Chapitre I

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* De nos jours *

La douleur la tiraillait, se mordant les lèvres à sang pour ne pas hurler de douleur, le sujet Phoenix haletait. A genoux sur le sol froid, les bras tirés en arrière pour ne lui permettre aucun mouvement, elle sentit une nouvelle et vive sensation dans le bras, elle ne put retenir un hurlement de douleur, la panoplie d'aiguilles enfoncées dans ses membres injectaient une nouvelle formule de mutation.

Quelle formule encore ? Le sujet Phoenix ne s'en préoccupait pas, elle souhaitait juste la fin, la fin de cette souffrance permanente. Elle hurlait, encore et encore tirant sur ses chaines, essayant de se libérer en vain. Elle reçu une décharge électrique, le sujet Phoenix le savait parfaitement, si elle tentait de se débattre, elle serait punie. Mais à quoi bon.. Leur traitement était tout aussi douloureux.

Meurtri, elle se laissa manipuler pour être ramenée dans sa camisole, se sentant planer sur un nuage, elle fixa le plafond et regarda les lumières blanches qui longeaient le couloir qui l'emmenait dans sa cellule. Sans ménagement, le sujet Phoenix fut balancé dans sa cellule, son visage percuta le sol froid du béton grisonnant, elle sentit un liquide chaud couler de son nez, elle saignait, encore. La porte se referma dans un claquement sourd et elle s'évanouit à même le sol.


* 12 ans plus tôt *

Anja jouait tranquillement dans son jardin avec le chien de la famille. C'était une petite fille remarquable, du haut de ses cinq ans son intelligence et sa malice étaient sans précédent. Brune aux yeux argent, elle faisait la fierté et la joie de ses parents. Les voisins du village étaient toujours autant intrigués par le mystère de ses yeux. Gris argent, des yeux que l'on a jamais vu. Elle avait même suscité la convoitise de beaucoup d'ophtalmologues, mais on ne su jamais pourquoi, il eut été décidé que c'était un chromosome du daltonisme.

Une grande dame aux cheveux châtains clair et aux yeux bleus sortit de la maison.

- Anja ! Viens ma chérie, il est temps de passer à table.

- J'arrive maman ! cria la petite fille aux yeux argentés.

La jeune femme entra à nouveau dans la maison. Anja lança une dernière fois la balle à son chien, celui-ci couru après mais cette dernière alla trop vite et stoppa sa course au milieu de la rue. Le jeune chien, inconscient du danger, couru jusqu'à la balle et se fit percuter par une voiture. Avec effroi, Anja vit son chien voler dans les airs et retomber sur le sol, inerte. Hurlant, elle couru jusqu'à lui et le secoua.

- Réveille toi Blacky ! hurla-t-elle. Réveille toi !

Sa maman sorti en courant de la maison et hurla après son mari qui accourut aussitôt. Prenant Anja dans les bras, le père de famille tenta d'éloigner sa petite fille et de la calmer, la voir dans cet état lui déchirait le cœur, sa femme s'était agenouillée aux côtés du chien et pleurait à chaude larmes. Le conducteur tentait de se confondre en excuses, qu'il ne l'avait pas vu arriver, que c'était un accident.

- Non, tu l'as tué, hurla la petite Anja. Tu as tué Blacky et je vais te tuer !!

- Anja calme toi ma chérie, s'exclama son père en tentant désespérément de la retenir.

Mais la petite n'en avait que faire, cet homme avait tué son chien, elle voulait le frapper, lui rouler dessus, lui jeter tout ce qu'elle pouvait attraper, elle voulait aussi sa mort.

Anja regarda l'homme droit dans les yeux et le visage de ce dernier se figea de terreur, on aurait dit que le temps était comme suspendu. Il se passa quelque chose d'étrange, d'inhumain. Les yeux de Anja se mirent à se modifier, ses iris se dédoublèrent et au lieu d'en avoir un dans chaque œil, elle en avait deux l'un à côté de l'autre. La petite fille fixa en silence le bourreau de son chien et le monde explosa en milles fracas.

Lorsque le temps reprit son court, il ne restait plus grand chose de l'homme, il était passé de l'état de glace à l'état de feu et disparaissait dans la poussière. Sur la voiture, restait sa marque, comme si son ombre s'était accrochée à jamais sur la portière. La mère de Anja fixa sa fille et se mit à hurler qu'elle était un monstre, son père la relâcha aussitôt, la petite fille tomba lourdement sur le sol et fixa ses parents. Ses yeux étaient à nouveaux normaux mais ses parents avaient vu qui elle était et Anja venait de découvrir qu'elle n'était pas humaine. Elle venait de découvrir à l'instant, qu'elle était une mutante...


* De nos jours *

Le sujet Phoenix se trouvait dans une grande cage en verre au milieu des grottes, c'était la première fois qu'elle était libre de ses mouvements depuis des mois. Les derniers tests avaient révélés une certaine puissance dans sa mutation et aucun scientifique ne voulaient la voir s'échapper, elle vivait dans sa cellule constamment attachée au sol, les bras fixés en arrière et les genoux collés sur le béton glacial. Sans cette possibilité de mouvement, il lui était totalement impossible de pouvoir bouger. Tant d'années à être un cobaye pour la science, un rat de laboratoire, elle avait fini par perdre le fil, elle avait fini par en oublier son prénom.

Le sujet Phoenix entendit un craquement sonore, on avait actionné le haut parleur.

- Sujet Phoenix, simulation virtuelle dans 10 secondes. Tâchez de vous contenir.

Le micro se coupa, elle n'avait plus le droit de se servir de ses pouvoirs, elle avait trop été malmenée, son corps ne supportait plus. Sa dernière injection avait valut une trentaine de mort, la destruction de la moitié des laboratoires et l'effondrement du bâtiment principal. A présent, si un des pouvoirs venaient à se manifester, elle en payerait le prix. Il lui était interdit de s'en servir afin de protéger la civilisation, les simulations servaient uniquement à lui apprendre à se contenir et à subir en silence les douleurs qui lui étaient infligés. Une habitude, un quotidien. Elle pourrait s'enfuir, mais pour aller où ? Prendre le risque de ne pas savoir se contenir dans la vraie vie et tuer des innocents ? Elle préférait encore rester ici et subir les conséquences des laboratoires et de la science plutôt que risquer la vie de pauvres innocents.

Le micro parleur craquela à nouveau.

- Sujet Phoenix, simulation.

Les vitres transparentes firent place à un chaos total, elle se retrouva assise sur une chaise, enchaînée par des câbles électrique. Des malfrats virtuels s'en prenaient à elle, les simulations ne pouvaient pas tuer, mais elles pouvaient rendre ce moment extrêmement douloureux et pénible. Le sujet Phoenix se mit à subir les chocs électriques en silence. Pas de pouvoir, pensa-t-elle, surtout pas de pouvoir. La torture dura une éternité, mais elle y parvint, rien ne s'était enclenché, aucun pouvoir n'avait fait surface pour se défendre.

La simulation se coupa, elle s'effondra sur le sol, épuisée et le corps totalement endoloris. On la ramena dans sa cellule, on l'attacha sans ménagement, elle s'écorcha les genoux sur le sol et on lui tira les bras en arrière violemment, elle ne se débattit même pas. Elle fixa les hommes qui ricanèrent, elle les fusilla du regard et reçu un coup violent derrière la tête. Silencieusement, elle sombra dans le noir.

Sujet PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant