En rentrant je me suis bien fait engueuler, heureusement mes parents rentraient tard et j'ai pu faire du chantage avec Mademoiselle Létyan (je sais que c'est pas bien, mais bon, pas le choix). Vu que j'étais sortie à cause d'elle car elle ne m'avait pas bien surveiller (en fait elle s'était carrément endormie) et que elle non plus ne voulais pas se faire enguirlander, je lui ai dit que je l'aiderais à faire le ménage et que en échange elle disait rien à mes parents, et je crois qu'elle n'avait pas trop envie qu'on lui réduise sa fiche de paye, donc elle a accepté. Au final je ne m'en sors pas trop mal, un peu de ménage, laver ma robe et hop, c'est fini. Demain je retourne voir Alice.
Je grimpe dans ma chambre et m'étale sur mon grand lit à baldaquin. Je fixe le lustre en cristal du plafond et pense à ma première journée seule dehors. C'était…c'était… génial ! En un jour je me fais une amie ! Trop bien, en plus elle a l'air de m'apprécier… Heureusement, parce que j'aimerais pas qu'elle retente se qu'elle a fait et la retrouver écrasée contre un rocher. Je me demande se qu'il se passe quand même, sa vie n'a pas l'air toute rose… Mais qu'est-ce que tu fais Nao ?! Je me tape les joues. Arrête de t'apitoyer sur son sort et aide la plus tôt ! Si sa vie est toute grise, alors à moi de la rendre toute rose ! (Ou bleu). Oui c'est ce que je vais faire, je vais lui embellir la vie et lui donner envie de rester !*
Je rejoins Alice tous les weekends pour jouer et en retour j'aide Mademoiselle Létyan au ménage, il ne faut pas que mes parents apprennent notre petit marché… Aujourd'hui Alice a dit qu'elle avait une surprise, il faut vraiment que moi aussi je lui en trouve une parce que ça commence à faire beaucoup. Je la retrouve sur le vieux pont, le lieu de notre rencontre.
"Salut, alors t'as bien mit des baskets ? me demande-t-elle.
-Ouais t'inquiètes ; je lui montre mes belles baskets.
-Woua, elles coûtent cher celle là, non ? elle fixe mes chaussures ébahi.
-Eu… non je les aient eu beaucoup moins cher grâce à des bons de réductions.
-La chance, j'aimerais bien avoir des baskets comme ça moi aussi."
En effet, je regarde ses chaussures elles sont toutes défoncées et donne l'impression d'avoir subi une guerre mondiale, on voit que la semelle a été recollé plusieurs fois, d'ailleurs il en manque des bouts, et le tissu est tout décoloré, sans parler des lacets dépareillés…
"Elles sont passées par mes 3 frères et maintenant c'est mon tour donc elles sont un peu abîmées ; fait-elle en regardant ses pieds."
Je suis bouche-bée, moi qui suis fille unique et qui ai se que je veux, je n'imaginais pas que des gens allaient jusque là pour économiser de l'argent.
"Bon, on y va ? me dit-elle impassiante.
-Va y, je te suis."
Nous entamons une randonnée dans un chemin que je ne connais absolument pas mais elle si, et même par cœur j'ai impression. En tout cas la seule chose que je peux dire c'est que ça monte vachement dit donc.
Au bout de 1h de marche elle me dit de fermer les yeux puis elle me prend par la main et m'emmène je ne sais où. Je dois résister par plusieurs fois pour ne pas regarder.
"Et voilà ! Tu peux ouvrir les yeux ; me dit-elle d'un air enjoué."
J'ouvre les yeux.
"-Whooaa !"
Nous sommes au sommet d'une falaise, plus loin au bord se trouve une petite maison en bois, elle est trop mignonne.
"Trop bien ! Y a des gens dedans ? demandais-je.
-Non je crois pas vu l'énorme trou dans le mur.
-Viens on entre."
