Alter égo

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Elle observait les astres comme elle aimait tant le faire. Son coeur s'envolait de lui-même, les rejoignait, et se complaisait à danser avec eux. Elle pensait à lui. Ce garçon dont elle ignorait tout, jusqu'au nom. Elle se disait, encore et encore, que lui aussi devait être là, à tenir dans ces doigts sa cigarette, la tête inclinée vers le ciel. Lui aussi la cherchait, ressentait cette douce frénésie que lui apportait de telle nuits. Car oui, quelque part, se trouvait cet être, qui tout comme elle se sentait à part. Incomplet. Il n'y avait pas là le désespoir d'être sauvé, dans ses pensées, juste l'envie, le désir même, de rencontrer enfin celui qui, en fumant, regarder les étoiles.

Elle l'imaginait parfois à sa fenêtre, nonchalamment courbées, yeux songeurs. D'autres fois, elle se plaisait à le voir entouré, beaucoup, trop même. Des proches, des inconnus, des personnes aimantes. Bruyantes, peut-être trop ? Elles lui apportent toutes tellement de bonheur, et pourtant. Et pourtant ? Quelque chose, un sentiment, non pas de vide ou de tristesse, mais de manque. Lui aussi devait ressentir cette désagréable sensation, ce trou béant dans sa poitrine, cette aspiration à tellement plus, créé par quelqu'un dont il ne pouvait certifier l'existence. Alors oui, elle s'asseyait à sa fenêtre, les bras recroquevillés sur ses jambes, une cigarette à la bouche et s'imaginait que lui aussi mourrait de son absence. Et alors, elle aimait penser, presque malicieusement, « trouve-moi ». 

Tumultueuses penséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant