Elles s'éloignèrent et, faisant le tour des coulisses, arrivèrent jusqu'aux escalier de service. D'un regard entendu, Anita s'engagea dans le vieil escalier en colimaçon grinçant. Elle qui rêvait d'aventure, cette histoire de poupées disparues, de poupée détruite derrière une porte cachée émoustillait cette soif d'action qui la rongeait.
L'escalier donnait sur étage qui ressemblait plus à un long et large couloir, dont les portes entrouvertes révélaient costumes, paperasses ou encore produits ménagers. Toute sauf une. Une porte restait résolument close. Celle tout au fond du couloir. Cette porte était un peu différente des autres. Plus abimée, plus vieillie, le genre de porte qui donne sur un grenier.
- Anita, il n'y a rien ici. Il vaut mieux redescendre.
La voix de Karen fut remplacée par celle de Marguerite, qui venait de poser le pied sur le palier.
- Il y a les anciens bureaux, ceux du directeur avant que le théâtre n'arrête de fonctionner, qu'on peut aller voir. Ils sont censés être fermés au public et condamnés mais Jo dit qu'elle peut défoncer la porte et qu'elle n'en a rien à faire du panneau.
Anita se résigna et suivit les deux femmes. Johanne les attendait en bas, et d'un signe de la main, leur fit signe de la suivre.
Les anciens bureaux portaient merveilleusement bien leur qualificatif d'« ancien ». Derrière la porte arborant la mention « interdit au public », pourtant déverrouillée, au fond du théâtre, elles s'enfoncèrent jusqu'au bout de ce qui semblait être désormais un débarras poussiéreux.
Les deux portes du fond donnaient accès à deux pièces : des archives par centaines, qui n'avait jamais dû être triées et dataient de la construction du bâtiment sur des marais, et une zone du bureau poussiéreuse dont le principal était celui du directeur.
Ces dames se décidèrent pour l'exploration des bureaux. Lorsque la porte s'ouvrit, c'est un paysage de désolation qui leur fit face. Des machines à écrire recouvertes de quatre-vingt ans de poussière s'alignaient sur quatre bureaux. Documents, stylos, tous semblaient être resté tel depuis que la porte avait été claquée. Karen s'avança vers la porte du bureau principal. Peut-être avait-elle été fermée un jour, toujours est-il que la simple poussée fit sauter le bois du cadre et permis l'accès.
Un frisson secoua chacune des femmes à la vue de l'intérieur. Une longue vitrine s'étalait sur deux étage tout le long d'un mur. Ce n'était nullement des trophées ou encore quelques souvenirs de pièces qui s'y étalait. C'était des poupées. Des poupée pendues, poignardées, ...
C'est tremblantes qu'elles entrèrent à l'intérieur du bureau. Les tiroirs du bureau de chêne ne contenaient que factures, contrats... Rien d'intéressant. Elles s'apprêtaient à sortir lorsque le pied de Marguerite fit grincer une latte du parquet, juste à côté du bureau. Elle se pencha et en suivi les contours du doigt dans la poussière avant d'appuyer sur l'une des extrémités. La latte se souleva, révélant une boite en bois, comme les boites au trésor des enfants.
- Une seconde !
Les trois femmes se retournèrent pour voir Marguerite sortir la boite brune et la poser sur le bureau. A l'intérieur, un carnet, une clé et un mince paquet de photos. Johanne empoigna la clé tandis qu'Anita et Karen se partageaient les photos. Deux nones en compagnie d'enfant sous les toits, un petit garçon au cheveux blonds et aux yeux claire tenant une poupée lui ressemblant en tout point... Marguerite ouvrit le petit carnet et observa une série de dates se suivant au fil des pages. Toutes couleurs quittèrent son visage et elle se pencha afin d'attraper une corbeille de métal rouillé et y vida son estomac. Karen, près d'elle saisi le journal et fit des allers retours rapides entre l'imposante écriture et les photos qu'elle tenait entre les mains, avant d'arracher la clé des mains de Johanne et de courir dans le couloir, suivie de ses comparses.
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L'Affaire Vitassier et autres nouvelles
Historia CortaJeanne Beauvais, enquêtrice parisienne, reçoit une mystérieuse lettre annonçant le mariage d'une amie d'enfance qui sombrerait lentement dans la folie. Flairant le coup monté, Jeanne se rend au manoir des Vitassier, accompagnée d'Irène, sa secrétair...