Chapitre 3

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Le lendemain, Any se réveilla aux aurores. Elle se leva difficilement, ses muscles la faisait souffrir à cause de la longue chevauchée d’hier. Elle se tourna et regarda autour d’elle. Elle était au milieu de rochers, à l’ombre d’un grand arbre à forme allongée et les branches formaient un plafond imperméable à la lumière il faisait en quelque sorte office d’habrit. Un ruisseau se trouvait à quelques pas et il y avait de l’herbe en abondance pour le cheval. Celui-ci vint d’ailleurs près d’elle pour solliciter sa compagnie. Elle lui caressa le museau tout en souriant. Le cheval se remit ensuite à brouter, et Any se tourna vers les couvertures où Alex dormait encore. Il avait veillé presque toute la nuit il devait être épuisé. C’était la première fois qu’elle le voyait réellement, avant il faisait toujours sombre et elle n’avait pas pu l’observer tranquillement à cause de leur course poursuite. Maintenant que tout était calme elle ne s’en priva pas. Il était grand et musclé mais pas trop non plus. De son avis c’était ce qu’il fallait, un corps bien bâti qui permettait de se défendre au corps à corps mais qui n’empêchait pas les mouvements de rapidité ou d’agilité. Il était aussi assez mince, sa silhouette était svelte mais on la devinait solide. Il avait les cheveux d’un noir très profond, et une peau blanche, mais pas autant que celle de la jeune fille. Et son visage était très fin, parfait, comme sculpté minutieusement dans du marbre.
Leur rencontre avait été rapide, Any avait agi impulsivement et tout c’était passé très vite. Elle se souvenait qu'elle cherchait une personne qui pourrait l’aider dans la recherche de ses souvenirs. Et qu'elle se refusait à engager un mercenaire craignant leur malhonnêteté. Et c’est par le fruit du hasard qu'elle s’est retrouvée face à ce jeune voleur en cavale. Elle ne sait toujours pas pourquoi mais quelque chose en elle lui a dit de faire confiance à cette personne. Et maintenant elle demeure intimement convaincue qu'elle a fait le bon choix. Pendant qu'elle était perdue dans ses pensées Alex se réveillait doucement. Mais il sentait une respiration au dessus de lui, alors il passa doucement sa main dans son dos, et fit glisser hors de son étui un poignard placé dans son dos. D'un mouvement vif il pris la personne au dessus de lui par l’épaule et la plaqua par terre. Il plaça le poignard sous la jugulaire de…. Any ? dit-il, surpris. Qu’est ce que tu fais là ?
- Eh bien tu sais tu m’as emmenée avec toi alors c’est normal que je sois là. Donc s’il te plait pourrais-tu abaisser ce couteau… Elle avait la voix qui tremblait et de toute évidence ne savait pas quoi dire.
Alex sembla se réveiller et cligna les yeux. Il la regarda avec stupeur avec de dégager son emprise sur sa gorge. Elle se frotta le cou, puis éclata de rire.
- Et bien on peut dire que tu es difficilement intimidable. C’est impossible de t'attaquer sans s’être fait tuer une ou deux fois avant. Et sinon il t'arrives de te réveiller avec un « bonjour » comme tout le monde ?
Il fronça les sourcils et dit très sérieusement :
- Oui, évidemment seulement si on ne se met pas au dessus de moi pendant que je dors comme si on voulait m’attaquer.
Bon alors apparemment il ne possédait pas vraiment de second degré mais il arrivait à être sarcastique. Mais sa répartie avait complètement perdue Any, et elle restait bouche bée le temps de comprendre ce qu’il voulait dire.
Alex la regarda et comprit qu’ils étaient tout les deux aussi nuls l'un que l’autre en communication. Il esquissa un sourire à cette pensée et se releva, il était tombé sur une jeune fille bien étrange qui était un peu naïve et qui avait du mal avec les émotions et les relations. Mais il voyait qu'elle faisait de son mieux pour s’adapter et faire de l'humour et paraître chaleureuse. Toujours avec son sourire en coin sur les lèvres il aida Any à se relever. Voyant qu’il avait retrouvé le sourire elle sourit aussi et le suivi jusqu’aux sacoches transportées par le cheval. Il lui donna du pain et de la viande sèche. Ils s’assirent et commencèrent à parler de la direction qu’ils prenaient.
Alex commença en déroulant une carte de ce qui semblait être le monde ici :
- Bon, hier soir on est parti de Yrandas une cité côtière, dit il en désignant un point à l’est de la carte. Aujourd’hui on va essayer d’arriver jusqu’à Asphodie qui est la cité humaine la plus proche de nous.
