L'astre lumineux n'avait pas encore pointé à l'horizon. Le brouillard envahissait l'air si bien qu'on ne voyait pas à plus de 3 mètres et la lune resplendissait, belle, grande, fière, veillant sur le bois dormant. Tout était paisible. Mais bien trop paisible pour le petit animal. Il s'ennuyait à mourir, il ne trouvait pas à manger et surtout il se sentait seul. La solitude... Un sentiment nouveau et étrange même douloureux pour un chien qui a toujours vécu entouré par une famille. Un sentiment désarmant lorsqu'on grandi dans l'amour d'un maitre. Un maitre qui faisait parti de soi. Un maitre pour qui ont aurait pu décrocher la lune. Un maitre qui n'en était plus un. Un maitre qui était plus qu'un ami, un maitre qui était un père. Triste, perdu, le chien se leva. Il se mit à marcher sur ses pattes valides. Il ne savait pas où il allait et s'en moquait. Il ne cherchait rien en particulier mais voulait juste s'enfuir. Il voulait partir loin. Très loin... Il voulait quitter cet endroit sinistre, cet endroit qui lui donnait des frissons. Peut-être croiserait-il un homme capable de l'aider durant son chemin ? Tel était son espoir. Alors il marchait. Fatigué, ses yeux brillants et son regard vitreux exprimaient un certain sentiment d'angoisse dans un monde sauvage qu'il n'avait jamais exploré ou du moins seul. Il reniflait par ci et par là au cas où il trouverait de quoi se nourrir. Le pauvre chien sursautait au moindre bruit et pressait toujours plus le pas malgré sa faiblesse. La pénombre qui régnait sur la forêt n'avait rien d'accueillant pour un petit canidé comme notre héros. Mais sans doute la volonté est-elle plus forte que tout ? Car la volonté qui animait ce chien était aussi forte que l'amour qu'il éprouvait pour son ami. Cette volonté le poussait à prendre son destin en main. Cette volonté le guidait à travers le bois dangereux. Cette volonté le maintenait en vie...
Les premiers rayons de soleil avaient percé depuis quelques temps déjà et le ciel était presque complètement dégagé. Cependant les immenses arbres bien que dénudés cachaient une partie de la lumière du jour. Mais la forêt semblait tout de même moins impressionnante et moins effrayante pour le chien qui continuait de marcher depuis plusieurs heures. Il ne s'était arrêté que quelques fois pour uriner ou manger les insectes qu'il dénichait et n'avait croisé sur son passage qu'une ou deux biches qu'il avait seulement aperçu de loin. Cependant les petites bestioles qu'il avait avalées ne suffisaient pas à le rassasier et son estomac criait toujours famine. Au loin, on pouvait apercevoir un ruisseau. Ce ruisseau était comme un paradis pour notre petite boule de poils assoiffée. Sous la lumière du soleil d'hiver, bordée par une herbe belle et fraîche, son eau pure coulait sur les petits cailloux polis, il semblait attendre qu'un voyageur vienne s'y désaltérer tandis que le bruit du faible courant retentissait parmi les arbres. Soulagé, le chien s'y précipita et se pencha pour boire. L'eau glacée qui traversa sa gorge lui redonna de l'énergie, et apaisé, il s'autorisa quelques minutes de repos au bord du ruisseau. Couché près de l'eau, une sérénité intense l'envahie. Sa respiration devint de plus en plus régulière et son angoisse s'en alla l'espace d'un instant. Pendant cet instant où il était là, face à la beauté de la nature, face au cours d'eau qui semblait rythmer les battements de son cœur, tous les tracas disparurent. Alors durant cet instant, il n'y avait plus que lui et le paysage. Tous deux ne faisaient plus qu'un comme dans un tableau où chaque élément se complète. Mais cet instant magique et de repos ne dura qu'un instant car le chien décida malgré tout de reprendre sa route, bien décidé à trouver de l'aide avant la tombée de la nuit. Il remonta ainsi le cours d'eau pendant quelques heures non sans s'arrêter pour manger quelques bestiaux ou pour boire.
La nuit finie quand même par retomber et le soleil disparut à l'horizon. La forêt redevint hostile et dangereuse. L'anxiété regagna le petit chien qui avait déjà la boule au ventre à l'idée de redormir dans la nature. Il se sentait impuissant et vulnérable. Bien qu'il fût content d'avoir trouvé un endroit où se désaltérer, le stress s'empara de lui. Il tremblait. Il tremblait de froid, il tremblait de peur. Il tremblait d'incompréhension, et de désespoir. Seul... Il était seul... Seul avec ses pensées, seul avec ses angoisses, seul contre le monde et ses dangers, seul dans une lutte sans fin. Dans une lutte qui lui semblait interminable, dans une lutte dont il ne voyait pas le bout. Cette sensation de tomber dans le vide sans jamais s'arrêter. Cette sensation de s'enfoncer lentement dans un marécage sans rien pouvoir faire. Cette impression de marcher sur place. Cette impression d'avancer tout en reculant. Et, cette immense déception qui l'accablait. Ce chien qui aimait et qui aime toujours son maître. Ce chien qui a été abandonné sans même un regret. Ce chien qui jour après jour se battait pour vivre. Ce chien qui a pris sa vie en main. Ce chien qui ne comprend toujours pas pourquoi il est ici, dans une forêt sombre alors qu'il n'y a à peine cinq jours de cela, il était couché sur un canapé, réchauffé par la chaleur du feu. Il y a à peine cinq jours, il courait avec les enfants de son maître dans le jardin. Il se souvint alors de la joie intense qu'il avait éprouvé. Cette joie qu'ont tous les chiens lorsqu'ils jouent. Cette joie belle et innocente qui les rend si beaux. Mais ce qui fait la différence entre un chien errant, abandonné et entre un chien possédant un foyer, c'est l'amour. L'amour qu'ils reçoivent et l'amour qu'ils donnent. Un amour si profond et si vrai qui lie l'humain et son chien. L'amour que notre héros ressent pour son maître qui lui, l'a trahi et abandonné. Mais cette trahison, son chien refuse de l'admettre. Son chien refuse d'y croire car il ne peut imaginer une telle chose de son maitre. Cette idée ne lui a même pas traversé l'esprit. En effet, s'il y a bien une chose dont il a toujours été certain, c'est que son maître l'aime tout autant que lui l'aime. Mais alors pourquoi n'était-il pas là ? Telle était la question à laquelle le petit chien ne pouvait répondre. En fait, tout ce qui lui arrivait depuis quelques jours était comme un mystère qu'il ne parvenait pas à élucider. Mais s'il y a bien une chose dont il certain aujourd'hui, c'est que son cœur pleure. Son cœur pleure son incompréhension, il pleure sa solitude. Son âme toute entière pleure. A quoi bon continuer de se battre ? Il pouvait tout arrêter là, maintenant, tout de suite. Le chien n'y pensait pas car quelque chose au fond de lui le poussait. Le poussait à marcher, à aller de l'avant. Le poussait à ne pas abandonner, le poussait à croire toujours et encore ... Alors, c'est le cœur lourd mais l'espoir toujours là dans un coin de son être qu'il alla se coucher. Se coucher près d'un arbre qui semblait l'attendre, qui paraissait être un bon confident. Il se recroquevilla à ses pieds, sur les feuilles mortes et pleura. Ces gémissements qui jusqu'ici étaient restés enfouis sortirent alors de sa gueule sans pour autant être entendus par qui que ce soit. A mesure qu'il pleurait, son cœur devenait de plus en plus léger. Comme un ballon trop gonflé qui éclate et se vide petit à petit de son air. Lorsqu'il s'arrêta enfin, l'écho de sa douleur fut emporté par le vent à travers les bois jusqu'à s'évanouir parmi les arbres qui garderaient à jamais ce secret au plus profond d'eux avec tous ceux dont ils sont témoins sourdement chaque jour.
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Voilà tout le monde, c'est la fin de ce 2e chapitre, j'espère qu'il vous aura plu.
Je vous laisse le lien du site internet d'une association que j'aime beaucoup :
https://www.30millionsdamis.fr
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Dans le secret de l'hiver ...
Non-FictionMaltraitance, abandon des animaux... Que se passe-t-il dans leur tête ?