plus aucune notion du temps. Est-ce la nuit ou le jour ? Doit-elle travailler aujourd'hui ou est-elle en repos ? OK. Relax. Le réveil affiche cinq heures et trois minutes. Elle attrape son téléphone et regarde dans le calendrier. Samedi : « Repos ». Parfait. Elle va pouvoir dormir autant qu'elle le souhaite. Seulement, elle a beau essayer de s'endormir, elle n'y parvient pas. Elle continue de penser à ce rêve qui l'a prise aux tripes, et à Kolya. Elle ne peut pas se l'expliquer, mais les émotions et sentiments qu'elle éprouvait pour ce garçon étaient tellement intenses qu'elle y a cru. Et si la réalité était un rêve et que ses rêves étaient la réalité ? « N'importe quoi... » pense-t-elle.

Léianne a une imagination débordante. Un peu trop, d'ailleurs. Pour elle, les fantômes existent et les créatures féeriques doivent probablement se fondre dans la nature lorsqu'elles voient des humains. Néanmoins, elle a beau croire en tout cela, elle sait pertinemment que c'est potentiellement faux. Sauf peut-être les fantômes qui ont une forte probabilité d'exister. C'est juste qu'ils ne sont pas visibles ou sont dans une autre dimension.

Oui, Léianne a bien trop d'imagination. Mais ces rêves-là ne sont pas dus à son imagination. On pourrait croire que c'est le cas, comme tous les rêves, mais Léianne a l'intime conviction que ces rêves ont une raison d'être qui lui échappe totalement. Certes, ils sont probablement la manifestation de son inconscient, mais il y a autre chose. Et elle n'arrive pas à comprendre quoi.