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Nous marchons l'un à côté de l'autre, nos corps se frôlant sans se toucher, comme-ci une barrière invisible était dressée entre nous. Un seul regard de sa part et une part de mes défenses ont commencé à tomber, la prise de sa main dans la mienne et la douceur de ces petits cercles dans ma paume m'ont permis de ne pas avoir peur.

Ne deviendrais-je pas courageuse ? Ou audacieuse par cet acte ?

J'essaye en vain de réfléchir mais cette douceur et ces petites pressions m'en empêchent, me ramenant toujours au présent. Je contemple nos mains entrelacés cette façon qu'il a de me la tenir n'est ni possessive ni autoritaire mais je n'y entrevois que de la tendresse avec ces petites rotations qu'il effectue. Je devrais me sentir agitée, avoir peur, mon corps devrait avoir un mouvement de recul face à ce contact étranger mais c'est tout le contraire qui se produit.

J'aimerais être plus proche de lui, savoir la sensation que l'on peut ressentir d'être dans ces bras. Me sentirais-je encore mieux qu'à cet instant ? J'ose un regard en coin et je suis bouleversée par son regard qui lui ne m'avait pas quittée. Je n'ai pas la présence d'esprit de baisser les yeux, je me noie dans son regard, mon tumulte intérieur grandit tandis que lui reste imperturbable. A l'intérieur de moi, je suis en ébullition, j'oscille entre l'envie de succomber au charme de Julen, l'apaisement qu'il me procure et le bien-être évident que je ressentirais d'être protégée par un homme comme lui. D'un autre côté mes craintes, mes peurs et mes doutes sur la nature en elle-même de l'Homme m'enlève toute assurance que j'aurais pu acquérir.

- Arrête de réfléchir.

Si facile à dire mais à en mettre en application beaucoup moins. J'inspire un bon coup pour lui répondre, je sais que d'une certaine manière je peux être moi-même avec lui. Il me l'a assez prouvé, depuis que je l'ai rencontré, que tous ce que je pouvais lui dire n'aurait pas d'incidence sur moi.

- Tu ne veux pas changer de disque ? (Devant son air perdu, je poursuis.) Tu ne répètes que ces mots, Arrête de réfléchir.

- J'ai beau me répéter, toi non plus tu n'écoutes pas.

- Réfléchir n'est pas nocif que je sache.

- Pour certain non, en ce qui te concerne oui.

Je suis déconcertée face à ces propos et j'essaye de les assimilés. Pourquoi réfléchir me nuirait à moi ou à qui que ce soit d'autres ?

- Tu vois, tu recommences. Il suffit que je dise une simple phrase pour que tu te renfermes et parte loin dans tes pensées.

- C'est l'habitude... désolé.

- Tu penses que j'irais trop loin en te demandant pourquoi tu agis comme cela ?

- Je ne sais pas c'est un mécanisme, j'ai besoin toujours d'analyser ce que les gens me disent et cela me permet de bien réfléchir à ce que je pourrais répondre sans avoir peur des conséquences.

- Quelles conséquences ?

Et merde.... Moi qui me suis toujours vantée de toujours mesurer ce que je disais, pourquoi je n'y suis pas arrivée avec lui ? L'aisance que j'ai avec lui m'enlève une à une mes barrières et j'ai soudain peur de ce que je serais prête à lui révéler. Je devrais lui faire confiance, c'est le fils d'Antton et Ana, mais une part de moi me dit toujours de me méfier peut-être que ces parents ont pensé que leur fils n'était pas assez digne de confiance. Un flot de pensées noires ressurgies sans que je ne puisse rien y faire pour les retenir. Sa main sous mon menton me relève la tête pour que nos regards ne se perdent plus. Je peux lire dans le sien qu'il est soucieux, pour moi ? J'aimerais être courageuse et le prendre dans mes bras, j'ai le pressentiment que dans ceux-ci je serais bien et que rien ne pourrait m'arriver.

Seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant