Samedi

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Le soleil se lève ou plutôt est déjà levé et moi j'ouvre le yeux doucement, ma sœur dort encore à poings fermés et mon père lui est debout depuis un moment, il est sûrement entrain de se désaltérer de la plus mauvaise manière qu'il soit. Une nouvelle journée je prépare et moi je fais de même, je motive mes esprits, je tente de rester positive et ce peu importe ce qui m'attend aujourd'hui. 

La vie chez mon père n'est pas des plus folles. Vivre dans un petit village, loin de tout avec pour seuls amis son père, sa sœur et des animaux alentours c'est pas forcément chouette, d'autant plus que le reste des habitants semble tordus, dérangés mais dans le sens d'inquiétant alors pas question d'aller à la découverte de nouveaux horizons avec en prime une petite sœur. 

L'après-midi pointe le bout de son nez, ma sœur s'ennuie, mon père dort un verre à la main, je glisse un regard à la rue déserte dehors et le vent sifflant m'appelle alors n'écoutant que mon cœur je suivis la voix du vent. La main de ma sœur dans la mienne je l'entraînais sur la place de l'église, juste en face de la maison, là nous jouions sans voir le temps passer. Je m'octroyais de temps en temps un moment rien qu'à moi, ne perdant pas de vu ma cadette. Je fermais les yeux, prenant plaisir à me faire bercer par le chant des oiseaux, la grâce de leur voix et l'émotion qu'ils procurent. De temps à autre, les rossignols chantaient, me donnant l'impression parfois de vouloir discuter avec moi. C'est grâce à ces oiseaux que je pus me sortir de la tornade dans laquelle j'étais prise au piège. 

Se libérer de la manière la plus sincère qui soit. En mettant mes émotions au plus profond de mon cœur pour leur permettre d'exploser en millions de papillons, qui prendront leur envol, volant vers la liberté de vivre leur vie le plus simplement possible, déployant leur ailes face au soleil. Chanter face aux étoiles si bienveillantes ou dans l'air frais d'une belle journée de printemps, vidant mon esprit du nuage noir qui l'empêche de respirer et de grandir. Chanter des chansons dans lesquelles je peux mettre toute mes larmes et mon histoire pour mieux faire vivre les paroles. Chanter pour purifier mon cœur et m'aider à avancer, à survivre. 

La nuit tombe, ma valise devant moi je me noie dans mes pensées et je m'interroge sur comment mon père en est arrivée là, comment je fais pour si bien tenir. Je me souviens des fois où il venait me chercher à l'école, mais d'une fois en particulier qui m'a beaucoup marqué. Il était malade, il était venu nous chercher ma sœur et moi à l'école et dans la voiture il a vomi. En y repensant, des années après cela je me demande si il avait bu mais je sais aussi que c'est un bon père et il n'aurait pas mis la vie de ses filles en danger d'une façon ou d'une autre. 

Le rossignol dans un verreWhere stories live. Discover now