CHAPITRE 4

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Un flot de personnes m'accueille à la sortie du train.

Je suis noyée dans cette foule d'usagers. Coincée entre ceux qui descendent, ceux qui montent et ceux qui attendent, je me laisse traîner difficilement jusqu'à la sortie.

Les gens crient, poussent et bousculent. Je me sens étrangère à cette troupe en mouvement. Ils sont tous bien vivants. Moi. je ne suis qu'une ombre qui se laisse emporter.

J'ai appris la mort de Juliette il y a deux jours seulement. J'ai passé la journée du dimanche dans un état létargique. Heureusement que Tom est resté chez moi toute la journée. Sa présence m'a aidée à ne pas totalement me déconnecter de la réalité.

Lundi, j'ai pris conscience que ma famille avait besoin de moi.
Je ne pourrai pas travailler pendant quelques temps et j'aurais besoin d'argent pour les prochains jours.
J'ai donc recontacté la wedding planner et nous avons signé les documents pour la vente le jour même.

Après ça, j'ai réservé un billet de train en direction de Paris pour le lendemain. Et me voilà aujourd'hui à la sortie de la gare ma valise à la main à attendre la venue de Sydney.

C'est elle qui va me conduire jusqu'à la maison familiale.

Sydney est ma meilleure amie depuis le lycée. Sa famille a toujours été très proche de la mienne. Ça ne m'a donc pas étonnée qu'elle m'ait appelée juste après mon père pour m'annoncer ses condoléances et pour savoir comment j'acceptais le choc.

La nouvelle de la mort de Juliette m'a chamboulée. Complètement. Je ne m'attendais pas du tout à cela.

Elle m'a bien fait comprendre que ça n'allait pas fort mais de la à se tuer...

Papa m'a appris qu'elle avait été retrouvée dans la rue. Apparemment elle logeait dans une chambre d'hôtel au dessus du lieu de crime. Sa fenêtre était ouverte selon les personnes qui ont découvert son corps. Après une courte investigation, la police a déclaré un suicide. Il n'y aurait pas de traces d'effraction ou de violences. Et d'après le personnel de l'hôtel Juliette était seule ce soir là.

Tout porte effectivement à croire qu'elle s'est elle même ôté la vie.

Je n'arrive pas à le croire.
Non. En fait, je n'y crois pas du tout.

Jamais elle ne ferait ça. Elle n'aurait pas supporté de nous imposer cette blessure. Le seul acte d'égoïsme qu'elle ait posé, c'est de partir du jour au lendemain. Et même à ce moment là elle m'écrivait. Les sentiments des autres sont toujours passé avant les siens. Elle a même sacrifié tous ses rêves et envies pour devenir la fille rêvée de maman.

En plus de ça c'est une fille calme et raisonnée. Enfin c'était.

Un coup de klaxon me sort de mes pensées.

Je reconnais la mini bleue de Sydney.

Elle me fait signe de monter. Je fourgue ma valise dans le coffre et m'exécute.

— C'est pas la grande forme hein? me lance-t-elle en s'engageant sur la voie

— Chaque fois que je me réveille j'ai l'impression de sortir d'un cauchemar. Mais je finis par me rendre compte qu'il s'agit bien de la réalité.

Sidney me lance un regard compatissant.

— Comment le prennent mes parents?

— Ton père ne quitte plus son cabinet et ta mère est devenue encore plus difficile à supporter. Elle passe ses journées à s'énerver comme si elle cherchait un coupable.

Je soupire. Chacun a sa manière d'encaisser le coup. Mon père s'oublie dans le travail et ma mère devient aigrie. Moi j'essaie toujours d'absorber les faits.

A Mermaid's Secret {EN PAUSE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant