Marraine de guerre

II - D'un soldat à sa mère

Le 28 janvier 1916.

Ma chère maman,

J'ai eu une agréable surprise ce matin lorsque l'on m'a apporté mon courrier. Une lettre d'une marraine de guerre se trouvait avec la tienne. Je fus bien surpris ! Je ne m'attendais pas à recevoir deux lettres et encore moins celle d'une marraine. Je ne me souviens pourtant pas avoir écrit à la Famille du Soldat... Tout ce que je sais d'elle est son nom et, grâce à l'adresse, la ville où elle habite. Elle s'appelle Eugénie et parle très bien. Elle a sûrement beaucoup étudié, comme ma chère Clémence.

Mais cessons de parler de cela.

Comment se passe la vie à l'arrière ? Papa m'a dit dans sa dernière lettre que tu t'occupais de la boulangerie seule désormais. Est-ce encore son ventre qui le fait souffrir ? Cela m'inquiète énormément...

Je tenais à te dire que je suis en sécurité maintenant. Cela fait plusieurs jours que les Boches n'ont pas bombardé nos positions. Nous avons relevé le 56ème bataillon de chasseurs à pied hier et nous devons continuer de renforcer nos défenses et d'aménager les tranchées convenablement.

Je dois d'ailleurs retourner au travail avant qu'Auguste ne s'énerve et me donne un coup de pelle. Embrasse chaleureusement tout le monde de ma part.

Je vous aime,

Louis.