J'entre la première par l'entrée improvisée dans le mur en vérifiant bien que Alice me suis, c'est un peu flippant quand même… Il y a des planches cassées, et de nombreuses toiles d'araignées avec une énorme couche de poussière au sol.
"Si sa se trouve c'est la cabane de Jack Éventreur ; dit Alice avec un air sombre.
-C'est pas possible ; dis-je pas rassurée.
-Si, regarde en plus y a un couteau là et des fleurs fanées, ça veut dire que y avait quelqu'un ; continu-t-elle.
-Arrête tu me fais peur… ; je commence à jeter des coups d'œil autour de moi à la recherche de quelques bruits suspects ou yeux injectées de sang.
-Mais si, il va sortir de derrière un mur et t'égorger ; elle fait genre d'arriver vers moi pour me trancher la gorge.
- T...tu raconte importe quoi ; dis-je paniquée.
-Mais non, il peut vraiment surgir à tout moments."
Elle continu sur sa lancée en me faisant flipper de plus en plus.
"Et si ça se trouve y a des fantômes même ; elle ouvre la bouche en grand et l'imite ; Ooouuuu…"
Je reste un moment sans bouger et me colle contre elle d'un coup.
"Me lâche paaaas !" Je la supplie d'une voie tremblante en jetant des coups d'œil furtifs autour de moi. D'un coup il t'a un grand bruit et je hurle avant de me précipiter en dehors de cette cabane d'horreur. Je vois Alice sortir en pourtant de rire.
"Mais enfin Nao, c'était une blague, y a pas de fantômes ni rien là dedans ; elle ne peut plus s'arrêter de rire.
-Mais…et-et le bruit, c'était quoi ? demandais-je tremblante de peur.
-C'est juste une casserole qui est tombée ; dit-elle en m'ébouriffant la tête toujours en gloussant ; Tu as vraiment cru à mes histoires ?
-Hmmm… ; je ne répond pas.
- T'es vachement naïve en fait ; dit-elle en gloussant."
Je boude et croise les bras, c'est pas cool, j'ai vraiment eu peur moi.
"Oooh… Fais pas la tête p'tite libellule, c'était une blague ; elle s'approche et me fait un câlin."
On reste un moment là jusqu'à ce que je me décide à ressourir et l'assayer de guilis mortels, puis on reste étalées côtes à côtes comme deux débiles à regarder les nuages.
"Tu sais Nao, je me sens bien avec toi, t'es la personne la plus gentille et sympa que j'ai jamais rencontré ; lâche Alice en souriant.
-Moi aussi."
On ne dit plus rien jusqu'à se que Alice se relève.
"Bon aller, on y retourne ?
-… Tu me jure que y a rien ni personne dans cette cabane ? dis-je en hésitant.
-Mais oui, juré. Aller viens."
Je la suis après quelques secondes d'hésitation et retourne dans la maison. Je visite quand soudain je me retourne et Alice n'est plus derrière moi.
"Alice ? -pas de réponse…- Hé ho, tu es où ?"
Je la cherche mais ne la trouve pas, je recommence à paniquer. Soudain je la vois sortir de derrière un mur, je sursaute.
"Nao ! Viens voir, j'ai trouvé un balcon."
Je la suis en me calmant.
"Qu'est-ce qu'y a ?
-Regarde."
Nous débouchons sur un balcon au dessus du vide, je regarde d'abord devant moi et vois le magnifique paysage de la mer, la plage, la forêt… J'ai l'impression d'être une petite fourmi.
"Trop beau ! C'est génial !
-T'as vu ?
-Ouais mais y faut que je te rende la pareil parce que ça fait beaucoup de surprises que tu me fait là ; dis-je en lui ébouriffant les cheveux.
-Mais non, pas besoin ; fait-elle timidement.
-Mais si, mais si."
Elle ne répond pas et laisse quelques minutes de silence avant de reprendre.
"Viens on s'avance, on va voir.
-Eu… bof, j'ai pas trop envie ; dis-je en évitant de regarder en bas."