- Pourquoi humaine ? Pourquoi une cité ?  Qu’est ce qu’on va faire là-bas ?
- Heu, il semblait débordé par les questions. Déjà humaine parce que nous ne savons pas encore ce que tu es, mais tu ressembles le plus à une humaine alors mieux vaut aller dans un endroit où on se fond dans le décor. Et certaines races sont plus hostiles que d’autres. Les humains ne sont pas très amicaux bien au contraire mais ils n’ont pas de gouvernement ou de monarchie qui prône le fait d’être une race supérieure. Ils acceptent tout le monde plus ou moins bien mais sans poser trop de question. Ce qui nous convient parfaitement. Ensuite une cité car pour l’instant on a eu de la chance de ne pas faire de mauvaises rencontres mais la chance pourrait tourner. Donc pour ne pas prendre de risque allons dans une cité où une loi, du moins une protection existe pour les habitants et les visiteurs. Tu as aussi besoin de nouveaux vêtements, dit-il en désignant la robe longue et large qui était devenue de blanche en grise et était en lambeaux. Elle couvrait du mieux qu'elle pouvait le corps de la jeune fille mais ça n’allait pas durer longtemps.
- Et nous devons faire des recherches sur toi, ce que tu es, d’où tu viens, t’es pouvoirs si tu en as etc…..
- Oui je comprends, donc on va repartir maintenant ?
- Oui si tu es prête et reposée, j’aimerais arriver avant la tombée de la nuit.
Elle acquiesça et il sella le cheval pendant qu'elle repliait les couvertures. Ils partirent quelques heures après le lever du soleil. Sur le chemin Any se posa des questions sur la magie et tout ce qui concernait Alex, qui était très mystérieux. Elle pesa le pour et le contre et se décida après de longues minutes de réflexion de lui demander des précisions :
- Dis moi, tu m’as parlé d’objets liés aux personnes, mais quel est ton objet ? Et le mien ?
Elle serrait un peu les dents car elle s’attendait à ce qu’il l’envoie balader. Mais il lui répondit d’une voie calme :
- Certaines personnes sont liées à des objets assez tard. C’est sûrement ton cas, dans le cas contraire on l’aurait su. Ton pouvoir se serait manifesté ainsi que ton objet. Et pour moi, je suis lié avec ce poignard.
Il désignait un fourreau où était rangée une arme à la poignée finement sculptée d’une tête de dragon et d’autres décorations.
Any était curieuse. Elle demanda :
- Comment est ton pouvoir ?
- Il est principalement destiné à augmenter ma vitesse et faire des attaques rapides et pour la plupart fatales. Je peux aussi le faire léviter. Une autre sorte de pouvoir ne me serait pas vraiment utile. J’ai besoin de quelque chose de discret et léger qui me permette de m’aider dans mes vols et autres…
Any fronça les sourcils sur le mot « autre », mais il interrompit la discussion :
- Tu auras besoin de nouveaux vêtements, tu as une idée de ce que tu veux ?
- Non pas vraiment je ne me souviens pas trop du genre de vêtements que je portais.
- Très bien, on verra donc là-bas.
Ainsi il coupait court à la discussion et Any n’osait pas couper le silence pesant qui était rythmé par le bruit des sabots sur la terre du cheval lancé au galop.
Ils traversaient un paysage plutôt vert. La plaine était remplacée par des collines vallonnées parsemées d’herbe et de fleurs de toutes sortes. Des rochers fusaient ça et là et de nombreux arbres projetaient leur ombre sur des ruisseaux et des buissons regorgeant de baies aux couleurs éclatantes. C’était un paysage magnifique, le climat était agréable, ni trop chaud ni trop humide. Il faisait bon et un petit vent faisait frémir les feuilles des arbres. Any laissa sa tête pencher en arrière et se laissa porter au gré du vent, une brise douce lui caressait le visage quand soudain un cri retentit. Any était si surprise qu'elle failli lâcher la taille d’Alex et tomber. Quant à lui, il avait conservé son calme et fronçait les sourcils tout en arrêtant le cheval. Celui-ci s’ébroua, fis quelque écarts, piaffa puis s’arrêta. Alex observait froidement autour de lui en faisant tourner le cheval sur lui-même. Il gardait sa main près de sa taille pour attraper son poignard à tout moment. Any le regardait, inquiète elle scrutait elle aussi le paysage par intervalles réguliers.

La Fille Sans PeupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant