Eyes of the Aura

Chapitre 22

Dans le silence de la chambre d'hôpital, Holly attendait. La nuit était déjà très avancée et rien n'éclairait la pièce en dehors de la lune, qui était pleine à ce moment-là. Il faisait noir et un peu froid, et dans son attente interminable, la fillette tremblait sous ses couvertures.

Elle ne savait pas à quoi s'attendre et à vrai dire, elle avait peur rien qu'à y penser. Cela faisait deux semaines que le mystérieux garçon blond apparaissait dans sa chambre, avec des intervalles de trois jours à peu près, et rien que sa vue donnait des frissons à Holly. Il n'arrivait que tard la nuit, quand aucun médecin et aucune infirmière ne pouvait venir le déranger dans sa visite, et chaque fois qu'il arrivait c'était toujours avec le même sourire d'ange qu'il avait arboré la toute première fois. Le lendemain de ses visites nocturnes, la petite fille espérait toujours que ce n'était qu'un rêve et qu'elle ne le reverrait plus jamais ; malheureusement, il finissait toujours par revenir, au point que Holly avait cru devenir folle.

Il entamait des propos incompréhensibles, parlant de magie, de portails dimensionnels et de créatures qu'elle n'avait jamais vues. Il parlait de guerre, de pouvoirs, de magiciens et de toutes sortes de choses qu'on croirait sorties tout droit de l'imagination d'un fou. Lorsqu'elle refusait de l'écouter en se bouchant les oreilles, il faisait appel à des sortes de lianes monstrueuses qui lui retenaient les bras et l'obligeaient à lui faire face ; elle se retrouvait alors devant des images de destruction, de sang et de mort, et même ses cris les plus aigus ne semblaient atteindre personne dans les couloirs de l'hôpital.

Elle n'aimait pas l'obscurité, mais elle ne voulait pas allumer sa lampe de chevet tant que le garçon revenait. Elle ne s'était toujours pas habituée à le voir apparaitre d'un cercle lumineux venu de nulle part et priait chaque soir qu'il s'en aille pour de bon. Le pire, c'est qu'elle ne pouvait en parler à personne, et surtout pas à sa sœur ainée qui était venue la voir les deux weekends précédents et qui lui avait fait la remarque sur sa pâleur grandissante. Holly avait failli éclater en sanglots et tout lui révéler d'un coup, jusqu'à ce qu'elle se souvienne de la menace du garçon aux cheveux blonds : Tu ne voudrais pas exposer notre petit secret et voir quelqu'un en mourir, n'est-ce pas, Holly ?

Et elle pouvait s'attendre à tout de la part de quelqu'un qui prétendait utiliser la magie.

Le réveil sur sa table de chevet sonna deux heures du matin, la faisant sursauter. Aussitôt, des arabesques de lumière se dessinèrent sur le sol de la chambre et une ombre en jaillit ; Holly sentit son cœur aller trois fois plus vite et elle s'enfouit un peu plus profondément sous ses draps, les larmes menaçant de lui monter aux yeux. Elle ne voulait pas de cette torture mentale. Elle ne voulait pas entendre une nouvelle fois les mêmes propos insensés qui lui faisaient mal à la tête depuis deux semaines déjà. Elle voulait juste s'endormir en paix, reprendre la monotonie de ses journées de solitude à l'hôpital et ne plus jamais revoir son visiteur au sourire de chérubin et aux yeux de glace.

— Je sais que tu es réveillée, Holly. Pourquoi ne te lèves-tu pas ?

La fillette trembla encore plus fort. Elle voulait donner l'impression d'être déjà endormie et voilà qu'elle reniflait en essayant de ne pas pleurer, admettant tout haut qu'elle était effectivement encore debout. Elle entendit le jeune homme pousser un soupir et venir prendre place sur son matelas, l'enfonçant un peu au passage.

— Pourquoi as-tu peur ? Tout est presque fini.

Holly essuya de sa couverture les quelques larmes qui lui brouillaient la vue et prit une inspiration tremblotante. Combien elle souhaitait ne pas être seule en présence de cet étranger.

— Pourquoi faites-vous ça ? articula-t-elle d'une voix chevrotante. Qu'est-ce que je vous ai fait pour le mériter ?
— Lève-toi et regarde-moi dans les yeux.
— Qu'est-ce que vous me voulez ?
— Lève-toi et regarde-moi.