Les 7 fondateurs: Sorcellerie à Dorena

Chapitre 12 : Une nature monstrueuse

Lloyd avait le souffle court, ses yeux vifs cherchaient désespérément une silhouette voire la simple lueur d'une lanterne tandis, qu'une énième fois, il rabattit ses cheveux trempés sur son crâne. La vérité l'effraya tout autant que l'éclair qui venait de tomber à une centaine de mètres de là, il était perdu mais également seul dans cette immensité végétale que surplombait le Mont-Azuré, lequel semblait le narguer de toute sa hauteur, son sommet dissimulé par les nuages.

Il s'arrêta au couvert d'un arbre afin de reprendre ses esprits, tentant d se souvenir de ce qui l'avait séparé des autres, une douleur fulgurante le saisit alors qu'il voyait défiler devant ses yeux des visages affolés et percevait des cris à en perdre les tympans, une goutte de sang glissa le long de sa joue. Posant une main sur sa tête, ses traits se crispèrent sous la vive douleur qui venait de l'assaillir, sa blessure s'était sans doute rouverte durant sa fuite.

Fuite ? Un nouveau flot d'images l'assaillit, lui arrachant un cri de surprise. Plaquant sa paume contre ses tempes, il s'adossa lourdement au tronc qui se présentait à lui, épuisé par l'effort nécessaire à sa concentration. Il revit alors une flèche se ficher dans la cuisse de Marielle à quelques mètres de lui, son hurlement de douleur avertissant les autres, un pavillon se détachant au loin dans l'obscurité, lequel arborait fièrement sept étoiles écarlates qui auraient tout aussi bien pu être faites de sang, tachant ainsi son fond blanc comme la neige. L'ordre des sept héros, le culte, c'était le culte d'Omnus qui avait retrouvé leur trace.

A cette pensée, le visage traumatisant de Gilda s'imprima une fois de plus sur ses paupières, lui arrachant un frisson glacé. Le jeune homme s'imposa de ralentir sa respiration toujours saccadée, espérant reprendre le contrôle de ses émotions. Le plus important pour l'instant était de retrouver les autres, ce n'est pas pour rien que tous ses compagnons, Rolf et Lydia compris, s'étaient montrés méfiants à l'orée de la forêt, même Evanestra lui avait fait par d'un pressentiment qui n'était pas près de quitter son esprit : « Quelque chose d'étrange est à l'œuvre dans ces bois. Les arbres ont peurs, les fleurs hurlent de terreur. » Malheureusement rien étant susceptible de le rassurer.

Il ne lui fallait pas errer sans but, c'était de loin la meilleure manière de mourir, cependant il n'avait aucune idée sur la localisation de leur lieu-sûr, de plus, faire du bruit ou bien faire quelque chose pouvant attirer l'attention était une solution à double tranchant, ami comme ennemi seraient alors en possibilité de le trouver. Il fut arraché de ses pensées par un éternuement, l'eau glacée qui l'imbibait jusqu'au plus profond de ses os n'arrangeait pas les choses.

Non, avec ce temps, il devait impérativement se trouver un abri, le jeune homme pourrait aviser par la suite.

L'orage s'éloigna, son intensité étant toujours la même mais les bruits de tonnerre perdirent en force, suffisamment pour permettre à Lloyd d'identifier une autre source de bruit cacophonique, celui d'un court d'eau, il se précipita vers ce dernier à toute vitesse, dérapant par maintes reprises mais se rattrapant à chaque fois à une branche, une tronc et même à un épais rocher qu'il manqua de percuter de plein fouet.

Il avait eu raison, débouchant d'un épais mur de branchages, il découvrit le ruisseau qui s'écoulait vers sa droite. En revanche, la pluie n'avait fait que renforcer la puissance du flux d'eau, de telle sorte qu'il était devenu un véritable torrent, au-delà de toute ses prévisions, déjà il vit un tronc se faire emporter par les lames aiguisées de cette puissance de la nature. Et dire que durant une seconde il avait cru pouvoir le passer afin d'échapper à ses poursuivants, ses derniers disparurent avec l'épais tronc d'arbre à présent hors de vue.

Quatre choix s'offraient à lui. Remonter l'affluent du court d'eau vers le Mont-Azuré et ainsi s'enfoncer davantage dans ces bois apparemment hostiles et difficiles d'accès. Au contraire, redescendre le flux, probablement vers la sortie de la large forêt et prendre le risque de tomber nez à nez avec les membres du culte. Il pouvait toujours rebrousser chemin. Ou bien, et là résidait l'option la plus insensée des quatre, risquer le tout pour le tout et tenter de traverser le fleuve.