Le trône de l'amerthume

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- Gilderoy ! Reviens !!

Le fol dinguo* était déjà parti en direction d'un autre couloir, situé non loin de l'escalier précédemment gravi.

- Halte là ! Gilderoy ! En arrière !

- Laissez moi passer, je dois parler au comte de toute urgence ! 

Le robuste spécimen réussit à se frayer un chemin jusqu'à la porte et ce ne sont pas les gardes qui réussirent à le stopper.

- Monseigneur ! Je dois vous parler de toute urgence !

Alors que régnait jusque là un silence plombant, les occupants de la salle prestigieuse se retournèrent d'un coup pour observer le mystérieux intrus.


- Gilderoy ?

- Comte Argon, je dois vous parler au plus vite ! 

Le bienheureux régent jouissait du plaisir d'un bon massage de pied, assuré par une servante du château. Il était assis sur son trône en pierre orné d'une croix catholique doublée d'une tête d'hippocampe.

- Cela devra attendre. ET DE QUEL DROIT ENTRES TU DANS L'ENCEINTE DE MON INTIMITÉ ?!!

Le ton adopté par le comte, calma expressément Gilderoy qui se sentit confus et idiot. Les soldats ne tardirent pas à rejoindre le fol homme et à le maintenir en respect.

- Je vous en conjure, monseigneur, il s'agit de mon fils. Laissez lui une chance d'intégrer le bataillon des sentinelles ! Je sais qu'il y a un sous effectif ! 

- Assez. Qu'il sorte !

- Le comté est menacé ! Vous ne pouvez ignorer les menaces du duché voisin ! D'ailleurs le Duc de Touraine connait notre point faible ! Vous ne pouvez pas refuser ! Faites le pour Grandflots !

Le régent fit signe à ses gardes de le laisser finir et de cesser l'évacuation de l'intrus. Avec son regard sévère, accompagné de ses yeux verts perçants, il lança à Gilderoy :

- Et quelle solution as tu ? J'ai déjà demandé des renforts au duc de Burgonde, et nous sommes encore sans nouvelles ! Un soldat de plus de nous servirait à rien !

- Il nous faut gagner en force ! Nos soldats n'ont que trop rarement combattu et leur expérience au combat est médiocre ! Entraînons les soldats la forêt Assassine ! Les simples exercices ne peuvent suffire ! 

- A quoi bon si nos soldats périssent avant même le combat ?

- Dans tous les cas, nous devons être confrontés à la mort. Je vais me rendre moi même chez le duc de Burgonde. Pendant ce temps, que les hommes âgés de seize ans ou plus s'entraînent TOUS. C'est un mal nécessaire, monseigneur.

- C'est complètement insensé.

- Mettez moi aux fers si vous le souhaitez pour vous avoir tenu tête, mais au fond, je sais que vous prendrez la bonne décision. Souhaiteriez vous voir votre épouse périr de la main de la Touraine ? Ou de quiconque d'autre ? Alors il nous faut prendre les armes ! 

- Lors de notre dernier conseil, tu as pu savoir que nous avions déjà des catapultes et une forteresse résistante. L'ennemi n'aura pas le cran de l'assaillir.

- Nous mourrons alors de faim s'il nous assiège.

- Nous ferons des réserves. Je ne souhaite pas envoyer mes hommes au ciel inutilement. C'est perdu d'avance. S'il te semble juste d'aller parler au duc, à ta guise. Mais ne me demande pas de sacrifier mes soldats. Ton fils, fais en ce qu'il te sied*, je préviendrai le bataillon sentinelle qu'une nouvelle recrue arrive.

- Je vous remercie, monseigneur.

- Tu peux disposer maintenant.

Gilderoy vaqua dépité, car Argon était à ses yeux lâche et naïf. Après avoir franchi la porte de la salle du comte, il fit face à Auréline, et ... à son fils, qui avait tout entendu.

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*fou

*te sied : te convient, t'en convient, ce que tu veux

Par l'acier, par les motsWhere stories live. Discover now