Ce que je n'ai pas dit c'est que, c'est étrange mais, quand je regarde par exemple le sol depuis la dernière fenêtre de la maison et ba sa me fait bizarre, j'ai la tête qui tourne et j'ai mal au ventre. Sa me fait ça à chaque fois que je suis en hauteur et que je regarde en bas. J'espère que c'est pas une maladie que j'ai attrapé, sinon je vais me faire fâcher.
"Aller, viens s'il te plaît ; me supplie-t-elle.
-Mais…
-S'il te plaît…"
Je ne peux pas résister, elle me regarde avec sa petite bouille toute tristounette. Je cède et avance d'un pas hésitant en agrippant la main de Alice.
"Tu as peur ? me demande-t-elle.
-Eu… je crois bien… ; dis-je un peu honteuse.
-T'inquiète, je te tiens, et t'as pas à être gênée, je me moquerais pas ; me rassure-t-elle gentillement.
-Merci…"
On avance tout doucement et on s'approche de la rambarde, Alice se penche et regarde.
"Whoaaa, c'est vachement haut dit donc.
-A bon ? Y a genre combien de mètres tu dirais ?
-Ba t'as cas regarder. Oups, désolée... ; fait Alice gênée par la maladresse de ses mots ; Il doit bien y avoir 200 mètres.
-Ah ouais, quand même, ça fait haut.
-Attend, y a un truc en bas."
Elle plise les yeux et se penche de plus en plus pour voir.
"Hé ! Fais attention quand même, tombe pas.
-Ouais, t'inquiètes."
Elle reste à observer un moment et puis d'un coup elle s'appuie sur la rembarde et tend la main.
"Un papillon !"
Mais elle a pris trop d'élan, et avec la fragilité du bois, la rembarde cède.
"Hé ! Attention !"
Elle tombe dans le vide, propulsée par son excitation pour le pauvre papillon. Tout se passe très vite, elle tombe. Elle va s'écraser au sol, à plus de 200 mètres de haut ! Elle va mourrir ! Non ! Je ne veux pas qu'elle meure ! Je l'aime trop pour ça ! Et pourtant elle est là, juste devant moi entrain de sombrer dans le vide… comme un papillon.
"Alice !"
Je me précipite et par une force et un réflexe que je ne pensais pas avoir j'arrive à l'attraper par la main. Bête erreur de ma part, je suis entraînée moi aussi.
"Nao ! Lâche moi ! cris-t-elle paniquée."
Non, impossible, je ne la lâcherai pas. Je la serre encore plus. Je suis entrain de glisser, sur le ventre, entraînée par Alice qui pend au bout de ma main. J'ai la moitié du corps dans le vide au moment où j'arrive à coincer mes pieds entre deux bouts du plancher, je m'arrête enfin et pousse un gros "Ouf…".
Sauf que je réalise que je dois encore remonter Alice… Et je n'en suis absolument pas capable… J'ai autant de muscle qu'une planche de bois, alors ça va être impossible. Pourtant je tiens, je ne la lâcherai pas, pas elle, elle est tout pour moi, je l'adore, si elle meurt, je meurt aussi, quand elle va pas bien, je la console, quand elle sourit, je sourit aussi. Je n'ose pas regarder en bas, je ferme les yeux comme si ma vie en dépendait. Mais je peux imaginer le vide sous moi, la hauteur qui sépare mon petit corps des grands arbres en dessous, je peux imaginer mon corps tomber, le sol se rapprocher petit à petit de l'immense sapin vert où je finirais ma vie empalée sur une branche à me vider de mon sang... J'utilise toute mes forces pour ne pas la lâcher, j'essaye de la remonter, en vain.
"Nao… ; me dit-elle la voie tremblante ;
…J'ai peur."
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Le cimetière des papillons
RomanceDans son enfance, lors d'une de ses rares escapades, Nao, une jeune fille malade mais pleine de vie, a rencontré une personne qui allait changer toute sa vie : Alice. Mais contrairement à elle, celle-ci est désespérée et prette à se jeter d'un pont...